Cette course, on en entend tellement parler, que quand on commence à se passionner pour les trails et les gros dénivelés, on est forcé un jour d’y mettre les pieds.
Les « petits » trailers comme moi (les débutants quoi ! ou les petits joueurs c’est selon), qui ne s’aventurent pas (encore !) dans des distances démesurées comme celles des Ultras, disent souvent quand ils y vont pour la 1ère fois, « ils sont fous ceux là, jamais j’ferais ça ! » J’ai envie de leur répondre, « on en reparlera ! » Bon en tout cas pour ma part, ce n’était pas encore cette année que j’avais envie de m’y « frotter »… Mais y aller pour supporter ma moitié et vivre l’aventure à ses côtés, j’étais une nouvelle fois super emballée !
L’an dernier, la « CCC », une aventure qui est restée gravée. Alors forcément cette année, c’était tentant d’y retourner pour l’UTMB… Quel que soit le résultat, je savais que j’allais vibrer ! Et puis aller sur une course en spectateur, ça fait du bien aussi parfois. On vit les choses complètement différemment. Indépendamment de la raison pour laquelle on y va, on peut stresser et griller de l’influx tout autant, croyez moi !
Quelques lignes pour vous faire partager un peu tout ça…
Un jeudi glacé et mouillé…
Départ de la course vendredi à 18h30, on prévoit d’arriver sur place le jeudi soir. Avant de partir les infos météos récupérées ici ou là étaient claires et unanimes, il faut se couvrir, là bas il fait froid ! Sur la route, on a vite compris, à peine passé Lyon, on était déjà sous la pluie…la joie des embouteillages, on a presque l’impression d’avancer à reculons…on était à l’heure, mais finalement on va finir par être en retard ! La conférence de presse ne nous attendra pas, on va louper le début et pis voilà ! Quand Gaston est là, c’est comme ça… 😉
19h on y est, la conférence de presse n’est pas encore finie, on entre dans la salle sans faire de bruit, et on se fait tout petit. Ça risque de traîner un peu tel que ça semble parti…Catherine Poletti au micro entourée de ses athlètes favoris : ASICS, SALOMON, ADIDAS, NORTH FACE, LAFUMA, NEW BALANCE….. La grande famille des grands trailers réunie. Pas de doutes, l’UTMB, c’est bien ici !
L’estomac commence à grogner, mais il faut passer au retrait des dossards avant que ça ne soit fermé. Et puis comme ça, ça sera fait, on n’aura pas besoin demain de venir y perdre de l’énergie inutilement ! Magique, pas un chat, en 5 minutes, on l’a ! Contrôle du matériel obligatoire dans la foulée, c’est bon, on peut aller rejoindre nos copains du team Asics pour la soirée.
Un vendredi matin incertain…
Pour les coureurs c’est une journée qu’on peut trouver un peu… « Longuette » ! Quand on est préparé et fin prêt, on a hâte de s’élancer et jusqu’au soir, on n’a pas fini de s’impatienter. Chacun sa manière de s’occuper. Certains préfèrent rester assis dans le canapé, d’autres se cherchent des activités pour ne pas penser ni stresser. Nous, on a d’abord commencé par se prendre un super bon petit déjeuner. Et puis ensuite on comptait aviser…
finalement on a dû passer en mode « tenter de s’informer ». Des rumeurs commençaient à se faire entendre, la course pourrait être annulée, ou juste décalée, ou juste parcours modifié. Enfin de toute façon, il fallait se débrouiller pour aller se renseigner. Direction, le village des sponsors et des partenaires, les chalets. Ça tombe bien, on devait passer voir quelques personnes, et on n’avait pas encore eu le temps d’y aller. Pas le top pour éviter de piétiner, mais plutôt sympa pour papoter et se changer les idées. Annonce officielle faite, le départ est décalé à 19h et les coureurs ne passeront pas tous les sommets, trop risqué. Distance réduite à 100km… Manu, ça l’fait pas vraiment rigoler, pour ne pas dire: il est un peu dégoûté. Mais a priori, toujours aussi motivé et prêt à sortir les crocs quand le moment sera venu ! 😉
Mais une fin de journée pour se motiver !
Encore quelques heures avant le début des hostilités… ça tombe plutôt bien, j’ai une séance à caler ! Et celle là, c’était hors de question que je la fasse sauter. Et puis comme ça, Manu pourra se reposer sans m’avoir dans ses pattes à le déranger. Baskets, k-way, gants, collant, c’est bon j’ai la panoplie du coureur frileux. Des 1’/1’ en côtes, je me suis REGALEE ! Retour 14h, il faut manger, pour un départ à 19h, ça laisse les 3h syndicales pour digérer. Nouveau parcours à étudier, les conseils du coach à écouter, une tenue adéquate à enfiler et rapidement c’était l’heure d’y aller… Tout était bien calé, où, quand, qui, quoi pour les ravitaillements. L’essentiel c’était de gérer pour laisser les coureurs exprimer leurs talents et ne pas leur faire perdre de temps inutilement avec cette logistique un peu lourde et contraignante forcément….Manu était dans sa bulle depuis déjà un moment, dans ces cas là c’est plutôt bon signe, ça veut dire qu’il est bien dedans !
Sur place une foule monstrueuse ! L’arrivée de la « CCC » se chevauche avec le départ de l’UTMB, alors on comprend la problématique. Entre les supporters des coureurs qui prennent le départ de l’UTMB, les spectateurs de l’arrivée de la « CCC », les coureurs, les journalistes et photographes… ça fait du monde à se bousculer. Enfin de toute façon on ne pouvait pas s’attarder, il fallait filer au premier ravito avant même que le départ ne soit donné… ça y’est, le notre d’UTMB, il avait bien commencé!
Les Houches, en guise d’apéro.
Suivre la tête de course, c’est sympa, mais au final on fait tout vite et on a parfois l’impression qu’on ne profite pas. Dès qu’ils sont passés, il faut filer, la suite de la course, on n’a pas vraiment le temps de s’y attarder. Bon pour cette fois c’était différent parce qu’avec les modifications de parcours, ça laissait quand même le temps d’accéder à chaque ravitaillement sans avoir à risquer sa vie pour arriver à chaque passage à temps. Direction, les Houches pour le 1er ! Déjà pas mal de spectateurs sur place, ils attendent patiemment pour encourager l’un des leurs sûrement. Je retrouve Erik, Céline, Enzo et Pascalou là bas, l’occasion de se raconter un peu nos vies, c’est ça l’attente aux ravitos aussi, passer du bon temps avec des amis ! Pour le moment la météo se maintient, gris et triste mais pas de pluie, tout va bien.
On entend la cloche sonner, la tête de course est sur le point d’arriver ! La grande question c’est, qui va pointer le bout de son nez en premier ?? Et là tous les espoirs sont permis, on attend, on regarde, on trépigne, on s’impatiente et quand on le(la) voit, on sourit et on crie !!! Souvent, on n’est même pas sûr qu’il(elle) nous a entendu et/ou vu, mais on était là et on est content de l’avoir soutenu. Manu passe 6 ou 7, pas très loin de la tête. La bataille ne fait que commencer, c’est encore trop tôt pour pronostiquer…
Saint Gervais, c’était l’entrée.
Direction Saint Gervais pour la suite des événements ! En voiture, ça roule, on y accède rapidement. En courant c’est autre chose forcément…La nuit commence à tomber, et la pluie à s’intensifier. Les choses sérieuses vont commencer ! Sono, speaker, ravitailleurs, tout est prêt et bien carré à Saint Gervais. Pas super pratique la manière dont ils ont organisé le truc, toutes les entrées sont bloquées, difficile d’accéder pour les personnes qui n’ont pas de laissez-passer ! Bon de toute façon, personnellement je préfère me positionner en aval ou en amont, y a moins de monde, c’est moins la cohue, et on a plus de chance que nos encouragements soient entendu.
Les 1ers arrivent, apparemment les écarts se sont un peu creusés mais sur une course aussi longue tout peut encore basculer ! C’est ça qui rend les choses encore plus palpitantes aussi…..je scrute chaque coureur annoncé en espérant voir le mien arriver. Le voilà ! Dans un groupe de 3 je crois…mais ceux qui sont avec lui, je ne les vois même pas, je suis concentrée sur Manu pour essayer de voir s’il va bien ou pas. A priori ça semble aller, on peut continuer…
Les Contamines, plat principal…
Prochaine étape aux Contamines ! Et là bas, on prévoit de les voir 2 fois. Il paraît qu’ils y passent une fois, qu’ils grimpent au col du bonhomme, qu’ils redescendent et repassent au même endroit. Autant dire qu’on est bon pour camper quelques heures ici…ça tombe bien, on a soif et faim et j’ai bien cru voir qu’il y avait de quoi. Enfin d’abord on va s’occuper des coureurs, c’est quand même pour ça qu’on est là. Une grosse tente a été installée, c’est convivial là dedans, on est tout serré ! En fait à cause de cette pluie, tout le monde essaye de s’abriter et contrairement à Saint Gervais, ils n’ont pas l’air aussi à cheval sur les laissez passer. Ça peut avoir des avantages d’être souple sur ces choses là, mais là c’est vite devenu n’importe quoi. Même les coureurs étaient gênés pour traverser… Presque à devoir se faufiler à travers ce chapiteau rempli de fauves enragés ! C’est bon, on trouve un endroit au sec pour se positionner. Juste derrière Patrick de Running Café ! Ça m’a fait bien plaisir de le croiser. Et pas très loin apparemment, la « WEBTV ». Clung clung, un SMS, « hey Sissi, j’te vois à la télé » ! Ah ben oui, j’étais filmée dis donc.
A peine le temps d’en rigoler, que ça commence à débouler. Toujours les Salomon en tête et le Suédois d’Asics qui s’accroche bien. Impressionnant le peu de temps qu’ils s’arrêtent aux ravitaillements…hâte de voir Manu passer et de savoir comment il est. On prend les écarts. Ces attentes sont interminables ! Et le pire c’est que quand ils passent, on n’a même pas le temps d’en profiter…Je l’aperçois ! il s’arrête au milieu, hum, ce n’est pas bon signe quand il fait ça…bidons changés, il repart avec de quoi boire et manger, pas d’autres signes particuliers sur une autre éventuelle difficulté, on verra comment les choses vont évoluer…
Mais une chute nous a privé de dessert !
Bon ben il fait soif ! On a 2 heures environ avant de les voir repasser, alors nous aussi on va aller se ravitailler ! 😉
On n’est pas les seuls apparemment, le bar/restaurant est plein à craquer de supporters qui cherchent un peu de lumière et de chaleur pour se réchauffer. Demi pêche commandé, et le téléphone de Manu (je fais la secrétaire pendant ses absences) qui sonne. Numéro inconnu, c’est peut être un(e) ami(e) qui veut des nouvelles, je prends l’appel. Cette voix, je le connais bien, c’est celle que j’entends dès le levé chaque matin…M….e !! Manu ! il ne va pas bien, il me dit qu’il est tombé et que depuis il a trop mal pour continuer. Je sens dans sa voix cet air triste et désespéré. Il est glacé, je l’entends grelotter. J’essaye de savoir s’il est certain de vouloir arrêter. Mais apparemment c’est terminé. L’UTMB, ça ne sera pas pour lui cette année…
Ces mois de préparation à s’acharner, à ne rien lâcher, des heures à s’entraîner, à transpirer… Tous ces sacrifices qu’il a fait, et être obligé d’abandonner. Décision qu’il aurait dû mal à avaler, je le savais. Mais à quoi bon persister quand la machine est cassée ? Cette décision, il l’a prise contraint et forcé mais ces choses là, ça fait aussi partie du métier.
J’ai donc récupéré mon paquet tout cassé et tout gelé! Pas de dessert, ni de digeo et pas non plus d’after d’ailleurs, mais l’envie de rebondir et de prendre une revanche bientôt. Il faut savoir positiver les défaites aussi! 🙂
Sylvaine CUSSOT