Et non, on n’en a pas encore terminé avec ce fameux UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) !
Retour sur un WE fort en émotions..!
L’Ultra Trail du Mont Blanc, c’est THE événement. On en parle beaucoup, avant, pendant et après… Mais promis c’est bientôt terminé. Un p’ti dernier juste parce qu’on y était et qu’on voulait vous raconter, pour peut être à vous aussi, vous donner l’envie (ou pas !) prochainement de venir vous y frotter. Cette année, c’était un peu particulier, parce que pour beaucoup, ce n’était pas vraiment le « vrai » UTMB. En effet, à cause des conditions météo vraiment trop compliquées, les organisateurs ont dû mettre en place le plan B. Au dernier moment, parcours modifié, avec quelques kilomètres et quelques sommets en moins. Par la même occasion, départ et arrivée décalés et un peu de magie qui, avec tout cela, s’était envolée…Mais bon, il faut l’avouer, cet événement reste quand même une course qui fait rêver.
4 lettres et 2 coureurs finishers (merci et bravo à vous 2, Nico F. et Cécile B.!) qui viennent témoigner sur cette belle et grande Aventure !
U comme Ultime
Quand on vient sur l’UTMB, c’est qu’on est habitué des trails et des dénivelés. Ne s’inscrit pas ici n’importe qui qui aurait envie de faire une « sortie ». Et nombreux sont ceux pour qui cette épreuve reste longtemps un rêve qu’ils pensent presque impossible à réaliser. Un peu comme un pistard qui n’oserait pas se lancer sur un marathon… L’Ultra c’est déjà l’étape au dessus des trails longs. Et celui-ci en particulier, c’est le summum de ce qui puisse exister. La référence, le symbole, l’icône, l’aboutissement de ces heures de travail acharner à s’entraîner. Pour les chanceux qui parviennent à la terminer, c’est donc juste un rêve qui devient réalité. Et d’ailleurs, on s’en aperçoit bien à l’arrivée : entre les cris de guerre qui sont poussés, les bras vers le ciel qui sont levés, les embrassades et mains dans les mains entre coureurs qui se sont entre-aidés, on en ressent des émotions fortes quand la ligne s’apprête à être passée.
Première participation pour Nico:
« Mon ou plutôt mes objectifs étaient tout d’abord de finir cette épreuve, car les barrières étant assez restrictives et étroites finir l’UTMB dans les délais c’est une 1ère victoire.
Ensuite l’UTMB représente un rêve, mais un rêve à réaliser afin de se prouver à soi même qu’on en est capable, capable de repousser encore plus ses propres limites, et en allant dans ces extrêmes, se connaître mieux, une introspection profonde durant ces longs moments d’efforts.
Ensuite le cadre merveilleux du Mont Blanc fait juste rêver, et c’est une telle chance de courir, fouler ses sentiers, partager la même course avec des champions, des amateurs qui partagent tous la même passion, la passion du sport, du dépassement de soi propre à l’ultra, ainsi que la passion de la nature et de sa protection. »
T comme Téméraire
Parce qu’il en fallait du courage pour prendre le départ d’une telle course dans de telles conditions. Depuis jeudi soir notre arrivée, la pluie n’en finissait pas de tomber. Les températures avaient également gravement chuté, bref, difficile de se croire encore au mois d’août. Et puis surtout là haut, à 2000m de dénivelé, c’était apparemment bien enneigé (non non, je n’y suis pas montée pour vérifier). 168km, ça fait pas mal d’heures à galoper, et 9500Md+, ça fait aussi quelques sommets à grimper…bref, pour être sûr de pouvoir se donner la chance de passer la ligne d’arrivée autant dire qu’il fallait s’y préparer : Physiquement et psychologiquement déjà quelques mois avant la date fatidique, mais bien évidemment surtout le jour J. Tenues de commando obligées (on ne voyait dépasser que le bout de leur nez !), et moral d’acier regonflé.
Nico nous explique:
« Ma préparation fut commencée juste après la diagonale en novembre 2011.
J’avais donné tout l hiver pour récupérer et faire du foncier. Ainsi, j ai pu entretenir le dénivelé et les sorties longues au »Mont Ventoux » où je m’entraîne 2 fois par mois, durant la semaine, quelques fractionnés au bord du canal du midi et dans les coteaux du Lauraguais près de Toulouse où je travaille.
Au printemps et au début de l’été des gros blocs WE rando course dans les Pyrénées et un WE reco du parcours de l’UTMB sur 3 jours.
Côté Compet, je m’étais programmé une course toutes les 3 semaines en moyenne afin de favoriser la recup. (format allant de 18km à 46 km).
Durant ma prepa j’ai eu la chance de pouvoir bénéficier des précieux conseils de Maud Combarieu (nutritionnels notamment le naturel plutôt que ces gels qui inondent le marché…).
Pour finaliser ma préparation j’ai intégré plus de vélo afin de préserver les articulations, et j’ai gravi le Ventoux 2 fois (côtés sud et nord) avec mon frère et cela 15 jours avant l’UTMB.
Ensuite quelques petits footings mais surtout beaucoup de repos, faire du jus et bien dormir et s’alimenter… Puis attendre le jour J »
Cécile épuisée sur la fin s’excuse…!
« Les moments durs sont je pense communs à tous les coureurs qui ont affronté les éléments : la pluie… sans discontinuer toute la nuit, le sentiment de ne pas savoir où nous allions puisque nous n’avions pas vraiment repérer le parcours. Moralement c’est épuisant en fait, je m’en rends de plus en plus compte alors que j’étais très « à l’arrache » sur mes courses. Et les 10 km avant Argentière… Je m’excuse auprès de tout le monde, les arbres, les petits oiseaux, la nature, d’avoir été aussi vulgaire… Je crois que j’aurais été capable de tuer quelqu’un à coups de bâtons dans ce tronçon qui n’en finissait pas de grimper ! »
M comme Magique
Tout est fait pour rendre cette course exceptionnelle. L’ambiance qui y règne, les moyens matériels et humains mis en place pour la faire exister, l’engouement des spectateurs qui viennent y assister. 4 courses organisées ça fait presque 10 000 coureurs qui espèrent gagner leur polo « finisher » à l’arrivée. La ville de Chamonix, le massif du Mont Blanc et ses vallées, pendant 4 ou 5 jours sont sur-peuplés. Les terrasses des cafés et les restos sont inondés, les hôtels depuis plusieurs mois annoncent complet ! Écran géant à l’arrivée, musique en boucle qui n’en finit pas de nous faire vibrer, le speaker qui sait mettre les mots pour motiver et encourager.
Des moments forts pour Cécile….
« Qu’on le veuille ou non, le départ est quand même un moment très fort, la musique, la foule, tout est là pour vous faire frissonner. En plus pour la première fois j’avais mes enfants avec moi qui d’habitude ne viennent jamais sur course. C’était génial de les embrasser avant de sortir de Chamonix mais surtout évidemment de passer la ligne d’arrivée avec eux. Autre moment fort, quand j’ai retrouvé par hasard, même si on se demande s’il y a bien un hasard dans tout ça, Stéphane avec qui en 2011 j’étais descendue sur Courmayeur à fond pour chopper la barrière horaire. Lui avait rendu son dossard à ce moment là, moi un peu plus loin. J’ai immédiatement décidé que quoiqu’il puisse arriver, nous allions finir ensemble, ce que nous avons fait. »
Comme pour Nico!
« 3 minutes avant le départ, il est 19h, ce vendredi 31 août 2012. Un clip résume en images et avec l émouvante musique de Vangelis, les 9 éditions précédentes… Dawa Sherpa en 2003, Vincent Delebarre, Marco Olmo l’italien vainqueur à 58ans… Puis Kilian à 3 reprises… Puis l’édition 2012…NOUS…!!! On va écrire une page de l histoire …!! Des frissons me parcourent, mes poils s’hérissent, je regarde vers le ciel tout sombre et menaçant et j’ai une forte pensée pour mon papa qui veille sur moi tout là haut… Puis je vais aussi courir (comme toutes les courses) pour mon petit cousin qui est sur un fauteuil et rêverait d’être à ma place… Une immense émotion puis c’est le départ enfin ! «
B comme plan B
On en a déjà parlé de ce changement de parcours de dernière minute. Et ça a fait des vagues, je peux vous l’assurer ! Parce que côté organisation, il a fallu être réactif et méthodique pour le mettre en place : communiquer largement (SMS envoyés aux coureurs, news sur le site internet, communiqué de presse envoyés… entre nous dans ces moments là, merci au bouche à oreille qui a le mérite d’exister), retracer le parcours tout en gardant quelques difficultés qui font de cette course un grand événement, rebaliser, réorganiser les ravitaillements… Et tout ça, ça prend de l’énergie et du temps ! Ensuite côté coureurs, c’était une toute autre bataille qui s’annonçait. 70km en moins, ce n’est pas rien. Et ça a valu les forfaits de quelques favoris qui ont préféré ne pas s’aligner pour se concentrer sur d’autres futurs objectifs. Pour d’autres, c’est aussi l’occasion de se dire, « je reviendrais »!!
Julien CHORIER (Team SALOMON) l’a d’ailleurs annoncé publiquement le jour du départ:
« Je me suis préparé physiquement et psychologiquement pour un objectif qui était l’UTMB, l’un des plus grand défi dans la vie d’un compétiteur, je comprends la décision de l’organisation due aux conditions climatiques.Toutefois, je ne me retrouve pas dans cette nouvelle course qui ne répond pas à mes attentes : 100Miles autour du Mont Blanc. Je préfère me concentrer sur mes prochains objectifs, notamment ma tentative de record sur le GR20 en Corse. Je me tiens disponible de 16h à 17h dans le hall de l’hôtel Mercure pour vous faire part de mon état d’esprit et de ma stratégie de fin de saison. »
Pour Nico, c’était une décision nécessaire pour assurer la sécurité des coureurs:
« Le parcours ayant été réduit et fort heureusement pour préserver la sécurité et l’intégrité des coureurs, je serai présent l’an prochain, en espérant être tiré au sort… Au début un peu déçu de ne courir que 103km mais au final ravi d’avoir pu terminer, malgré les conditions dantesques. «
Une édition qui restera donc gravée dans l’histoire de l’UTMB ! Un grand bravo à tous les coureurs et coureuses qui ont su braver les difficultés qu’ils aient ou non terminé…!
Sylvaine CUSSOT avec les témoignages de Cécile B. ET Nico F. ( photo organisation – Cyril Bussat)
Les résultats (détaillés et complets sur le site: http://www.ultratrailmb.com/)
Scratch Hommes:
1-François D’Haene (Team SALOMON France)- 10h32
2-Jonas BUUD (Asics Suède)-11h03
3- Michael FOOTE (North Face Etats-Unis)-11h19
Scratch Femmes:
1-Elisabeth HAWKER (North Face Royaume Uni)-12h32
2-Francesca CANEPA (Team VIBRAM Italie)-13h17
3-Emma ROCA (CEC Espagne)-13h23
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