Patrick, athlète i-run est en pleine préparation de la Diagonale des Fous. Vous ne le manquerez pas, il portera le dossard N°1. Il nous raconte avant tout son épreuve du Célestrail de début juillet.
Pour la première année, dans le cadre de l’Andorra Ultra Trail, les responsables organisaient une épreuve de 83 km pour 5000 mètres de D+, le Célestrail. J’avais décidé quelques mois plus tôt de m’y inscrire dans le cadre de ma préparation au Grand Raid de la Réunion.
Le départ était donné le vendredi 6 Juillet à 21 heures dans une ambiance chaleureuse, digne d’une telle aventure. Le temps limite était de 24 heures. Trois jours avant, le mardi 3 Août, lors d’un dernier entraînement, tout en souplesse, surgissait une contracture dans le mollet droit, mon point faible. Abattu, sur le coup par cette défaillance, qui me laissait peu d’espoir de faire la course, je décidais malgré tout de tenter l’aventure, quitte à ne prendre que le départ. Je me suis donc soigné comme d’habitude, à force de patchs chauffants, de massages et me suis économisé au maximum.
Au départ, je redoute la première heure car c’est toujours à ce moment là que revient cette foutue contracture. Je crains l’abandon au bout de 500 mètres ou dans les tous premiers kilomètres. Je pars donc très lentement, dans les toutes dernières places.
Les 500 premiers mètres passent, puis le premier quart d’heure mais je redoute toujours l’instant suivant qui peut anéantir tout espoir d’aller plus loin. La première demi-heure passe et je suis toujours et plus que jamais au ralenti, à l’écoute de mon corps et plus particulièrement de mon mollet droit.Aïe, j’ai l’impression que … et puis non. J’ai tellement peur que cette douleur arrive qu’elle est dans ma tête. Mon corps a mémorisé sa sensation et je ne sais plus si je l’ai ou si je ne l’ai pas. Et puis, un coureur arrive à contre sens en marchant. Tiens, premier abandon. Je ne serais pas le premier ; c’est toujours ça. Puis trois quarts d’heure et une heure. Le chemin plat au départ s’est très fortement redressé depuis et … ça à l’air de tenir.
La nuit tombe, le paysage est magnifique entre pins à crochets et prairies d’altitude. Je commence à regarder autour de moi et à ne plus penser à mon mollet. Je retrouve une allure plus en phase avec mes habitudes, les ravitaillements se succèdent, ça ne tourne pas très vite mais pas mal. A trois heures du matin, à près de 2300 mètres d’altitude, je me retrouve en montée, en plein brouillard, seulement guidé par les petits drapeaux rouges mis en place par l’organisation auxquels sont accrochés des clignotants rouges. L’ambiance que cela génère est féérique et je suis si content d’être là. Je n’aurais pourtant pas parié un euro la dessus quelques heures auparavant.
Le jour se lève vers 5h30 lorsque j’arrive à mi parcours à la base de repos et de ravitaillement d’Escaldes. Une petite demi heure pour récupérer mon sac d’assistance, me changer entièrement, faire le plein de ravitaillement, me restaurer et repartir.
Mes jambes sont étonnements souples, pas de tension, pas de contracture en vue mais attention, il faut continuer à être à l’écoute de son corps. Le road book me confirme que j’ai encore 2 grosses difficultés à passer avant de redescendre vers Ordino.
La première passe même si juste après, sur le replat, j’essuie un beau coup de barre ou de chaud car le soleil est maintenant au rendez-vous. Mais un quart d’heure après, avec un gel et une bonne hydratation, tout rentre dans l’ordre.
La deuxième, interminable finit aussi par passer. Reste à assurer la descente tout aussi interminable et je fais les derniers hectomètres en courant dans la côte d’arrivée après 19 heures 2 minutes et 25 secondes de course.
Résultat : 129ème sur 194 finishers et 256 inscrits, et plus aucune pensée pour ma contracture mais une grosse interrogation : comment a t-elle pu ne pas réapparaître ?
Pour la petite histoire, trois jours après la course, je me suis remis à trottiner. La contracture est réapparue au bout d’un quart d’heure !!!