La course à pied, une grande famille, on ne peut pas le nier. Un peu comme si on était tous classés dans une catégorie, avec la même psychologie, les mêmes modes de vie.
Bah oui, c’est pour ça qu’on est tous des « amis » ! 😉
D’ailleurs en allant travailler si on croise un gars en short et baskets aux pieds à enchaîner quelques foulées, on ne pourra pas s’empêcher de le regarder et de s’imaginer à ses côtés. On pourra même aller jusqu’à l’envier en se disant qu’il a de la chance, et qu’on ferait bien comme lui au lieu d’aller bosser… !
Le coureur à pied est souvent « stéréotypé », coulé dans un moule avec ses défauts et ses qualités. Bon bien entendu il y a les réguliers et les moins habitués, les débutants et les confirmés, les drogués et ceux qui arrivent à s’en passer…des sous catégories dans LA catégorie. Mais on le sait bien, on a tous quelques points communs. En voici quelques uns :
Le coureur se plaint
Il a toujours mal quelque part et il est sans arrêt fatigué. Il dit qu’il court pour le plaisir mais se plaint toujours de souffrir. Quand il fait froid il doit se couvrir et n’aime pas, quand il fait chaud il râle parce qu’il a besoin d’eau. Quand il a des courbatures, tout le monde est au courant parce qu’il en parle tout le temps. Et le pire c’est quand il est blessé…il râle toute la journée, il est de mauvaise humeur, mais c’est lui le martyrisé… il est blessé ! Ses copains n’ont pas conscience des sacrifices qu’il fait pour essayer de progresser et au lieu de l’encourager, ils sont toujours en train de lui reprocher ses absences à toutes les soirées. Dans ces conditions, ce n’est pas facile de se motiver… !
le coureur psychote
Quand il a mal quelque part, il a toujours l’impression qu’il en a pour 4 mois… D’ailleurs il se croit de suite blessé alors qu’il est juste courbaturé ou qu’il a peut être juste un peu trop forcé. Il imagine bien sûr le pire et dit à son entourage qu’il ne peut plus courir, que sa saison est fichue, et qu’il va devoir renoncer à la course qu’il a prévue et qu’il a attendu toute sa vie. Il va chez le médecin au moindre petit pépin et réclame des radios et IRM à gogo. Quand il loupe une séance d’entraînement, il a l’impression qu’il sera moins performant…Pire encore si le coach lui demande de couper et de se reposer, il va crier haut et fort que s’il fait ça, il va s’empâter !
le coureur rêve
Et justement il trouve ça motivant. Il surfe sur les sites internet des courses, et s’imagine sur la photo à la place du gars qu’il voit galoper sur le sommet là bas. Il regarde des vidéos de coureurs en se demandant pourquoi il n’arrive pas à avoir le même niveau que ces grands champions là. Il épluche leurs blogs pour essayer de trouver la moindre petite info qui pourrait l’aider à progresser. Coureur sur route, il rêve un jour de participer au marathon de New York et même de terminer les 100km de Millau. Coureur de trails, il rêve de faire l’UTMB et de partager quelques foulées avec Kilian Jornet, ce grand héros.
le coureur calcule
Il note soigneusement ses séances pour pouvoir ensuite analyser…Planifier, s’organiser. Il achète la montre GPS, le cardio fréquence mètre pour pouvoir suivre ses sorties avec précision. Il calcule ses allures au kilo, ses temps de passage, et même il les compare avec ses copains. Il s’amuse parfois à comparer ses chronos d’une année sur l’autre et à essayer de comprendre pourquoi il a été moins bon ou meilleur. Il calcule les heures de sommeil qu’il lui reste à dormir avant une compet (et il a soigneusement pris le temps de calculer à quelle heure il fallait mettre le réveil en fonction du nombre d’heures qu’il doit manger avant le départ de la course), et le nombre de grammes de mueslis qu’il va mettre dans son bol au petit déjeuner. Bref, tout est question de chiffres, comme si ça la rassurait de se dire que courir, c’est scientifique !
le coureur culpabilise
Sa plus grande spécialité, culpabiliser ! S’il a le malheur de devoir raccourcir sa séance, ça risque de le faire ronchonner et même peut être que la séance d’après il essaiera de se rattraper et de se rajouter 1 ou 2 séries! Et alors s’il a un empêchement, et qu’il ne peut pas faire autrement que de faire sauter l’entraînement (bon il aura retourné le problème dans tous les sens pour essayer de trouver un moyen de se réorganiser pour pouvoir quand même la caser…), il s’en voudra atrocement. Même parfois trop ou mal manger, le fait culpabiliser. Oui parce qu’un coureur, souvent, ça fait un peu attention. Les kilos en trop, il les retrouve sur ses chronos. Du coup, les restaus avec les collègues, un peu mais pas trop !
Le coureur soigne son apparence
Il veut avoir le plus bel équipement. Tant qu’à faire, la même marque que son athlète préféré, ça pourrait encore plus le motiver. Certes, il ne va pas en boite de nuit mais il aime prendre soin de lui et avoir des belles tenues aussi : coloris jolis et assortis. Il aime être bien rasé, il a l’impression d’être plus léger. Par dessus tout, il déteste sentir qu’il a pris des bourlets ! Il aurait trop l’impression de se négliger et de toute façon il n’a qu’une seule chose en tête, s’affuter ! Il aime bien se faire prendre en photo, il souffre dans l’effort mais il aime et il trouve ça beau…d’ailleurs il se rue sur le site de la course le dimanche soir ou le lundi matin pour voir s’il ne se voit pas en photo quelque part !
le coureur anticipe, il est prévoyant
Il planifie toutes ses courses de l’année. Il prend ses dossards bien à l’avance pour être sûr de ne pas s’y prendre trop tard et d’arriver après la clôture des inscriptions. Pour chaque course il aura bien pris le temps d’aller chercher tous les renseignements afin de savoir à quoi il peut d’attendre vraiment (Profil, distance, météo, type de terrains…) et en conséquence prévoir ses entrainements, son équipement et aussi ses ravitaillements. Il va scruter tous les jours le site Internet de l’évènement au cas où il y aurait des nouveautés mises en avant. Il jette un œil à la liste des inscrits en même temps, ça peut le motiver de savoir à l’avance qu’il y va y avoir devant… !
le coureur exagère
Il a toujours fait la plus belle course de sa vie…pendant laquelle il n’avait jamais autant souffert ! Il a rencontré des difficultés comme il en a jamais vu, c’était horrible de courir dans ces conditions : des rivières à traverser, presque il fallait se mettre entier dedans et nager ! Des passages ultra techniques, il s’est tordu la cheville une dizaine de fois mais il a quand même réussi à finir en rampant jusqu’à l’arrivée…Il a fait 2 ou 3 hypos parce qu’il a loupé le ravito et que dans son Camel back, il n’y avait plus d’eau. Il a croisé des animaux, des petits mais aussi surtout des gros !
le coureur espionne
Il cherche toujours à savoir ce que fait le voisin et de quelle manière. Comment il s’entraîne, combien de fois par semaine, est ce qu’il fait autre chose que courir de sa vie… Il regarde comment se préparent ses athlètes favoris à l’approche de leurs compétitions et comment ils récupèrent après. Il scrute les forums et fait même les réponses et les questions en se disant que de cette manière il pourra éclaircir ses interrogations. Il épluche les profils Facebook des uns et des autres, il commente et réagit, c’est chouette, il a vraiment l’impression d’avoir pleins d’amis !
J’ai employé le masculin parce qu’il paraît qu’il l’emporte toujours sur le féminin dans la grammaire française, mais vous l’aurez compris, tout cela se décline aussi au féminin ! 😉
Sylvaine CUSSOT
(article également paru dans « Running pour elles » Octobre/Novembre »)