Une vieille épreuve de marathon avait lieu ce dimanche 2 décembre: c’était à Fukuoka au Japon. 66 ans d’âge! Pour l’occasion, le marathon faisait office de championnat du Japon, dont c’était la 96è édition…!
On peut se rendre compte alors à quel point cette épreuve est ancrée dans le paysage sportif nippon. Il y allait avoir une belle bataille entre les concurrents nationaux mais aussi étrangers qui ont pour habitude de faire le déplacement. Le record de l’épreuve est d’ailleurs détenu par Tsegaye Kebede l’ethiopien en 2h05’18 (2009) qui avait aussi gagné en 2008. Un autre illustre compatriote, déjà vainqueur en 2006, se présentait cette année au départ: Haile Gebreselassie. A 39 ans, on a encore vie de le voir longtemps dans les pelotons, mais ces dernières sorties comme à New York ou Berlin se sont soldées par un abandon.
Le départ est donné de la piste d’athlétisme dont les coureurs feront environ 4 tours avant de se lancer dans les rues de la ville. Le temps est couvert et frais, presque froid pour un marathon: 9°C. On ne s’y trompe pas: la plupart des concurrents portent bonnets, gants ou manches longues. Un groupe de 20 à 30 unités se forme à l’avant de la course. Des lièvres assurent le tempo: 30’12 au 10è km. Les kenyans sont là, beaucoup de « locaux », un polonais entre autre… et Haile, calé au chaud juste derrière la tête. Ce temps de passage est plus rapide de 40s par rapport à celui de 2006 qu’il avait emporté en 2h06’52. A noter la présence de Martin Irungu Mathathi, l’un des favoris. C’est là son premier essai sur la distance mais avec des chronos de 13’03 au 5000m et 59’46 au semi-marathon, il a de très bonnes chances de figurer.
Au passage du 30è km, le groupe s’est réduit, les favoris sont toujours là, et le chrono indique 1h30’38 (1h30’46 en 2006). Haile laisse faire la jeune garde, son allure est toujours rythmée et légère, le regard un coup devant lui, un autre sur le sol, laissant voir ses rides sur son front… Il enlève le bonnet. Les coureurs sont alors dans la terrible ligne droite de 7 km qu’il faudra prendre à sens inverse pour rejoindre l’arrivée. Tout d’un coup, le japonais Horibata produit une accélération soudaine et violente. Cela semble un peu tôt, mais le polonais Szost décide de le suivre. Il est aussi un sérieux client avec son record à 2h07’39, lui qui fut le meilleur européen à Londres aux JO (9è).
Puis l’image se répète pour Haile… Au 32èkm, il s’arrête au ravitaillement. Rien ne le laisser présager, mais il avouera ensuite qu’il valait mieux le faire à ce moment là. » cela faisait 2km que je ressentais une gène derrière la cuisse… Il valait mieux stopper là avant que cela ne s’aggrave« . On pense que cet énième échec dans la quête de performance va l’arrêter définitivement, mais il ne pense pas encore à la retraite. Nous reverrons donc Haile recourir pour notre plus grand bonheur! Mathathi et Fujiwara absorbent l’accélération, tandis que Gitau reste à portée, serein. Le kenyan est d’ailleurs le seul à répondre à l’attaque suivante, celle de Szost.
Ils sont en 1h45’31 au passage du 35è km. C’est le moment où Gitau se détache… le train est plus rapide, la foulée plus cadencée et moins heurtée que ses adversaires. Ce jeune coureur de 24 ans qui s’est d’ailleurs exilé au Japon pour s’entrainer, possède un record à 2h21! On voit bien que son potentiel est largement supérieur… ce premier chrono étant sûrement dû à une première tentative infructueuse sur la distance. Tandis qu’il s’envole vers la victoire, Mathathi, jusqu’à alors 5è, abandonne à son tour! Il était certes décroché du podium mais son arrêt, à une dizaine de minutes du but qui plus est, reste incompréhensible… Pas de douleurs apparentes. On peut penser qu’un premier marathon se termine avant tout, mais la 5è position de ce jeune coureur ne le satisfaisait sans doute pas… Horibata, qui avait produit une grosse accélération, rattrape le polonais! Il grimace, il souffre terriblement, mais son mental est vraiment solide! Faut-il rappeler qu’un titre national est en jeu?
Joseph Gitau ne faiblira pas. Il rentre dans le stade avec une belle avance et coupera la ligne en 2h06’58, nouveau record personnel! Avec cette performance, c’est un kenyan de plus qui rentre dans le groupe déjà bien fourni des meilleurs coureurs mondiaux d’origine africaine. Horibata trouve les moyens d’accélérer devant son public et battra lui aussi son record personnel: 2h08’24! Le polonais Szost obtient une belle 3è place en 2h08’42.
Mathieu BERTOS
résultats des 15 premiers du marathon:
1. Joseph Gitau (KEN) 2:06:58
2. Hiroyuki Horibata 2:08:24
3. Henryk Szost (POL) 2:08:42
4. Arata Fujiwara 2:09:31
5. Bunta Kuroki 2:10:08
6. Yuki Kawauchi 2:10:29
7. Mohamed Trafeh (USA) 2:11:41
8. Ryan Vail (USA) 2:11:45
9. Cuthbert Nyasango (ZIM) 2:11:48
10. Kota Noguchi 2:12:24
11. Dmytro Baranovskyy (UKR) 2:13:23
12. Tim Nelson (USA) 2:14:09
13. Scott Overall (GBR) 2:14:15
14. Harun Njoroge (KEN) 2:14:34
15. Takeshi Makabe 2:15:02
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