Vous connaissez sans doute un peu ce bonhomme au visage souriant mais à l’attitude discrète et humble.
Dawa Sherpa est une des premières figures du trail, et quelle figure pour cette discipline qui au final lui ressemble : discrète, pour les passionnés et les amoureux de la nature, qui la respecte et par la même vous rend humble.
Bien sûr, comme tout cette discipline s’est modernisée et développée mais l’esprit d’origine est toujours là en toile de fond comme pour garantir l’authenticité.
Dawa est né au Népal dans la région de l’Everest, le 3 novembre 1969. Il est issu d’une famille de neuf enfants. Ses sept années de monastère avant de travailler comme cuisinier dans les treks, suivi d’une formation de guide de montagne ont sans doute été les graines qui ont fait germer ces qualités d’athlètes et d’humain. Puis à l’occasion d’une course en Suisse en 1994 où on lui avait demandé de participer, il rencontre sa future épouse et s’établit dans ce pays où il travaille la semaine dans une entreprise de bâtiments.
Son palmarès?
« Impossible » à énumérer, long comme le bras! Des places et des victoires chaque année depuis plus de 15 ans! Et puis, ce n’est pas après cela que cours Sherpa. Si vous tombez sur l’article de Sport&Vie, hors série n° 36, vous apprendrez que ce n’est pas un athlète hors-catégorie. Une Vo2Max de 70ml/min/kg, il est vrai qu’on a déjà vu plus impressionnant (bien que ça fasse rêver beaucoup d’entre vous!). Il a sans doute une résistance musculaire au dessus de la moyenne, mais c’est surtout son éducation monastique qui lui apporte beaucoup: « c’est vrai, je me sers au quotidien de l’enseignement reçue au monastère » confirme -t-il. » Le corps et l’esprit doivent être en communion. Le stress, la jalousie et l’envie sont les 3 choses qui causent le plus de dégâts chez l’homme. J’essaye de n’en être ni le sujet, ni la victime. »
Dawa est un vrai amoureux de la nature.
Il lui arrive de penser aux plantes ou aux fourmis qu’il écrase en courant. Mais c’est surtout quelqu’un qui est détaché de l’esprit ultra compétitif. » Certains sont prêts à mourir pour être les premiers et écraser tous les autres…d’autres sont tellement tétanisés par l’enjeu qu’ils perdent tous leurs moyens avant même d’avoir fait un mètre. Personne ne vous oblige pourtant à aller plus vite que vous ne le pouvez « . Pourtant, ces dires ne convainquent pas tout le monde… Guillaume Millet, prof de physiologie et grand traileur lui aussi, dit qu’il a envie d’être devant comme n’importe quel coureur. Toutefois il dit que s’il peut terminer avec quelqu’un, il le fera. (Il a partagé 4 fois la 1ère place du podium).
Dawa Sherpa est rarement blessé,
paraîtrait-il qu’il n’a jamais eu de tendinite et d’entorse! » Je suis toujours à l’écoute de mon corps et ralentis quand je souffre. Je suis fabriqué comme tout le monde… ». Le même Millet tempère à nouveau, rappelant qu’il est arrivé déshydraté à la fin de l’épreuve « Merrel Oxygen Challenge« . Mais il arrive sans doute à moduler sa douleur avec l’expérience acquise dans les monastères. Son éducation a d’abord subi un choc en arrivant dans le monde moderne et civilisé, mais il a gardé la sagesse et l’empathie qui le caractérise. Effaré par le matérialisme du monde occidental, bien que tête d’affiche chez Quechua, il sait s’en détacher. C’est quelqu’un de profondément gentil et d’abordable. En pleine dédicace de son livre Les cinq vies de Dawa Sherpa (par Luc Beurnaux chez Outdoor éditions), c’est celui qui va se lever de sa chaise pour prendre une photo avec vous, et vous demander sur quelle épreuve vous êtes, pour finir par vous souhaiter bonne chance. C’est celui qui ira serrer la main de Guillaume Beauxis sur le Grand Raid des Pyrénées quand ce dernier qui le suivait jusqu’alors dû abandonner sur blessure. C’est aussi la personne qui accepta de représenter son pays aux JO d’hiver à Vancouver et à Turin, alors qu’il n’était monté sur des skis qu’à l’âge de 34 ans. Il termina les deux fois dans les tous derniers du 15km skating, mais il fut ravi de l’expérience qui compte dans sa vie de sportif.
Désormais, il est plein de projets.
Un livre sur lui va sortir. Il aimerait bâtir une piste de ski et une station de sport d’hiver au pied de l’Everest. Il s’est investi dans la construction d’une école monastique et d’un dispensaire. Il a également créé la Solukhumbu Trail, une course de 300km avec un dénivelé de 25 000m pour faire découvrir son pays. Il subvient également au besoin de sept neveux et nièces placés dans un pensionnat de Katmandou.
Longue vie à Dawa Sherpa!