Dans la famille, en fait, on est tous drogués ! La course à pied, c’est notre sujet préféré (vous pouvez vous moquer, on assume et même, ça nous fait souvent rigoler), et on adore se retrouver pour partager des moments autour de cette passion commune.
Toutes les occasions sont bonnes pour chausser les baskets ensemble : Un footing le dimanche matin avec nos amis Free-Run au bois de l’Epau, le marathon du Médoc déguisé en coccinelle, libellule ou papillon, les 24h de la course à pied à Brette les Pins…Bref, transpirer ensemble, on aime et on en redemande !
Cette année, l’un des défis choisi, c’était Berlin et son célèbre marathon. Je n’ai malheureusement pas pu être de l’aventure, mais c’est avec grande émotion que j’ai suivi ma maman (Lorianne), mon beau père, (Fred) mon frère (Thomas), ma sœur (Vincianne) et son chéri (Laurent) dans leur périple allemand. Et de retour en France après quelques jours de l’évènement, avec leur joie ou leur déception, ils sont revenus sur leurs ressentis respectifs.
Concernant le marathon en lui-même, tous sont unanimes : « des conditions climatiques idéales (frais et ensoleillé), et une organisation presque sans faille : « Point très positif, il y avait des toilettes, des points de massages à certains ravitos ainsi qu’une présence des secouristes importante », explique Fred. Côté ambiance, rien à redire non plus : « c’est vraiment une grande fête. Pas un mètre ou tu n’es pas porté par le public. Du monde partout, tout le long du parcours, des spectateurs vraiment très enthousiastes. »
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Côté course, chacun revient avec SON expérience et SON récit personnel, je n’ai pas pu m’empêcher de leur demander de nous raconter. Lorianne et Fred reviennent déçus, ils sont en dessous de l’objectif fixé (3h33 pour Fred qui visait un chrono autour des 3h, et 5h01 pour Lorianne qui espérait les 4h45). Mais souriants quand même d’avoir partagé ce défi commun et de l’avoir aussi préparé ensemble.Thomas et Vincianne reviennent avec la sensation de devoir (très bien) accompli ! 3h29 pour lui et 2h59 pour elle ! Pile poil l’objectif visé…What else ? 😉
« Ce marathon je l’avais bien préparé, suivi mon plan à la lettre, réalisé toutes les séances, même les difficiles, j’étais plutôt confiante, mon objectif était raisonnable ET réalisable (4h45). Seulement voilà il y avait cet autre défi personnel en même temps : passer outre ma phobie de l’enfermement et prendre l’avion pour me rendre à BERLIN. Deux défis en un ! Tant qu’à faire, autant faire difficile ! » Explique Lorianne.
Fred dit tristement: « Je suis volontairement parti sous un rythme en dessous, à partir du 14ème kilomètre j’ai commencé à avoir des décharges électriques aux jambes puis des douleurs à la cheville gauche qui à partir du 32ème m’ont fait définitivement lâcher prise. A partir du 35ème j’ai marché jusqu’au bout pieds nus… (j’avais changé de chaussures un mois avant et je penses avoir fait une grossière erreur malgré mon ressenti lors des séances précédent la course). »
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Place à la course vécue de l’intérieur maintenant. Lorianne et Thomas nous racontent, kilomètres par kilomètres…
-du départ au 30ème, la mise en route, les premiers espoirs, les premières sensations, mais déjà Lorianne l’a senti mal engagé…
« Dimanche 8h45 je prends place dans le sas H 4h15 et +, ça papote dans toutes les langues, tiens des français !! Une grappe de ballons bleus s’envole dans le ciel, le 1er départ est donné ; pour nous il faut encore patienter ; il ne fait pas froid et il ne pleut pas, mais là où nous sommes il n’y a guère de distractions possibles pour dissiper le stress inévitable du départ.
Les minutes défilent lentement !!! Ca y est c’est notre tour : 9,8 ,7 …2,1 top, le groupe s’élance, une vingtaine de minutes après les 1ers,. Je vérifie la montre, l’accéléromètre, tout fonctionne, je déclenche au passage sous l’arche de départ. L’allure me convient : environ 6 :30 au kilo ; à cette allure normalement au bout de 2-3 km je devrais être prête à accélérer en 6 :15 et m’y tenir au moins jusqu’au semi mais je me rends vite compte, avant le km 5, que je vais « galérer » ce coup là, aucune sensation dans les jambes, aucune énergie, la douleur lancinante depuis le départ dans l’épaule droite à cause d’une périarthrite calcifiante qui se réveille de temps en temps mais bien sur aujourd’hui, et déjà des picotements dans les cuisses.
Je maintiens le même rythme, sans plus, sachant déjà que mon chrono va exploser. Passé le km 10 la douleur dans l’épaule a disparu, c’est déjà ça, et je retrouve un coup de mieux ; je vais peut-être limiter la casse. Le 1er semi me parait interminable ; j’avais prévu admirer la ville, je me concentre sur ma foulée ; je veux aller au bout. Abandonner ?? jamais !!!!!!!!!! je finirai quoi qu’il arrive.
Enfin j’en termine avec cette 1ère partie : 2h20 et je suis « à la ramasse » ; coup au moral. J’ai fait une erreur de choix de chaussures, les « newton trail » tapent trop sur le bitume j’ai mal aux pieds ; j’ai fait toute la prépa avec mais sur des chemins ou en forêt ; le ressenti n’est pas le même ; je n’ai jamais eu mal lors de mes sorties longues. En plus j’ai du mal à respirer, c’est nouveau ça !! je n’avais encore jamais ressenti cette sensation d’avoir le larynx serré ne laissant passer qu’un filet d’air bien insuffisant pour oxygéner les muscles, je dois encore ralentir mais je tiens le coup , 24, 26 , 28 , 30, 3h24 de course ; je pause tous les 2 km ; j’attends le km 34 car une surprise m’y attend je le sais. »
-Pour Thomas, une première partie de course plutôt encourageante et motivante!!
« 8h50: le départ sera bientôt donné, je me sépare de mon vieux pull dont la destinée était d’être abandonné. Je me demande ce qui m’a bien pris de m’engager dans une folie pareille et comment il est possible que nous soyons plus de 40000 à en avoir fait autant. VDM.
Premiers kilos, je fais mon possible pour trouver ma place dans la foule et mon rythme dans la course. Tout le monde à l’air de me doubler, je me demande si je peux faire confiance à mon GPS quand il me dit que je suis pile poil à la bonne allure pour mon objectif de 3h30. Je décide que oui.
Semi: je me sens super bien, j’ai le rythme, j’ai les jambes, j’ai le souffle. La foule s’est clairsemée et je bénéficie d’un matelas de 5 minutes d’avance qui pourra me servir par temps de vache maigre. J’entrevois l’objectif.
25km: coup dur, mon Garmin me lâche: mémoire circuits saturée ! P***** mais je savais pas que la mémoire pouvait saturer ! J’aurais dû accorder plus d’importance aux messages d’erreur qu’elle me délivrait depuis quelques sorties et que je n’ai pas cherché à comprendre. Je m’en veux, mais je lui en veut plus encore: je lui éclaterai bien le cadrant ! Plan B, je dois faire le reste aux sensations… Je crains de perdre le rythme mais je décide de me faire confiance et de me donner à fond. »
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Et comme tous les marathons, dans la seconde partie de course, on tire vers le rouge…
Et le 30ème passé, une autre type de course démarre pour tous les 2: au mental ! Lorianne se raccroche au « mur des messages » pour se remonter le moral:
« Km 32 dépassé ; plus que 10, c’est rien 10 km ; les musiciens me cassent les oreilles et toujours la foule partout, tous ces gens qui sont là pour nous encourager, et les bénévoles aux ravitos qui sourient en tendant les gobelets, quel boulot ils vont avoir pour nettoyer tout ça ! A l’approche des stands la route est glissante et collante ; attention à ne pas tomber, manquerais plus que ça !! .
Km 33,5 je vois le mur, noooon pas le mur du marathon, le mur des messages. Je cherche le mien ! facile y’en a qu’un en français ; je n’ai que le temps de le lire, il a déjà disparu, remplacé par d’autres, qui donneront à d’autres coureurs la force de continuer. Merci Vincianne, je laisse couler une petite larme mais il faut repartir y’a encore de la route à faire. Km 36 la tête veut, le corps ne veut plus !! aller c’est maintenant que mes entraînements de marche athlétique vont m’être utiles (merci Gérard) . Je repère un autre marcheur et je m’accroche à ses baskets, il n’a pas l’air d’apprécier que je me tape l’incruste, il accélère.
Même pas en rêve que je vais le lâcher ; j’adopte le même rythme et c’est lui qui lâchera vers le km 40 que je passe en 4h45 ; à mes côtés une dame courre, finalement je vais aussi vite qu’elle en marchant et je souffre moins des jambes. Le km 41 est passé je vois la porte de Brandebourg ; pour l’honneur je recommence à courir maiiiis elle est ou l’arrivée ????? c’était un leurre cette porte il reste encore au moins 600 m ; effectivement je vois un peu plus loin le km 42 ; cette fois c’est bien fini 5h01. J’aperçois Fred à la sortie des barrières, finalement il a eu la patience de m’attendre, je suis rincée, épuisée, vidée; déçue, 16 mn de plus que mon objectif mais mes deux défis ont été relevés …. Enfin pas tout à fait, il me reste encore à prendre l’avion du retour !!!!!!!!! »
Et Thomas se pense plus à rien d’autre qu’à passer cette fichue ligne d’arrivée!
« Les 30km approchant j’ai la jauge qui flirte sacrément avec la réserve. Je me prépare à devoir passer au mental dans quelques kilos. 30km passés, je commence à doubler plus que l’on me double et je sens que l’objectif est atteignable.
Je commence à compter à rebours et à minimiser mentalement l’importance de ce qu’il me reste à parcourir. 35km, j’ai fini de switcher en mode mental. Je suis dans le dur. Mes jambes sont fébriles. Les balises kilométriques jouent avec mes nerfs. Je m’accroche à mon rythme mais je sens que je ralenti… Je m’interdis formellement de passer à côté de ce marathon. Je ne rentrerai pas bredouille. J’ai trop saoulé Juliette ces 3 derniers mois et ai sacrifié trop d’heures à ma préparation pour accepter d’échouer si près de la fin. Pas possible. Niet. Nein.
40km: je suis out. Il reste tellement rien pourtant… S’accrocher, surtout ne pas s’arrêter. Je sens qu’on me double plus que je ne double. Je mets un pied devant l’autre autant que faire se peut, et j’essaye de ne pas penser à chaque pied que je dois encore avancer.
41km: je ne me rappelais pas qu’un kilomètre puisse être aussi long. La porte de Brandebourg en ligne de mire, je jette mes dernières forces dans la bataille. Au niveau de la porte, je réalisé que ça n’est pas encore l’arrivée. Il doit rester de 500 à 800 mètres pour en terminer. Je suis horrifié. Je viens de cramer tout ce qu’il me restait. Mon corps pèse 300 kg et mes jambes sont des poids plume.
Une montagne de souffrance plus tard, la ligne. 3h31 au compteur, avec le temps puce je sais que ce sera bon même si je ne sais pas encore à combien exactement. Je l’ai fait !!! »
RDV donc en 2013 pour le prochain objectif familial!! 😉
Sissi and family