Beaucoup d’évènements à suivre le WE dernier en athlétisme.
Entre les championnats de France de cross country, le semi-marathon de Paris et les championnats d’Europe en salle, de quoi en prendre pleins les yeux !
Avant de vous parler des France de cross au travers des récits des athlètes i-run, nous revenons sur les championnats à Göteborg. Mathieu nous fait ici un beau résumé du WE !
Et 9 médailles au total ce qui fait un beau ciel étoilé pour l’athlétisme français! Et on aime voir le bonheur éclairer les visages de nos athlètes en bleu.
Le 1er jour, on a attendu jusqu’à la dernière seconde du 800m du pentathlon pour voir Antoinette Nana Djimou décrocher le titre européen (son 2è!). Et dans l’athlé, on aime voir ça, quelqu’un qui va au bout de l’effort. Rien n’était gagné au départ de ce 800m où Antoinette se devait de terminer à moins de 6s de la bélarusse Yana Maksimava. Et la française n’aime pas cette épreuve, pourtant c’est de là qu’allait se jouait bonheur ou déception. Dans un rush final au dernier tour, elle était en retard sur la ligne de… 5s78 ! On pouvait enfin la voir sourire ! Elle qui, après un saut en hauteur raté, réalisait de beaux concours. Mais toujours les sourcils froncés, toujours inquiète. C’est une « Nana » émotive, qui a cru jusqu’au bout en son titre , et ne se sentira libérée qu’à la fin !
Dans la foulée et malgré les obstacles, Pascal Martinot-Lagarde obtenait une brillante médaille de bronze sur le 60m haies. Son parcours en série laissait présager une médaille, mais on sait trop combien les obstacles peuvent être capricieux. La moindre touche peut vous faire perdre tout espoir. Ses chronos en séries étaient bons, on sentait une volonté d’ouvrir son compteur de médailles chez les « grands ». Avec ses 1m90, il en a le gabarit, encore faut-il pouvoir l’exploiter en salle avec un premier obstacle si proche et un sprint si court. En finale, cette première haie heurtée lui a sans doute coûté du temps, quelques grains de sables sur la ligne… Mais ses 7″53 (record égalé) laisse l’espoir de partir sur une saison estivale avec une progression quasi certaine. Son entraîneur Patricia Girard , spécialiste française des haies, doit avoir confiance ! Le russe Subenkov est en 7″49, et l’italien Dal Molin en 7″51, tout près… Yves Niaré , décédé dans un accident de voiture, était aussi tout près , son nom inscrit sur le bras de Pascal.
Deuxième journée et deuxième titre pour les bleus! Jimmy Vicaut est devenu le boss du 60m en Europe! On le savait en forme au vu des ses précédents meetings, avec des performances de niveau mondiales. Seulement, le 60m est trop bref pour avoir trop d’assurance sur le résultat final. Sa première série fut tranquille. On voyait bien que Jimmy était dans le coup, serein sur ses qualités. Mais la demi finale, où il n’est « que » second, lui rappelle qu’il va falloir se surpasser et ne point manquer le départ, très déterminant sur 60m. On voulait le voir lever les bras, lui qui pour le moment restait dans l’ombre de Christophe Lemaître. Le départ en finale fut bon, c’est le moment d’aller chercher son titre! Sauf que le britannique James Dasaolu était bien présent, sur la même ligne… et jusqu’au bout! En cassant sur la ligne, on pressent la victoire pour Jimmy… Finalement, les deux sprinteurs ne seront départagés qu’au millième! 6″48 pour le français, record personnel, meilleure performance mondiale! Quel bonheur! Vivement la période estivale pour le voir à son tour franchir les 10s sur 100m. Il semble en avoir les moyens, sa technique est plus propre et maîtrisée, l’élève (21 ans seulement) de Guy Ontanon est en progrès. Emmanuel Biron a réussi lui aussi à se hisser en finale! Il finira 8è dans un temps de 6″63 très correct.
Pendant ce temps là, Eloyse Lesueur enchaînait les sauts sur la longueur. Au final, ce sera notre 2è médaille du jour, en argent ! Rien à dire, la française montre une belle régularité. Chacun de ses sauts mesurés est réussi. 6m85, 6m87 puis 6m90! Record de France indoor ! Il n’y aura devant elle que la russe Darya Klishina auteur d’un 1er saut de très haut niveau à 7m01. Derrière, la française a bien tenté de réduire cet écart, en espérant le combler. Sans doute dans les toutes meilleurs mondiales au vu de la qualité de ses concours ! En sachant que la marque des 6m80, qu’elle franchit régulièrement, lui vaut à coup sûr une place dans toutes les finales. La moisson de médaille, on l’espère, ne fait que commencer !
Le dernier jour fut royal! La couleur des maillots bleus se confondait avec celle de la piste de Göteborg. Kevin Mayer , l’air de rien, réalisait une superbe remontée sur le pentathlon. A l’amorce du 1000m, il touchait à sa première médaille chez les grands. Après de très beaux concours, le jeune français de 21 ans alignait les records personnels! Il ne lui manquait plus qu’à concrétiser… Si le premier était hors de portée, l’argent n’était pas assuré. Pour y parvenir, c’est son compatriote Jérémy Lelièvre qui lui a prêté main forte, si bien que nos bleus ont franchi la ligne 1er et 2nd! Jérémy, avec un zéro à la perche, avait perdu tout espoir. Son dévouement pour Kevin fut exemplaire, car ce dernier bat au passage, avec 6297 pts, le record de France espoir qu’il détenait lui-même!
Autre duo français, cette fois-ci sur le 1500m. On n’attendait pas forcément en début de saison un Mahiedine Mekhissi sur cette épreuve, ni un Simon Denissel. Et pourtant, les voici tous les deux en finale, avec un Mahiedine taille patron depuis les séries. Cette fois-ci, pas de course tactique, le turque (ex-kenyan) Ilham Tanui Ozbilen allait prendre d’entrée les devants. Le rythme étirait le peloton ce qui permettait aux coureurs de se placer sans trop de bousculades. Mahiedine lui emboîtait le pas avec sa longue foulée puissante, tandis que Simon se situait en milieu de groupe. Un léger ralentissement en milieu de course eut pour effet de resserrer les écarts. Tout le monde revenait à hauteur. Simon sortit vite des pattes de ses adversaires pour éviter la chute, il préféra remonter, le voici en seconde position! Mahiedine, un peu pris dans la trafic, ne voulait pas rester là et se replaça en 3è position. Le turque redonnait un gros rythme. Dans l’emballage, seuls les deux français restaient dans sa roue! Tous visages crispés, le sprint était lancé! Dans les derniers 50m, Mahiedine parvenait à se glisser à la corde que le turque avait fait l’erreur de laisser libre, tournant la tête du mauvais côté et voyant peu après le français couper la ligne devant lui! Quel gagneur!! Il signe un chrono de 3’37″17, alors que Simon juste derrière eux, savourant sa 3è place, réussissait un superbe 3’37″70! Que d’émotions!
Juste après, retour sur le sprint. Myriam Soumaré était en finale du 60m. Impressionnante en série avec un très beau chrono de 7″07 (record personnel), elle se glissait dans la peau d’une favorite alors qu’elle ne l’était pas avant ces championnats, affichant un 7″20. Pourtant la forme semblait être présente cet hiver car elle alignait les belles performances sur le 200m. Là, c’était encore autre chose. Mais son départ réussi la propulsait à hauteur de ses plus féroces adversaires. Sur la ligne, c’est le quasi ex-aequo pour trois femmes! En 7″11, Myriam monte sur la 3è marche à seulement un centième de la bulgare Tezdzhan Naimova ! Et une médaille de plus pour elle! On attend avec impatience la saison estivale…
Et puis, pour à la fois conclure en beauté et en larmes, le titre de Renaud Lavillenie à la perche… En beauté, car la maîtrise et la domination de français fut sans partage. Tous ses essais jusqu’aux superbes 6m01 furent passés à la première tentative ! Son rival allemand, Bjorn Ottö , ne pointait qu’à 5m76 ! On voulait alors voir s’envoler Renaud le plus haut possible. On voulait le voir commencer à grimper l’échelle qui le conduit jusqu’au géant Sergueï Bubka. Il est champion d’Europe depuis longtemps maintenant. La barre à 6m07 fut cruelle pour lui. Elle aurait sans nul doute signifiée la valeur de son niveau actuel. La barre, légèrement touchée, fut franchie par le français qui exultait déjà, avant qu’un juge ne lève le drapeau: la barre n’était pas tombée mais un côté ne reposait plus sur les taquets mais sur les montants. Le règlement est ainsi fait, ses 6m07 n’était pas valables. Étalé sur la piste, Renaud pleurait la cruauté de la décision. On espère que ce coup sur la tête ne sera qu’un mauvais souvenir, et qu’il aura l’occasion de montrer la grandeur de son talent!
C’est avec satisfaction et émotion que la page Göteborg se referme. Outre les médailles, les français se sont comportés du mieux possible dans les différentes qualifications et finales. L’athlétisme tricolore peut avoir le sourire!
Mathieu BERTOS
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