Tout comme Patrice, Patrick, athlète sponsorisé par i-run, était lui aussi au départ de cette grande grande aventure: la diagonale des Fous !!
Avec son abandon en 2009, sa motivation était d’autant plus grande cette année pour boucler cette course … Et en 2012, il est FINISHER !!
Le récit de sa course le prouve !
En 2009, j’avais tenté une première fois cette Diagonale des Fous. Mon entrainement avait été très axé sur la course à pied, plus accessoirement sur la montagne et les randos courses. Résultat : fin de l’aventure à mi-parcours, à Cilaos, avec un chrono de 18h mais un manque d’envie, de motivation et une petite douleur à la cuisse qui me servi de prétexte à l’abandon.
En 2012, fort de cette expérience, je décidais donc de tenter à nouveau l’aventure. L’entrainement était, cette fois ci, très axé sur les sorties en montagne et plusieurs week-end chocs de randos courses. Mentalement, je me suis également bien préparé puisque je me projetais régulièrement sur la course et m’apprêtais à souffrir mais à finir. Seule inquiétude, une contracture chronique au mollet droit qui pouvait venir contrarier mes plans. Et cette année, il s’agissait de fêter le 20ième anniversaire de l’épreuve. Les organisateurs devaient donc nous gâter avec une distance, jamais atteinte jusqu’alors, de 170km et un dénivelé positif de 10845m.
Petite anecdote : ayant été le premier à retourner mon certificat médical à l’organisation, j’avais le dossard n°1. Cela me permis d’intégrer le team I-RUN et de porter leurs couleurs, équipé par Salomon. La pression était donc à son comble mais avec un tel parcours, rien n’était fait.
Le départ a eu lieu le jeudi 20 Octobre à 22h à Cap Méchant, au Sud de l’Ile de la Réunion dans une ambiance très festive, l’Ile toute entière vivant pendant 3 jours au rythme de la course. Les télévisions locales couvrent en permanence l’épreuve et de très gros moyens sont mis en œuvre pour suivre l’évènement au plus près.
Craignant que mon mollet droit ne fasse des siennes, je décidais de partir en queue de peloton pour ne pas risquer de me laisser entraîner par un rythme trop rapide et de réveiller ma contracture qui survient toujours durant la première heure de course. Cela m’exposait à faire la queue, à de nombreux endroits, dans la montée vers le volcan mais mon objectif étant de terminer, je pouvais me permettre de perdre un peu de temps dans cette montée ; il resterait suffisamment de distance ensuite pour trouver mon rythme de croisière. Je commençais donc à remonter petit à petit et tout les concurrents lorsque le chemin le permettait. Le mollet tenait bon bien que la pluie se soit invitée 1km après le départ pour ne pratiquement plus nous quitter pendant 24h.
Nous étions 2662 concurrents au départ. Mon premier pointage officiel à Foc Foc, au 29ième km, me situait en 1782ième position. Au 35ième km, j’étais 1725ième, les sensations étaient bonnes et je trottinais dés que cela était possible. Or, la boue vint rajouter à la difficulté et rendait les appuis très aléatoires. Les ravitaillements se succédaient environ toutes les 3 heures de course. Je m’arrêtais 10 à 15mn à chaque fois pour m’alimenter, faire le plein d’eau et changer de chaussettes environ toutes les 6 heures.
Réglé comme un métronome, je continuais ainsi et mon classement m’amenait successivement aux places suivantes : 1527ème, 1474ème, 1231ème et j’arrivais à Cilaos au 72ème km en 18h21mn56s en 1164ème position et avec 3990m de dénivelé positif dans les jambes. Les textos de mes proches et de mes amis, qui me suivaient sur le site de l’épreuve, commençaient à arriver et m’encourageaient dans la poursuite de mon périple. Les sensations étaient toujours bonnes, le moral aussi, les pieds tenaient le coup et un arrêt de 45mn me permis de me restaurer et de me changer entièrement. Il fallait repartir pour affronter la deuxième nuit. Pour moi, commençait alors l’inconnu, je n’avais jamais été au delà de Cilaos…
– Serais je obligé de m’arrêter pour dormir ?
– Les pieds et les jambes allaient ils tenir ?
– Je n’avais jamais dépassé les 100km …..
[nggallery id=200]
Et pour repartir, une longue descente avant d’attaquer une interminable montée vers le col du Taïbit. Tel un métronome, je gardais mon rythme, parfois seul mais le plus souvent en petit groupe de 3 ou 4. La nuit s’invita très tôt et après avoir franchi le col et une belle descente, j’arrivais à Marla, après 85km de course, à 21h30. J’étais alors à mi-parcours, à la 809ème place avec un dénivelé positif cumulé de 5370m. Un quart d’heure de pause, ravitaillement, changement de chaussettes et c’était reparti vers le Sentier Scout, puis Ilet à Bourse et Grand Place les Bas au 104ème km où j’arrivais à 4h29 en 578ème position. Les pieds commençaient à s’échauffer et je décidais de me rendre à l’infirmerie pour faire un état des lieux. Tout allait relativement bien, des ampoules allaient probablement arriver dans les prochains kilomètres et il allait falloir gérer la course avec.
Je repartais donc vers Roche Plate puis Maïdo Tête Dure et une terrible montée en pleine chaleur. Les réunionnais étaient très nombreux sur ce parcours et multipliaient leurs encouragements, aidant ainsi à se surpasser. J’arrivais au poste de Maïdo Tête Dure (121ème km, 8600m de dénivelé positif cumulé) à 10h57 en 516ème position et avec des ampoules aux deux pieds et un gros coup de chaleur récupéré dans la montée du Maïdo. Mais le moral était toujours au beau fixe et le mental ne me faisait pas perdre de vue mon objectif : aller au bout de mon rêve, justifier les mois passés de préparation et finir la course. Mais il restait encore prêt de 50km de course et encore de belles montées et descentes.
Et pour commencer, une interminable descente vers Rivière des Galets où je décidais de m’arrêter prêt d’une heure, le temps de me restaurer et de me changer entièrement. Je ne pouvais plus trottiner et me contentais d’un rythme de marche soutenu, sans trop penser à mes ampoules, seul le plus souvent et très rarement accompagné. J’arrivais à la Possession à 20h18 en 485ème position après 46h18mn et 21s de course (9580m de dénivelé positif cumulé). La cible était verrouillé : le Stade de la Redoute. Les jambes tenaient le coup, le sommeil commençait à se faire sentir mais sans plus, je ne devais plus penser à mes pieds, je continuais à boire, à m’alimenter, à me restaurer aux ravitaillements (juste ce qu’il faut) de manière régulière, ce qui me permis de ne pas avoir un seul coup de barre.
Je pensais à mon intégrité physique, à mes enfants et faisait une profonde introspection. Ces moments étant propices à ne penser qu’à l’essentiel : que la vie est belle. Je reprenais mon périple après mon quart d’heure de pause et arrivais au poste du Colorado à 1h39 du 3ième matin depuis le départ, en 479ème position après 51h39mn05s et 165km de course. Il ne restait plus que 5km mais de descente avec 3 belles ampoules à chaque pied. Je descendais en marchant sur des œufs, d’un pas qui n’avait rien d’assuré mais je finissais quand même en courant à 3h19 après 53h19mn et 39s de course en 474ème position. Je venais de faire 170km et 10845m de dénivelé positif et négatif et j’avais enfin mon maillot de finisher avec la mention « J’ai survécu » et la médaille de la course.
Je n’en revenais pas. Malgré l’heure tardive, des amis m’appelaient pour me féliciter ayant suivi ma course sur internet. Je venais d’accomplir l’impossible, je n’étais pas exténué. Fatigué, oui mais totalement lucide. Pas de taxi ou de bus, à cette heure là, je devais donc remonter à mon hôtel à pied. Une demi heure plus tard et 150 m plus haut je retrouvais ma chambre, la douche, je soignais mes ampoules, belles mais sans plus et tombais dans les bras de Morphée. Je n’avais pas dormi depuis plus de 67 heures et je venais de découvrir ce dont mon corps et mon mental étaient capables. Une véritable aventure à la découverte de soi.
Formidable épreuve qui me laisse des souvenirs et des images plein la tête, qui force au respect et à l’humilité, qui vous ramène à l’essentiel et donne un sens à beaucoup de choses.
Merci à tous ceux qui m’ont soutenu. Je suis fier de ne pas les avoir déçu et je dédie cette épreuve à mes trois enfants qui m’ont donné la force de survivre…
[nggallery id=201]