Vous nous direz ce que vous en pensez, mais moi j’aime que les champions soient abordables.
Cela devrait être une des principales qualités. Parce que, faire des sourires à la caméra et dans les journaux, accorder des interviews, c’est très bien, mais si c’est complètement différent de ce qu’on est vraiment, ça n’en vaut pas la peine…
Il faut être soi-même et ne pas jouer un rôle! A moins que sa personnalité soit comme ça, là… on n’y peut rien, c’est juste dommage je trouve. Certains d’entre eux sont très sollicités, et là ça se comprend: être demandé, pressé, débordé…ils sont aussi humains, ce ne sont pas des machines! C’est aussi au coureur, voir au fan que nous sommes de ne pas jouer les « geeks », les mouches à m… Oui! Parce que certains se comportent aussi mal que des paparazzis en quête de sensationnel, j’en ai vu!!
Malgré ces tumultes, le champion qui passe et vous décroche un sourire, qui s’arrête pour la énième fois pour prendre une photo de plus, avec vous cette fois-ci, c’est top. C’est top parce que même si c’est aussi un peu dans son « job », ça veut dire qu’il ne voit pas uniquement la foule comme un groupe, mais qu’il y a bien des personnes qui la constituent, qui vous apprécient, qui vous suivent.
Un champion devrait être aussi disponible. On ne peut pas se l’approprier et avoir des exigences, on se doit toujours de le respecter. Mais j’ai déjà croisé des champions nationaux et internationaux au détour d’un stade, ou en pleine ville, et je trouve génial de pouvoir déjà décrocher un signe de leur part. Imaginez-vous un athlète en préparation olympique, à qui on demande une photo pendant son footing, qui revient à la fin, fait le tour du grillage et vous fait un super sourire… TOP! On peut dire c’est un grand seigneur, c’est royal, c’est tout ce qu’on veut, je dirais que c’est « humain ». Avant tout humain envers des personnes qui font le même sport que vous et qui vous admirent. Le champion court pour des objectifs personnels ou pour marquer son passage dans son sport, mais la reconnaissance et l’admiration sont données par ceux qui vous suivent. Le monde du sport n’est pas que média et marketing!
Et comme le champion est avant tout humain, j’aime les preuves d’humanité. Dit comme ça, c’est bizarre. Mais en réalité, c’est très simple, aussi simple que le fait de répondre à un bonjour. Aussi simple que de se retrouver à un endroit et de répondre à quelqu’un qui a engagé la conversation avec vous. J’ai déjà croisé des champions qui font même l’effort de répondre en français! C’est vraiment très agréable! Même si c’est en anglais, c’est top de pouvoir échanger quelques mots avec un champion. Et encore plus génial quand on a fait la même course, de parler de ses sensations, de la façon dont on a vécu l’épreuve… Quelques fois on peut même être surpris de se voir poser des questions pour savoir un peu qui on est! Après tout, moi aussi j’aime savoir un minimum avec qui je parle quand je ne le connais pas.
C’est la simplicité et l’humilité. D’accepter son statut mais de rester tel qu’on est, éviter le syndrome des chevilles qui enflent. Parce qu’un champion qui se vante de ses exploits à tout va, personnellement, ça ne m’intéresse pas. On n’a pas le droit d’oublier qu’on a un statut différent qui nous permet d’évoluer au plus haut niveau, soutenu par des communes, des marques, des gens… D’ailleurs, bien des champions qui ont vécu une enfance difficile ou modeste conservent l’humilité que leur statut social ou leur éducation leur imposent implicitement. Du coup, ils gardent en mémoire qui ils sont, ils sourient… Au départ d’un meeting, en finale olympique ils sourient. Même battus ils sourient encore!! Je n’ai pas cité de noms mais vous aurez sans doute deviné à qui je fais allusion. Tout le monde ne sourit pas, et ce n’est en aucun cas une marque qui valide la définition de champion. Mais ça donne une dimension supplémentaire à celui qui le porte, une aura.
Un champion pour moi est également quelqu’un de généreux: dans sa disponibilité (comme je l’évoquais plus haut), mais il me semble qu’il doit l’être avant tout dans l’effort, dans ce qu’il donne au public. Servir des causes, s’impliquer dans son sport est encore autre chose. Certains le font pour l’image, d’autres pour redonner ce qu’il ont reçu pendant des années. Tant qu’au fond la cause sert à quelqu’un, c’est bien là le principal!
Et puis finalement, si un champion du plus haut niveau mondial réunit ces qualités, c’est génial, mais j’aime aussi retrouver ces qualités humaines chez un champion régional, départemental même. A chacun sa dimension bien sûr, mais la dimension humaine est bien essentielle. En plus, beaucoup de champions continuent leur sport par passion une fois qu’ils ont fini d’être à « leur top niveau ». C’est aussi un peu grâce à eux que le flambeau est transmis, car nous les avons admiré, puis nous les imitons, nous nous en inspirons…
Dites-vous bien qu’un papy que vous croisez faisant encore son footing ou sa marche, est peut être un ancien champion. Alors, soyons modeste, ça aussi c’est une belle qualité de champion!
Mathieu BERTOS
[nggallery id=180]