Qui n’aimerait pas vivre de sa passion?
Travailler dans l’environnement qu’il affectionne, dans lequel il se sent le plus à l’aise, pour lequel il porte le plus d’intérêt …
Ce serait génial, non ?
Ils ne sont pas tant que ça à pouvoir le faire. Souvent, nous sommes dans des bureaux, dans des usines, dans des hôpitaux, dans l’enseignement, etc… Le sport, la course à pied en l’occurrence, est l’activité que l’on exerce depuis longtemps, ou alors depuis peu pour poursuivre des objectifs diverses, ou encore pour échapper au quotidien et au travail, qui n’est pas toujours si évident. Le stress est sans doute le mal du monde moderne où les résultats comptent et où la qualité de vie s’en ressent.
La course à pied devient alors le moment de liberté, de plaisir, d’épuisement recherché pour le bien-être qui suit. On oublie les soucis, on y réfléchit, on les classe. Cette passion, certains d’entre nous aimeraient bien en vivre. Se lever pour ça, ce serait le pied, non? Quelque soit le secteur, vous travailleriez pour l’utilité de ce qui vous intéresse. Pas mal comme perspective…
Alors bien sûr, quelques-uns le font déjà, et pourraient nous en parler! Mais pour la plupart cela ne concerne que leur temps libre. Bien des personnes sont bénévoles dans les compétitions ou dans leur club, et pourtant elles ont des diplômes de juge, d’entraîneur, de formateur… Elles connaissent très bien leur sport. Mais ni leur aide ni leurs connaissances ne leur permettent de toucher de l’argent. Le besoin pécunier ne reste évidemment qu’un besoin, pour se nourrir et pour vivre. Le reste ne serait que passion. Certains touchent de loin à ce rêve mais ils sont vite rattrapés par la réalité car bien sûr, tout n’est pas rose.
Passion ou pas, le sport est aussi travail, avec ses contraintes et ses obligations. Travailler en duo/trio dans une petite boutique de running, c’est moins facile que de l’énoncer. Écrire dans un mensuel c’est aussi s’exposer, il vous faut la justesse du propos à travers une info, un conseil, une humeur. Quoi que vous fassiez, il faut le faire « bien ». Être professionnel, plaire pour intéresser et pour vendre. Parce que dans un métier de passionnés, les personnes à qui vous avez affaire sont peut-être tout autant passionnées que vous, bien qu’elles n’en aient pas fait leur métier. Et pourtant, il vous faut aussi obtenir des résultats. Mais ce serait votre métier, alors la motivation et l’implication seraient tout autre, non ?
Mais peut-on mêler passion et argent ? Certains idéalistes vous diront que les vrais passionnés ne se trouvent pas parmi les « professionnels ». Ceux qui vivent ça pour leur bien-être, les traileurs que vous croiserez en pleine montagne, ceux-là sont les vrais ! Certes oui, ce sont de véritables passionnés! Qui recherchent du plaisir à travers l’effort, à se challenger dans le milieu naturel plus ou moins éprouvant pour l’organisme… Mais qui nous dit que les managers de teams, les concepteurs de produits, les revendeurs par exemple, qui nous dit que ces gens là ne sont pas tout autant amoureux de notre sport? Ils ont sans doute pu acquérir une certaine expertise, un savoir faire à travers leurs études ou leur expérience et ont voulu/pu les associer à la course à pied. Ils la voient aussi sous un angle professionnel. Alors oui, sans doute que passion et argent peuvent cohabiter ! De plus, nous aimons consommer quand il s’agit d’une passion, et quelque part, certains professionnels nous permettent de le vivre de façon plus intense!
Ensuite, il y a le cas des athlètes de haut niveau. Là c’est vrai, c’est tout autre chose… D’autant plus qu’ils ne sont pas si nombreux à pouvoir en vivre! Un athlète de haut niveau français travaille à côté de ses entraînements. D’ailleurs, il les cale un peu où il peut. Car il faut tenir le niveau. Une fois que vous avez eu des aides et des sponsors derrière vous, il faut leur rendre la pareille. Il n’est jamais tranquille, et surtout sous le coup de la blessure ! Moralement, elle touche tout le monde de la même façon. Elle bouleverse un équilibre et « emprisonne » la personne qui est touchée. Et encore, en disant « de la même façon », je me trompe un peu… Tout le monde ne le vit pas pareil ! Mais l’athlète a une image à donner, à montrer, et si son corps le freine… c’est le « chômage technique ». Le corps est son outil de travail! En plus, ça ne dure qu’un temps. Il faut qu’il pense à sa reconversion. Si la passion ne le quitte pas, il peut poursuivre dans la course à pied mais dans un autre domaine.
Qui n’a pas rêvé un jour d’être payé pour aller courir? C’est un peu cru dit comme ça, mais se lever le matin, et se dire que la seule chose que vous avez à faire, c’est aller courir. Et qui n’a pas rêver de porter les couleurs de son pays? Pour la plupart d’entre nous, ça reste un joli rêve…
Alors, pourquoi pas vivre de sa passion? A mon sens, ce n’est pas contradictoire. Au final, ce qui compte, c’est d’être heureux, non?
Mathieu BERTOS