Au pays des coureurs qui filent comme le vent, on fait grise mine… Le Kenya ne ressort qu’avec 2 médailles d’or des JO de Londres. Pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent dans cette « corne d’abondance » de l’Afrique.
Maigre bilan et déceptions
La sélection est même rude: un coureur comme Patrick Makau (recordman du monde du marathon, il y a quelques mois de cela) est resté sur le carreau ! A charge pour les élus de montrer le meilleur visage possible aux JO pour faire briller la nation.
A Londres, seulement 2 victoires au compteur et un visage bien terne. Des kenyans « semi-combattifs « , comme sur le 1500m, où on a vu l’un d’entre eux abandonner en série après une légère bousculade dans l’emballage. En finale, le favori Asbel Kiprop termine bon dernier, détaché du reste du peloton. Sur les épreuves de 5000m et 10 000m, pas de répondant aux finish de Mo Farah, ainsi qu’à ceux de Dibaba ou Defar… Et pas de victoire non plus sur le marathon homme et femme où toute l’année ils collectionnent les victoires dans les plus grandes épreuves.
Les seuls points positifs sont Ezekiel Kemboi sur le 3000m steeple, qui a sauté dans les bras du français Mahiédine Mekhissi (2nd), et David Rudisha qui a impressionné tout le monde sur le 800m par sa classe et sa superbe performance (1’40″91, RM).
Une gestion défaillante
Au Kenya, on s’étonne de la gestion catastrophique du comité olympique. Un journaliste évoque entre autre des individus qui n’ont jamais mis le pied dans un stade kényan accrédités comme coach ou kinés. Quelques athlètes ont même avoué être arrivés à Londres alors qu’ils n’étaient pas remis de blessures…
Un côté obscur
Dans le Sport Et Vie n°133 (juillet-août 2012), un journaliste allemand spécialiste des affaires de dopage, est parti mener l’enquête dans un centre d’entraînement au Kenya. Il s’est fait passé pour un agent de coureurs européens en stage dans le pays, à la recherche d’un endroit sûr et discret pour effectuer des transfusions sanguines. Il a été mis en contact avec le médecin de Pamela Jelimo (championne olympique du 800m à Pékin) qui lui a tout expliqué des pratiques en vigueur et où il devait s’adresser pour effectuer ses opérations… Ce médecin lui proposa aussi de le fournir en hormone de croissance comme il le faisait pour de nombreux coureurs étrangers.
A la lecture de cet article, on ne peut être que stupéfaits. Les coureurs kenyans seraient eux aussi touchés par ce fléau ? Les révélations ne sont pas finies.
On apprend aussi que Patrick Makau est client d’une officine de santé à Nairobi, où l’on peut facilement se procurer de l’EPO… A Kapsabet, un directeur déclare qu’il fournit de l’EPO aux meilleurs coureurs kenyans en leur expliquant comment éviter les contrôles quand ils sont à l’étranger. Il précise qu’ici ils n’ont pas à s’inquiéter, les contrôles anti-dopage sont de toute façon rarissimes.
Le Kenya semble bien en crise et on ne peut savoir à quel point les coureurs sont touchés. Il semblerait que ce pays où foisonnent les talents dès le plus jeune âge soit atteint malgré tout par « la magie noire » provenant des pays plus développés. La lutte contre le fléau du dopage s’étend au monde entier et la nécessité de résultats est sans doute poussée par des influences économiques.
Avec une telle organisation, l’ordre peut difficilement régner et les athlètes performer sereinement. Espérons que le pays sache tourner le dos à ses problèmes pour pouvoir à nouveau briller dans ce sport « roi » et vital pour eux qu’est la course à pied.