Le sprint, c’est un domaine bien à part dans l’athlétisme. Si on loue souvent le décathlon comme une épreuve collective, où les athlètes se montrent entraide et grand respect, le sprint s’apparente plus à de la boxe. Dès les séances d’échauffement, les athlètes rentrent dans leur bulle. Et une fois arrivés sur la piste, ils ont envie d’en découdre, de montrer les dents, de sortir toute cette tension !
Souvent, ils fanfaronnent, montrent leurs muscles volumineux qui forment un corps de gladiateur, prêt à lutter. Même en conférence de presse, c’est l’intox, ils montrent qu’ils ne craignent personne.
Accentuée par cette règle du faux-départ bien plus déterminante que dans les autres épreuves, la tension qui règne dans les starting-blocks est palpable sur les visages des sprinteurs.
Mais…
Même si l’atmosphère est toujours la même, certains athlètes font fi de la pression et au contraire la détournent par des attitudes tout à fait atypiques, toujours dans un but inavoué d’attirer la lumière sur eux.
Parmi eux, citons Maurice Greene, ancien recordman du monde du 100m (9″79 à Athènes en 1999). Exceptionnel partant, il démontrait sa motivation en roulant des épaules et en tirant largement la langue. Comparé à ses concurrents de l’époque, il se démarquait totalement en faisant ces mimiques devant les caméras, avançant sur la piste ! Il construisait ainsi sa légende, lui qu’on surnommait le « pitbull », en parallèle d’une carrière riche en titres : 2 médailles d’or olympiques et 5 d’or aux championnats du monde.
Pendant cette époque à cheval sur les années 90/2000, un autre membre des USA, Jon Drummond, adorait faire le pitre, d’une façon autrement détendue ! Il captait la caméra par un regard charmeur, se relâchait totalement en soufflant tel un cheval qui évacue l’air par les naseaux. Mais vous le connaissez sans doutes pour ceci : https://www.youtube.com/watch?v=Cxn7yaOfEoY. Aux championnats du monde à Paris en 2003, il avait refusé pendant presque une heure de quitter la piste après que les juges l’aient éliminé pour un faux-départ… » I DID NOT MOVE! » criait-il aux juges, prenant le stade à témoin. Il fut un excellent athlète, avec un record en 9″92 au 100m, détenant 2 médailles d’or aux championnats du monde et 1 en or aux JO avec le relais 4 * 100m.
Pas tellement pitre mais très… « coquette », Gail Devers, exceptionnelle sprinteuse sur plat (10″82 au 100m) comme sur les haies (12″33 sur 100m haies), s’est aussi faite connaître par son look atypique. Portant un large chignon et des boucles d’oreilles, c’est en fait ses ongles qui attiraient les regards: ils étaient démesurément longs ! Faisant plusieurs centimètres, elle les colorait de différentes manières à chaque fois, souvent de façon extravagante ! Il était toujours curieux de la voir se placer sur la ligne de départ… où d’ailleurs, elle ne posait quasiment que les poings et non les doigts ! Sa carrière fut exceptionnelle, auréolée de 12 médailles d’or olympiques ou mondiales!
Dans les années 2000, Bernard Williams se plaçait dans la lignée d’un Drummond, qu’il a d’ailleurs cotoyé. Il obtint 2 médailles d’or olympique et mondiale avec le relais 4* 100m, et détient des records à 9″94 sur 100m et 20″01 sur 200m. Sa particularité ? Faire le pitre, grimacer devant la caméra ! Il adorait (et nous aussi) froncer les sourcils, placer sa main sur son visage tel une star de cinéma, ou encore faire les gestes de Superman qui s’envole… avant d’éclater de rire ! Sa manière à lui de rentrer dans l’épreuve. Ah, ces américains !
Puis vint Usain Bolt… Le roi Usain, sprinteur qui est rentré dans la légende avec ses records d’extraterrestres, ses titres, mais également ses facéties. Le signe avec les bras visant la lune EST sa marque de fabrique, qui le mystifie quelque peu et qui est repris et imité par bien des sportifs de tous horizons. Mais c’est également un vrai rituel, qu’il exécute à chaque fois: parler à la caméra, se passer les mains sur le visage (du style « personne n’est au dessus de moi ») et finir en pointant le ciel du doigt… A l’arrivée, c’est carrément une danse qu’il exécute devant les spectateurs ! Usain a fait des émules car les sprinteurs se sont nettement détendus à ses côtés sur la ligne de départ, où d’habitude on pouvait sentir une concentration extrême. En témoigne Asafa Powell, qui fut d’ordinaire assez stoique, mais qui est désormais tout sourire !
Terminons cette liste d’exemples (que vous aurez loisir de compléter !) par une vidéo qui a fait le buzz cet été. C’est celle de la jeune australienne Michelle Jenneke, qui a eu une façon bien à elle d’exécuter son échauffement juste avant les séries du 100m haies, aux championnats du monde junior à Barcelone. Une véritable danse, qui n’a pas amputé la course qui a suivie puisqu’elle l’a emporté ! https://www.youtube.com/watch?v=tMgmYutL9W0 . Elle termina 5è de la finale.
Décidément, on ne s’ennuiera jamais avec les sprinteurs!
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