A l’heure où le monde de la course à pied est en ébullition (essor du trail, des équipementiers, des courses féminines, des réseaux sociaux, etc), tout le monde peut désormais participer de façon active à la vie de ce mouvement, du simple licencié « loisir » à l’organisateur de course. Du coup, tout le monde peut s’exprimer, donner son avis, critiquer et… être entendu! Internet est un outil bien pratique! La rapidité d’information et de communication sont donc facilitées et ce quelque soit son expérience personnelle dans la pratique elle-même.
Certains spécialistes de running sont alors taxés d’être des donneurs de leçons, ils sont partiaux quand ils traitent de certains résultats plutôt que d’autres, ils ne se foulent plus pour sortir des sujets qui ont déjà été proposés… Mais alors, qu’est-ce qui est bien et au contraire qu’est-ce qui ne l’est pas? Peut-on donner des conseils sur l’approche de la course à pied sans être traité de moralisateur? Peut-on vivre sans un minimum de morale dans le monde du running?
Pas simple de répondre à ces questions sans avoir l’étiquette de « morale » collée à cet article. Car après tout, un billet d’humeur est le billet d’UNE humeur. Même si le sujet est général, il est traité sous un certain angle de vue. Bref, bien sûr qu’un certain avis est donné quant au traitement d’un sujet ou de l’information! Même malgré des bases scientifiques similaires, vous pouvez demander un plan à deux entraîneurs, ils ne vous feront jamais le même! Donc, quelque soit le sujet, il y aura toujours quelqu’un pour râler ou pour dire que c’est déjà vu… En même temps, il y a 365 jours par an et donc certains thèmes reviennent obligatoirement!
De plus, il faut être compréhensif. Il faut penser que si quelqu’un court depuis des années et lit tous les mois le magazine auquel il est abonné, un débutant va peut-être, lui, tomber pour la première fois sur des infos qui vont l’intéresser. Il y a toujours du renouveau du côté des pratiquants. Il y en aura aussi à un moment ou un autre concernant la pratique. Ceux qui savent déjà, peuvent passer, il y aura toujours quelqu’un qui apprend! Et ceux-là sont tout aussi importants que les autres. En fait, les spécialistes font au mieux pour satisfaire tout le monde, mais rien ne sera jamais parfait malheureusement.
Pourtant, tout de même, un peu de morale ne fait pas de mal! Au contraire, elle consiste à garder une certaine « ligne de conduite« . Quand au départ d’un trail on rappelle de ne laisser aucun déchet, c’est une bonne chose. On responsabilise les gens qui sont de plus en plus nombreux à s’aventurer dans la nature. C’est vrai qu’en étant adulte, on devrait être responsable, mais tout le monde ne l’est pas. Et quand des têtes d’affiche commettent des erreurs, il faut le dire aussi! On ne doit pas avoir un statut privilégié à ce sujet.
Le sport véhicule plein de valeurs et il est à l’image de ceux qui le pratiquent. Il y aura donc toujours des tricheurs. Mais ceux là ne sont pas de vrais passionnés. Dénonçons les attitudes peu sportives, ignorons les arrivistes, ceux qui manquent d’humilité… Alors oui, cette morale qui parle de son sport avec passion mérite d’être communiquée. Bien évidemment, il faut différencier les conseils qui ont pour but de faire progresser, à ceux qui interviennent pour casser le raisonnement d’un autre et pour étaler un savoir. Il y a par exemple des méthodes d’entraînement qui ne conviendront pas à un certain public, aussi perfectionnées soient-elles.
Et puis soyons tolérants… Acceptons que des coureurs inexpérimentés fassent des erreurs, que certains prennent la course à pied comme un loisir! Inversement, il faut accepter que d’autres soient plus sérieux, plus stricts envers eux-mêmes car leur but est d’aller au plus loin de leurs moyens dans ce domaine. Tout le monde ne rentrera pas dans le même moule. C’est le seul sport où la masse peut prendre le départ en même temps que les élites! En terme de mixité, c’est sans doute le sport le plus riche. Courir et marcher, c’est la base de l’activité humaine. Il y aura autant de façons de faire, autant de style différents qu’il y a de personnes, de populations!
Pour répondre au questionnement, il y a bien sûr des choses qui sont bien et d’autres moins, sans vouloir être manichéen. Seulement, chacun positionnera le curseur où il l’entend. Donner des conseils grâce à son vécu, ses connaissances, oui, mais étaler sa « science » non! Certaines lignes conductrices sont bonnes à rappeler pour que chacun d’entre nous puisse s’exprimer librement dans sa passion sans perturber celle de l’autre. Car ce qui est exprimé avec passion se ressent facilement. Et ceux qui ne recherchent que la lumière se repèrent vite. Comme un objet brillant mais vide à l’intérieur…
Je terminerai sur cette citation de Jacques Prévert: » Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière »
Mathieu BERTOS