Un sujet d’actualité, est ce une bonne chose de porter des chaussures avec de bons amortis ?
Faut il sur-protéger ses pieds ou préférer le naturel opérer et opter pour des produits minimalistes ?
Nous avons abordé cette problématique dernièrement avec Philippe Prido, podologue du sport sur Toulouse, suite à une question posée d’un internaute. Intéressant donc de vous faire part de l’échange et de la réponse très pertinente de notre spécialiste qui met le doigt sur un débat brûlant…!
« Je cours 4 fois par semaine, je m’entraine pour des distances type 1500, 3000, 5000 et 10000m. J’aimerais me proteger des vibrations/chocs (qui remontent dans tout le corps) avec des semelles « no2 » de noene. Sont elles necessaires dans mes « nike pegasus+28 » ? «
« Pour ce qui est de la protection contre les vibrations , il faut savoir que sur les petites distances sur lesquelles vous courrez, la présence d’un antivibratoire supplémentaire type noene ne semble pas nécessaire et ce d’autant que ces semelles amortissantes sont des semelles complètes et c’est une absurdité biomécanique d’avoir de l’amorti sous tout le pied…
Une semelle comme une chaussure doit comporter un amorti talon pour éviter les chocs répétés sur longue distance et sur le bitume, une partie centrale plus rigide pour guider le pied dans son positionnement médian en préparant la phase d’impulsion, et la partie antérieure de la semelle devra contenir des matériaux visco élastiques dynamisants pour la relance de la foulée ( c est à dire des matériaux propulseurs et non amortissants ).
Si vous faites du demi fond, la foulée se fera de manière plus antérieure, pour garder une attitude plus dynamique et la foulée se fera plus sur la partie médiane et antérieure du pied et cela sera d’autant plus vrai que la distance à parcourir est courte (ce qui se passe pour un 100 mètres, on court avec des pointes avant uniquement), car la durée d’impact au sol est liée à la vitesse et comme on court plus vite sur de petites distances, la durée d’impact au sol sera réduite .
Si on met trop d’amorti à contrario on augmente la durée d’impact ce qui ralentit et va à l’inverse de l’effet désiré …
Pour en terminer sur l’effet de vibration (qui devrait plus être appelée onde de chocs), elle sera nociceptive ou négative sur l’organisme que lorsqu’elle agit comme un tassement du corps contre un sol trop dur pendant trop longtemps provoquant des lésions au niveau des disques vertébraux si ceux-ci sont déjà endommagés. Mais cette onde de choc sera à dose modérée nécessaire car c’est elle qui renforce l’os et prévient l’ostéoporose.
En effet quand on s’en trouve privé comme les astronautes en apesanteur on finit par avoir une déminéralisation de l’os qui conduit à les rendre fragile comme du verre c’est pourquoi ils subissent des stimulations d’onde de chocs.
Cela rejoint l’éternel questionnement qui fait maintenant débat et qui a fait jour grâce au minimalisme sur la nécessité de garder aux chaussures un regain proprioceptif par déficit de matériaux amortissants au talon en transférant l’impact sous le médio pied, pour que l’amortissement de la foulée se fasse plus sur des structures anatomiques existantes telles que le genou qui a la capacité de se fléchir que sur une jambe tendue qui par sa rigidité va être vecteur de l’onde de choc dans le membre inférieur l articulation sacro iliaque et les dernières vertèbres lombaires .
Ceci étant, je persiste à penser que les excès d’une bonne idée sont toujours préjudiciables quand ils deviennent théorie pour tous ,et les pratiques barefoot doivent rester des pratiques d’appoint pour une élite préparée et possédant des prédispositions physiologiques sans pathologies statiques ou dynamiques au niveau du pied . »
Philippe Prido Podologue du sport