Il paraît que ça fait partie de la vie de tout athlète, la blessure ! C’est assez rare de passer à côté. Il y en a certes des plus graves que d’autres, mais la plupart entrainent un arrêt de la pratique…et ça, on n’aime pas…
Pour ne pas dire, on ne supporte pas. Et je sais de quoi je parle, je suis moi-même en ce moment en plein dedans (ma cheville est d’ailleurs à l’honneur chez Trail Session, j’espère que ça ne va pas l’empêcher de dégonfler) ! Parallèlement à la période de convalescence physique, s’installe une sorte de convalescence psychologique. Si si, étape par étape, on arrive à admettre qu’il va falloir…se reposer et attendre patiemment que ce vilain bobo soit bel et bien soigné avant de repartir sur le bitume ou les sentiers galoper !
-1ère étape, le jour J, supporter la douleur
Le jour du drame. Il y a l’avant et l’après. On allait super bien, pire même, on était dans un état de grande forme pour ne pas dire en phase ascendante, et bim, c’est la grosse cata ! Une chute, un mauvais mouvement, un truc de toute façon qui s’est mal fait ou mal passé, et la douleur la voilà. On la sent, elle est bien là. On a bien pensé essayer un « retour rapide » mais y’a qu’à la télé ou sur la chaine Hifi qu’on peut faire ça…Un cauchemar ? On va se réveiller, ça va aller…On ignore, on n’y pense pas, on va l’oublier cette douleur. Mais quelques minutes après, elle s’intensifie, c’est fini. Le cauchemar est bien réalité.
-2ème étape, de J à J+2, constater l’ampleur des dégâts
Pas la peine de faire semblant que tout va, ça ne va pas. On s’est blessé et il va bien falloir l’accepter. Et puis il est encore temps d’espérer, on ne sait pas encore vraiment ce qu’on a. Y’a un truc qui cloche mais reste à savoir quoi. Pas de panique, mais en général on en fait quand même une affaire d’état. On imagine le pire, on commence déjà à s’imaginer trépigner dans le canapé. En fait, on psychotte carrément quoi ! On pose pleins de questions autour de soi, on va voir sur des forums pour se renseigner et on essaye aussi de « s’auto-soigner ». Parfois on se dit que peut être, comme ça, avec le temps, ça va passer…et même si on se dit aussi « tu peux toujours rêver » !
3ème étape, de J+2 à J+5 accepter la blessure
Une fois le diagnostic fait (oui parce qu’au bout de 2 jours, on se décide à aller consulter, en espérant trouver une solution plus rapidement), y’a plus trop moyen de moyenner…Le verdict est tombé, au mieux quelques jours d’arrêt, au pire, quelques mois (on va oublier les années parce que dans ces cas là, le paragraphe sur la douleur, il aurait fallu le rallonger !). Alors d’abord on commence à pleurer, ensuite on a quelqu’un qui va essayer de nous rassurer, nous remonter le moral, nous sortir des trucs du genre, « ça fait partie du métier », « on en revient toujours plus fort », « patience, ça va vite passer »…C’est plutôt vrai tout ça, mais alors à ce moment là, on n’a vraiment même pas envie d’y croire ! On a juste envie de se lamenter, de regretter d’avoir louper un truc, et d’être dégoûté.
4ème étape, à partir de J+5, se réorganiser
Alors en général à ce moment là, on peut être un peu désagréable pour son entourage. Selon les cas, les caractères des uns et des autres (et le type de blessure aussi !), soit on est trop silencieux et on en devient presque ennuyant, soit on l’ouvre trop et on devient vraiment saoulant ! Enfin dans tous les cas, y’a rien qui va, et on se plaint tout le temps. On n’a pas encore envie de se l’avouer, mais on va bien devoir trouver des « activités » pour compenser ce manque qui commence déjà bien à s’installer…Le plus difficile c’est de trouver l’activité qui va ET nous intéresser, ET pouvoir nous défouler autant que la course à pied (donc nous calmer), ET nous faire oublier qu’on est blessé (euh non, en fait ça c’est pas possible), ET ne pas aggraver ce bobo si mal venu.
5ème étape, dépendamment des cas, entre J+1 et J+15 ! relativiser et positiver
A force de l’entendre, on finit par le croire et le comprendre. Y’a toujours pire situation, on est là, vivant, la vie est belle. Alors on respire, on se reprend, on va prendre son temps et avec un peu de patience et de bonne volonté, ça devrait bien se passer. Etape par étape, on réorganise sa vie. Et même parfois, on reprend goût à certains trucs qu’on avait un peu oublié, ou auxquels on n’avait plus le temps de s’attarder. On prend conscience des personnes qui comptent vraiment pour nous, parce que quand ça ne va pas, elles sont là. Elles nous soutiennent et nous aident à aller de l’avant. Et avec du recul, on accepte la devise « tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort »…Alors on le sait, on va revenir avec une grosse envie, plus motivé que jamais et de cette blessure, on aura appris ! Et d’ailleurs si on détaillait les étapes qui suivent on parlerait « douleur qui s’estompe » et « reprise en douceur » …
Sans rentrer dans des débats religieux ou de croyances, je suis de ceux qui pensent que les choses n’arrivent pas par hasard…Et qu’il faut donc les accepter, et en retirer les conclusions et les conséquences qui en découlent. Plus facile à dire qu’à faire, c’est certain.
Mais gardez à l’esprit une chose, avoir mal, ça veut dire EXISTER.
Sylvaine CUSSOT