L’un des plus réputés au niveau national et même intrernational, le Cross Ouest France. Quand on est manceau et coureur (ou même juste sarthois ou juste passionné de course à pied), il ne se rate pas ! Le « Ouest France- Pays de La Loire » est devenu un évènement quasi incontournable en Sarthe.
Ce n’est pas un cross comme les autres. Celui où on arrive le matin, on prend son dossard, un départ, une arrivée, on encourage un peu les copains et on repart… Non, celui-ci il a quelque chose de différent, une âme particulière qui le suit d’années en années. Et en tant que mancelle, j’ai à cœur, à chaque édition, d’y mettre les pieds !
L’une des premières particularités, c’est qu’il y a 2 jours pour en profiter ! Un WE entier bien rempli et d’ailleurs ça n’aide pas toujours pour choisir sur quelle course s’aligner…Cross court, cross long, 10 ou 20km, cross de Familles, bref, il y en a pour tous les goûts. Et quand on aime tout, pas facile de se décider. Bon après, pour les plus osés, il y a toujours possibilité de tout enchaîner, mais ça reste quand même un peu risqué… On le sait, un p’ti « trop » et on peut vite basculer du mauvais côté.
Pour ma part, comme l’an dernier, c’est le 20km que j’ai coché. Départ donc samedi après midi, 15h20. Changement de coéquipier : en 2012 j’ai eu la chance d’être accompagné par un ami, Totofe (encore grand merci à lui), cette année, c’est beau papa (Fred) qui foulera avec moi ! Chouette, courir à deux, c’est toujours mieux. Côté préparatifs d’avant course, un départ à cette heure ci, ce n’est pas l’idéal, il faut l’avouer. Entre le p’ti déjeuner et le déjeuner, on ne sait jamais trop quelle sera la façon idéale de s’alimenter. Trop ou pas assez, tard ou tôt, l’objectif c’est de réussir à bien jauger pour réussir à prendre le départ ni en hypo ni en pleine digestion. Et comme la plupart des courses partent le matin,on perd un peu tous nos repères avec des départs différés…
Option d’un p’ti dej copieux le plus tard possible, suivi d’une collation 2h avant et d’un gel dans la poche pour assurer l’coup… Au cas où ! Météo capricieuse mais plus joyeuse que prévu. De quoi partir avec le sourire, on va pouvoir sortir le short et le tee shirt (avec les manchons et les bas de compression quand même, faut pas pousser, on n’est pas en été). Question chaussures, pas d’hésitation pour moi, mais a priori les avis étaient partagés. En jetant un coup d’œil aux pieds des participants, je constate une belle variété de pieds : pointes, chaussures de trail, chaussures de route… (pour l’anecdote maman a hésité à mettre la frontale sur la tête. Bah oui parce qu’à 17h30 en hiver dans les bois, fallait pas trop compter sur le soleil pour nous éclairer… Mais non, elle ne l’a pas fait). La suite nous dira lesquels ont finalement fait le bon choix !
L’heure de se ranger bien aligné…Le truc marrant sur cette course là, c’est que c’est un 20km mais chaque année, on a l’impression de prendre le départ d’un vrai cross. « Derrière la ligne et tant qu’il reste un doigt de pied devant ou dessus, le coup de feu ne sera pas donné ». Ok, ça c’est fait, on n’est pas là pour rigoler ! Et quand le départ est donné, il ne faut pas espérer pouvoir partir en allure randonnée…c’est à bloc sans hésiter sinon tu te fais marcher sur les pieds (ça serait quand même dommage de se prendre une gamelle avant même d’avoir commencé à en baver).
Fred a oublié sa montre. Ça tombe mal, moi aussi ! Aux sensations alors, sans réfléchir. Tant qu’on tient, on avance quoi…Premier kilomètre en 3’52 a priori (« bip bip » les montres des voisins et ça parle beaucoup dans le peloton, donc les infos circulent plutôt bien). Rapide oui, mais voilà pour survivre au départ, pas le choix. Nathalie Mauclair qui avait remporté la course l’an dernier et qui avait donc terminé devant moi, n’est déjà plus dans mon champ de vision. Pas de panique, c’est normal. 2 ème kilo, Nicole Léveque (mon idole de jeunesse !) me double. Quelle pêche encore à son âge ! Entre le 3ème et 4ème kilo, deux autres féminines me passent devant, je suis 5ème, mais la course ne fait que commencer, ça ne sert à rien de s’emballer. Jusqu’au 6ème, ça se passe plutôt mal pour moi. Un mal de ventre terrible, genre brûlures d’estomac. J’le savais, j’ai mal géré le dosage « pti dej/ dej ». On continue, on verra, je m’efforce de rester juste derrière les « 3ème et 4ème » et dans le cas d’un mieux, j’en remets un coup.
Parcours vraiment sympa, avec le système des 3 boucles on ne s’enfonce pas trop dans les bois, ce qui permet aux spectateurs de nous voir passer plusieurs fois, et aux coureurs d’être motivés et reboostés par des encouragements plus nombreux du coup. Des relances, des virages, des faux plats, un terrain souple juste légèrement gras, de quoi satisfaire un grand nombre je crois. Ma stratégie n’était pas si mauvaise, le ventre va mieux, les jambes sont bien, juste avant le passage au 10ème, je passe la vitesse supérieure pour revenir sur mes 2 « cibles ». Ça n’a pas trop plu à Fred, qui a mis sa fierté de côté pour me laisser filer… Je suis triste d’avoir perdu mon coéquipier, mais je reste concentrée et motivée. J’en passe une, puis 2, ce qui m’amène à la 3ème place. Passage au 10ème en 42 minutes (ah enfin un chiffre pour savoir où on en est), on est à la moitié.
Jambes bien débloquées, tous les voyants sont au vert pour « envoyer », c’est le moment d’en profiter ! Et qu’est ce que c’est bon se ressentir ce genre de sensations…les kilomètres défilent, j’aperçois les copains de FreeRun, Endurance 72, la famille… sur le côté crier pour m’encourager, ce n’est pas le moment de lâcher ! Jusqu’au 16ème, c’est carrément la fête, j’ai presque envie de chanter à tue-tête ! Puis sans prévenir, il a pointé le bout de son nez comme jamais cela ne m’était arrivé…le point de coté !
Pas celui qui part en 3 minutes après avoir soufflé fort 10 fois, mais celui qui s’installe et qui fait bien mal… Celui qui t’oblige à t’arrêter et à te plier en deux…Une nouveauté à rajouter dans mes « souvenirs course à pied », mais voilà, il fallait l’inaugurer. Encore une fois je pense à la mauvaise gestion des repas ! Bref, je mets en œuvre toutes les stratégies possibles pour le faire partir. je ralentis, je respire, j’appuie dessus, je baisse les bras…Mais ça ne passe pas. Je finis par serrer les dents et me dire que 4 kilomètres, ce n’était que 10 tours de pistes finalement (On se raccroche à ce qu’on peut dans ces moments) !
17ème kilomètre, toujours 3ème femme a priori, mais pas pour longtemps… Derrière, une respiration typiquement féminine. Je me retourne, bingo ! Ah non, pas ça ! Ok, je serre encore plus les dents et j’accélère et je pense, 5 tours de piste, c’est rien. Mais au 18ème, elle finit par passer. Je l’encourage et lui dis de filer, je ne parviendrais pas à m’accrocher, trop mal au ventre avec ce sacré point de côté qui ne semble pas avoir envie de me lâcher !
Et puis le dernier kilomètre, avec toute cette ambiance sur le côté, je dirais presque que tous les maux sont oubliés…(presque hein!). Dominique Chauvelier au micro pour nous annoncer, la famille, les amis qui, du début à la fin nous ont suivi, et puis tout simplement ces grands serpentins formés par la rubalise qui nous emmènent jusqu’à la grande ligne d’arrivée… Que je franchis donc 4 ème femme mais 1 ère senior puisque les 3 premières sont Vétérans.
Les 20 km en 1h27’58 et un podium au Ouest France, je suis comblée ! Maintenant, hâte d’enfiler mon maillot jaune et noir aux régionaux de cross pour porter les couleurs de mon nouveau club : Free Run 72 ! 🙂
Sylvaine CUSSOT
(crédit photo : Rémi Blomme)
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