Après une édition 2012 qui a marqué les esprits, organisateurs et coureurs ne pouvaient qu’être soulagés en constatant les prévisions météo du WE. Il allait donc faire beau et doux pour cette 9ème édition du Gruissan Phoebus Trail.
Les festivités ont démarré dès le samedi à Gruissan avec le départ du Trailhounet (18km) en début d’après midi. La suite du programme était pour dimanche avec comme épreuve phare le parcours le plus long (50km et 1400D+) , première manche du TTN (Trail Tour National) long, à laquelle j’avais prévu de participer. Une première pour moi sur un format si long. Mais voilà, qui ne tente rien…
Quelques mots sur le déroulement du WE et plus particulièrement sur ce 50km, vécu de l’intérieur !
Cette 9ème édition comportait quelques différences par rapport aux éditions précédentes. Au programme, toujours 3 courses et une marche nordique mais réparties sur l’ensemble du WE. Ainsi, presque 700 coureurs prenaient le départ du plus court format de ce Trail de Gruissan, le Trailhounet (18km). J’apprenais en arrivant sur place samedi vers 18h pour retirer mon dossard, que la course fut remportée par un anglais, Tom Terwill chez les hommes et par Cécile Cambus chez les femmes. Je me réjouis pour elle en me disant que ça restera sûrement un super souvenir familial puisque son compagnon, Sébastien Bufffard, monte lui aussi sur le podium en se classant 3ème sur cette même course.
Dossard retiré « in extremis » avant la fermeture le samedi soir au Palais des Congrès, on s’accorde ensuite un peu de temps pour papoter avec quelques connaissances présentes. Sylvain Court est là aussi avec sa petite famille, Thomas Saint Girons nous rejoint, et Michel Hortala qui conseille gentiment à Manu souffrant de la hanche depuis plusieurs jours d’aller consulter les ostéos sur place…Ni une ni deux, le voilà quelques minutes après sur la table de massage ! Une dizaine de manipulations plus tard, 20h approchant et le ventre gargouillant… On quitte le Centre des Congrès. Demain sera un autre jour…
Les nuits d’avant course ne sont en général pas les meilleures. La mienne fût très très courte et pas vraiment reposante mais une fois debout après la sonnerie du réveil à 5h40, la motivation était bien là. Maintenant, vivement qu’on y soit ! Un peu plus compliqué pour Manu qui n’était même pas certain de pouvoir prendre le départ avec cette douleur…J’étais vraiment triste pour lui. Le Casino de Gruissan était bien calme à notre arrivée sur les lieux du départ dimanche matin vers 8h. Des coureurs en tenue, assis, qui attendent patiemment leur tour. D’autres encore emmitouflés à faire quelques foulées pour tenter de se réchauffer. Le départ du 25km (La Caladas) avait été donné quelques minutes avant à 7h45.
Heureusement, les parents de Manu sont là pour nous supporter et nous faire l’assistance sur le peu de ravitaillement (2 au total, un au 32ème et un dernier au 45ème) qu’il y a. Petit briefing rapide, quelques allers retours pour se chauffer, et rapidement il va être l’heure de se ranger derrière la ligne de départ. Mon moment préféré: la musique et le compte à rebours qui annoncent le début de quelques heures de plaisir…ou de souffrance, c’est selon ! Sûrement un peu des 2 pour grand nombre d’entre nous ! J’espérais un départ prudent (y’a quand même 50km, ça sert à rien de s’emballer), mais finalement j’ai suivi le mouvement et les premiers kilomètres furent, selon moi, un peu « ambitieux ».
Quelques kilomètres de plat pour s’échauffer et trouver sa place et très vite, la première belle difficulté, un mur ! Court mais intense, mains sur les cuisses, cette fois la course a bien démarré…on est parti quelques heures pour en baver. J’aperçois 2 féminines devant moi, Alice Coquard et Karine Sanson (et j’ai bien cru en voir une autre partir dès le départ en tête). Je tente de les suivre pendant quelques kilomètres mais dès le 5 ou 6ème je les laisse partir en me disant « jamais je ne tiendrais sur ce rythme pendant 50km… » (et là j’y pense, 50 !! Mais quelle folie !!). J’ai les jambes lourdes, l’impression d’avoir un poteau sur chaque côté, sensations vraiment moyennes, j’espère que je ne vais pas subir toute la course…Je trouve un rythme de croisière (enfin pas celle du 3ème âge quand même hein) avec un groupe de gars sympas. Alternance de pif-paf, des grimpettes, des descentes, toujours les yeux concentrés sur mes pieds (les entorses, j’ai donné). Et là quelques mètres devant, j’aperçois Manu, quasiment arrêté. Il a trop mal, il va être contraint d’abandonner. Il fait quand même quelques minutes avec moi et me demande comment ça va, puis mettra le clignotant juste après. Coup dur pour lui, s’arrêter là et me voir continuer sans lui alors qu’on s’est tellement donné ensemble à l’entraînement. Tant d’investissement qui tombe à l’eau si brusquement… Je vais courir pour lui aussi alors , j’ai intérêt d’assurer (déjà que j’ai prévu de courir pour Mamyvette et tous les blessés, ça commence à faire beaucoup de responsabilités) !!
Bon pour le moment, ce n’est pas gagné, j’ai toujours la sensation de jambes qui n’arrivent pas à décoller…On m’annonce 4ème féminine, la place du malchanceux. Enfin, c’est encore loin d’être fini, les classements peuvent encore totalement chamboulés d’ici l’arrivée. Je retrouve un ami de Toulouse vers le 15ème, Jean-Claude, avec qui je fais un bout de chemin. On papote un peu (je lui dis pourtant que je ne suis pas très bavarde en course), ça fait passer le temps, ça change les idées, bref, finalement c’est sympa et puis à 2, on tient un bon petit rythme sans vraiment s’en rendre compte et on recolle Karine Sanson aux environs du 25ème. J’hésite à la doubler ou à rester avec elle, mais c’est justement à ce moment là que j’ai les jambes qui se sont débloquées ! Je profite d’un regain de forme pour passer la vitesse supérieure tout en restant vigilante à mes appuis et à bien m’hydrater.
Passage au premier ravito, grande forme, pourvu que ça dure ! je tends mon bidon quasi vide à Marc, j’attrape celui qu’il me tend, plein, mais je ne m’arrête pas, j’en profite tant que ça avance bien. J’arrive au niveau d’une autre féminine, elle a l’air d’avoir un bon gros coup de mou…Hypo peut être. Je la double, et pour le coup, ça veut dire que je passe seconde féminine. Si les jambes continuent à avancer comme ça et si je ne manque pas de carburant, je devrais terminer sans trop souffrir. ça remonte peut être derrière, je n’en sais rien, mais a priori la première n’est pas loin devant. A chaque carrefour on m’encourage gentiment en me disant « allez vas y, elle n’est pas loin devant, 1 ou 2′, pas plus » ! Entre le 30 et le 40, je suis seule ! Personne devant, personne derrière, je n’aime pas…Je suis les balisages en essayant de ne pas faiblir (et surtout de ne pas me tromper de chemin!). Quelques passages compliqués, caillouteux, techniques à ce moment là…Une corde, des gros rochers, ah ok, original, une via ferrata !!
35ème, j’arrive dans une grande descente et j’attends « allez ma chouchou » !! Plus efficace qu’un gel pour donner du carburant, Manu qui crie sur le côté avec sa maman et Marc, un ami. Je le rassure, je me sens très bien. Mais 15km encore, ce n’est pas rien et il paraît que les 10 derniers kilos sont terribles….En effet, le parcours devient plus roulant mais aussi par conséquent plus usant. Un rapide passage au bord de l’eau sur la plage (et là je me dis, « ah non, ils ne vont quand même pas nous faire courir sur le sable ! ») et j’atteins le dernier ravitaillement où Manu m’attend avec ses parents. Quentin Stéphan du Team Lafuma est arrêté là, il repart avec moi. Il a les pieds en sang apparemment, contraint de mettre le frein à main quasi dès le début de course… Il me motive en me disant que la première vient juste de passer. On poursuit ensemble, 5km et enfin on devrait voir le port de Gruissan !
Je regrette de ne pas avoir eu l’audace (ou le courage) de tenter une nette accélération (et de me faire un peu plus mal) pour accrocher Alice et peut être espérer une victoire, mais franchement j’étais déjà super satisfaite de cette seconde place et tellement contente d’avoir pu boucler mon premier véritable trail long de cette manière. On n’a pas rien sans rien, et pour en arriver là, il a fallu bosser. Mais quand le travail est récompensé, c’est la cerise sur le gâteau et une motivation supplémentaire pour persévérer et continuer à travailler et progresser…
Et ce dernier kilomètre sur le port ainsi que cette belle arrivée sur tapis rouge sont des moments qui vont rester gravés. Des images positives qui donnent envie de recommencer et qui font même oublier les éventuelles souffrances endurées.
Sylvaine CUSSOT
(Crédit photo : Running Mag, plus de photos dans l’article de Mathieu: dans les coulisse du TTN)
Résultats détaillés des 3 courses du Trail de Gruissan sur leur site internet.