Les jeux olympiques ont permis de mettre en lumière une technique qui se développe depuis plusieurs années et qui semble envahir tous les stades : le bandage neuro musculaire ou k taping. Très caractéristique par ses couleurs bleu, rose fluo et noir, on voit apparaître depuis peu des bandages verts et jaunes sur la peau de divers athlètes quasiment sur toutes les parties du corps.
Loin d’assurer un seul intérêt esthétique, ces bandes ont un rôle très précis et leur action va faire appel aux mécano récepteurs de la peau pour assurer diverses fonctions que sont:
– les effets tonifiants sur un muscle ou un groupe musculaire
– un effet détonifiant
– un effet drainant au niveau lymphatique
Toutes ces actions auront un but antalgique exploitable immédiatement au niveau du sport mais les indications sont multiples et ne se limitent pas aux seuls terrains de sport.
En effet, on les retrouve en traitement d’appoint de la plupart des spécialités où la douleur musculaire, tendineuse, articulaire ou circulatoire est présente.
Il ne s’agit pas d’un remède miracle fantaisiste qui s’apparenterait à une potion magique car il n’y a rien de magique dans cette technique.
En effet, le collage sur la peau fait appel aux mécano récepteurs qui sont présents partout, sur la totalité de notre enveloppe corporelle et qui réagissent aux différents stimuli que sont le contact, les éléments thermiques etc…
Contrairement au strapping qui aura essentiellement comme action la contention pour limiter un mouvement, le bandage neuro musculaire est actif avec une tension zéro.
On serait en droit de penser qu’une simple bande posée à même la peau et qui a un effet antalgique contient un anti-inflammatoire comme le Flector ou autre textile contenant des nano substances qui diffusent au niveau de la peau par capillarité. En fait, ces bandes ne contiennent que de la colle qui sert à les faire adhérer, elles ont un principe élastique qui leur permet d’agir de manière active et pas seulement comme contention passive.
Connues depuis de nombreuses années, elles semblent de plus en plus présentes dans les techniques de soins par ses diverses applications et surtout parce qu’elles permettent de réduire la douleur tout en permettant de conserver l’amplitude des mouvements, ce qui est assurément un plus dans le milieu sportif.
Ces bandes peuvent être utilisées en complément d’autres traitements fonctionnels classiques et elles seront utilisées comme nous l’avons vu pour réduire la douleur mais aussi les œdèmes par une activation de la circulation sanguine et lymphatique et accélérer le processus de réparation des lésions. Le soulèvement de la peau avec le mouvement crée une sorte de palper rouler permanent qui s’assimile à celui d’un praticien qui effectuerait un massage sur la zone de manière permanente.
Cependant, il faut être très clair, si elles agissent sur la douleur elles ne traitent pas la cause et elles seront un traitement provisoire d’appoint, qui ne limitera pas la pratique d’un sportif dans un épisode algique en lui évitant de prendre un produit anti-inflammatoire susceptible de figurer sur la liste des produits interdits, de même dans un cadre thérapeutique traditionnel, cela permettra de limiter les effets d’une douleur aiguë, encore une fois en limitant la prise de substances anti-inflammatoires.
On parle d’effet provisoire car ces bandes n’adhèrent que quelques jours sur la peau avant de se décoller même si elles résistent très bien à l’eau, mais surtout il faudra veiller à trouver rapidement la cause de ces douleurs de manière à agir de façon plus globale et réduire un trouble statique ou un problème musculo squelettique.
Il semble que depuis peu ces bandes soient vendues comme un article constituant une aide au sportif.
Si l’utilisation de ces bandes parait simple et reproductible, l’apprentissage auprès d’un staff technique (kinés, ostéos, podologues du sport et médecins du sport, ou coach sportif) peut s’avérer nécessaire pour comprendre le mécanisme et bénéficier au maximum des propriétés de ces bandes.
D’ailleurs, de plus en plus de praticiens sont formés et voient dans cette technique des résultats efficaces pour une facilité à être utiliser de manière pratique.
La liste est consultable sur le site de l’académie du k taping http://www.k-taping.eu/fr/t_liste.php
Ce qu’il faut retenir c’est que : plus que la bande elle-même, c’est la manière de la poser qui lui permet d’assurer ses propriétés et ses principes actifs.
En effet, la bande est pré-tendue à 10% et sa tension de pose peut aller de 0 à 100% ce qui veut dire que sa longueur peut doubler par étirement.
Les tensions proches de 0 seront plutôt utilisées pour la technique de drainage des oedemes et de certaines douleurs aiguës
A contrario, on utilisera des tensions de 10 à 50 % pour les problèmes de tonus musculaires et on utilisera des tensions de 100% dans les techniques de correction posturale et des techniques de correction fonctionnelle et dans ce seul cas, cela peut être assimilé à un strapping mais cela agira pour provoquer une stimulation sensorielle et faciliter ou limiter un mouvement donné.
Le sens de tension par lequel on place la bande aura des effets contraires suivant que la traction se fait dans un sens ou un autre de la contraction musculaire.
Un aspect qui n’a pas encore été évoqué est un rôle d’action sur les fascias (enveloppe musculaire) très souvent sièges de pathologies et dans ce cas le k taping sera la pour ré-orienter ou repositionner un fascia et permettre une meilleure contraction musculaire dans le sens voulu par la physiologie articulaire.
Dans le même ordre d’idée, on pourra s’en servir sur des cicatrices pour permettre d’éviter des adhérences de la peau préjudiciables pour la reprise d une activité.
Nous touchons donc du doigt que même si la pratique de base permet d’obtenir des résultats, il n’en demeure pas moins que des montages plus complexes peuvent être envisagés mais requièrent dans ce cas des connaissances anatomo-physiologiques d’un professionnel qualifié.
Comme toute technique nouvelle, elle a ses détracteurs pour qui il semble que les résultats soient trop bluffants pour être vrais. Je dirai à tous ceux la, qu’à titre personnel, j’ai voulu me former à cette technique car j’ai moi-même été «tapé» dans une phase de lombalgie aiguë et récurrente. Le bien ressenti ne s’est pas fait attendre alors que la souffrance semblait ne pas vouloir cesser depuis de longs jours.
Par ailleurs, de nombreuses études scientifiques ont été réalisées comme celle entre autre de Paul D STONEMAN en 2008 sur la réduction des douleurs d’épaules. Mais le champ d’application semble si vaste qu’il serait difficile de donner ici toutes les études publiées sur le sujet.
En conclusion, je dirai que si nous avons vu les aspects positifs du K taping, il convient de dire qu’il y a quelques contre indications:
– On ne tape pas directement sur les plaies car les bandes ne sont pas stériles
– La sensibilité cutanée par réaction à la colle contenue dans les bandes (qui peut aller de simples démangeaisons à une rougeur cutanée) existe mais c’est assez rare
– Le manque d’adhérence sur une peau grasse et non sèche et chez des sujets ayant une sudation corporelle importante
– Dans le cas de traumatismes sévères , d’autres voies thérapeutiques devront être trouvées
– Dans le cas de pathologies avec manifestations récurrentes et pour lesquelles un diagnostic plus approfondi sera nécessaire pour permettre de traiter efficacement et de manière durable le trouble fonctionnel avéré
Je terminerai en disant que comme tout traitement ou technique visant l’amélioration d’un état douloureux ; l’effet doit être positif ou neutre. Dans le cas contraire, les bandes devront être enlevées.
Il sera donc utile de connaître tous ces paramètres pour se faire une idée de cette technique et qui à mon avis sera de plus en plus utilisée dans les traitements d’appoint non invasifs.
Podologue du sport