Vous avez dû en entendre parler, le marathon du 4 novembre dernier n’a pas eu lieu, et pour cause: le passage de l’ouragan Sandy en début de semaine a fait d’énormes dégâts…
Les coureurs ont donc passé la semaine dans le doute quand au déroulement de l’épreuve. Dans un premier temps validé par l’organisateur, puis par le maire de New York, il a été annulé le vendredi, soit deux jours avant la course… sous une pression certaine des habitants et des associations qui se retrouvaient pour une grande partie les pieds dans l’eau, sans électricité, et qui ne pouvaient comprendre qu’une telle organisation soit mise en place, alors que la population avait besoin d’aide.
L’avis de la majorité des coureurs et du monde de la course à pied allait dans ce sens: il ne fallait pas courir ce marathon, et plus concrètement, on ne pouvait pas. Pourtant dans les heures qui suivirent, on voulait encore le faire avec dans l’esprit que rien ne doit s’arrêter malgré la catastrophe.Concrètement, pouvait-on envoyer plus de 40 000 coureurs dans les rues de New York abîmées par les flots, retournées par le vent, avec toute la sécurité et la logistique que cela demande? Pouvait-on déployer tant de moyens pour les coureurs alors que la population était en souffrance?
Il paraît évident que ça n’aurait pas pu se concrétiser. Pourtant, on a longtemps laissé penser aux coureurs que ce serait le cas! Des coureurs qui se sont entrainés pendant des mois, mais qui ont surtout déboursés de 2 à 3000€ pour s’offrir l’aventure, le rêve d’une vie… Et qui se sont fait « piéger » par une annulation tardive. Le maire Michael Bloomberg a encore répété le vendredi matin que l’épreuve se tiendrait mais ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il l’a annulé…Beaucoup, beaucoup trop tard: les coureurs avaient fait le voyage et venaient d’atterrir. Au sortir de l’avion, la nouvelle arrivait aux oreilles des coureurs. Amélie Mauresmo, reconvertie à la course à pied depuis quelques années, déclarait: » Même si je comprends bien évidemment les raisons qui ont poussé l’organisation et la ville à prendre cette décision, je trouve incroyable d’avoir laissé penser aux participants que cet évènement pourrait avoir lieu ! Quand on voit toute la reconstruction qui reste à effectuer à Manhattan, mais également autour c’est incompréhensible.. Bon courage à ceux qui ont été touché par l’ouragan Sandy. »
Le témoignage est éloquent. On savait pourtant dès le mercredi l’ampleur des dégâts. Pour rétablir le système électrique de la ville, il aurait fallu deux bonnes semaines… Mais les coureurs ont atterri. Une grande partie d’entre eux ont tenu à courir dans New York et Central Park, certains ont même tendu la main aux habitants pour apporter un peu d’humanité. Si les habitants n’ont finalement pas été lésés par l’organisation, les coureurs eux l’ont été sans aucun doute. D’ailleurs, des centaines de plaintes sont menées contre le voyagiste (il n’y en qu’un pour New York: Thomas Cook) et réparations sont demandées contre le maire et l’organisation. Dans un article du Nouvel observateur, l’avocate des plaignants, Maitre Christine Charpentier s’insurge: » Ce n’est pas l’annulation en elle-même qui pose problème, mais les délais dans lesquels elle a été décidée par les organisateurs. On a été pris au piège ».
Certains ne pouvant s’empêcher de penser qu’on a laissé volontairement venir les coureurs… Mais où est la vérité? Voici le témoignage d’une coureuse: » Pour comprendre, il faut l’avoir vécu. Cela ne m’aurait pas posé de problème de ne pas y aller du tout. Mais le fait qu’on ait attendu que l’on soit sur place pour annuler le marathon n’est pas correct. Manhattan n’a subi aucun dégât. Je n’ai certes pas eu de chauffage la première nuit, mais il ne faisait pas froid. En France, j’ai eu une coupure de courant pendant 2 semaines en plein hiver avec des températures négatives. Je n’ai pas souhaité pour autant qu’on annule telle ou telle course. On nous a considéré comme des portes-monnaies ambulants. Ce que l’on n’a pas montré aux infos, ce sont les New-Yorkais qui fêtent le match de basket telle une victoire de l’OM à Marseille, les files d’attentes aux spectacles de Broadway. Ayant économisé pendant 2 ans et voyant toute ces fêtes autour de moi… «
« Manu » sur Wanarun s’exprime avec raison: « J’espère que les assurances verseront les indemnités […] Pour éviter les longues procédures judiciaires, il aurait suffit d’annoncer tout de suite l’annulation du marathon et le remboursement des coureurs. « Sans oublier avec justesse d’avoir une pensée pour les habitants de la Grande Pomme.
Désormais démarre une autre épreuve, qui espérons ne prendra pas l’allure d’un » marathon judiciaire « .
Mathieu BERTOS