Dans la série des « courir c’est bien, mais courir à 2 c’est encore mieux », on va reparler dans cet article des couples qui ont la chance de partager cette passion de la course à pied.
Mais pas de n’importe quel couple, de celui dont Monsieur est l’entraîneur de Madame…!
Pour cela, 2 couples ont accepté de me parler de leur expérience réciproque. Merci à ces deux duos Nassera/Bruno et Martine/Christian.
Les opposés s’attirent, mais qui se ressemblent s’assemblent. Et il n’est pas rare en course à pied, de voir en couple, homme et femme pratiquer. Dans certains cas, c’est leur sport qui les a fait se rencontrer et leur permettent de partager, et dans d’autres, ils se motivent ensemble à pratiquer et se sont mutuellement contaminés. Dans tous les cas, ils sont tous les deux passionnés et sont là pour s’entre aider.
Parmi ceux-là, il y a aussi le cas un peu plus particulier de ceux qui choisissent d’entraîner ou de se faire entraîner par leur moitié. C’est à eux que j’ai voulu m’intéresser et à leur relation bien privilégiée d’entraîneur/ entraîné.
L’exigence et la rigueur
On le sait, un athlète sérieux, assidu et rigoureux, c’est un athlète qui mettra toutes les chances de son côté pour progresser. Et il y a des athlètes qui sont adeptes du « laisser aller » et qui ont besoin d’un coach pour les aider à se motiver. Et le coach c’est son métier de motiver ! Donc il sait faire… exiger rigueur et discipline.
Et quand il s’agit de sa moitié, peut être même qu’il le fait en excès…. « Je pense être plus exigeant, surtout en compétition ou je suis strict dans la façon de mener la course », m’explique Bruno qui entraîne depuis maintenant plus de 7 ans sa femme, Nassera. Avantage ou inconvénient c’est selon, mais pour Nassera : « l’inconvénient c’est que je n’ai pas le droit à l’erreur. ».
La compréhension
A l’inverse, certains athlètes ont besoin de souplesse pour progresser. Il faut savoir s’adapter à chaque personnalité et pour un coach qui a plusieurs athlètes à gérer, ça peut être compliqué à appréhender. Surtout s’il a des méthodes d’entraînement bien arrêtées et structurées et qu’il voudra en aucun cas y déroger…Ou qu’il n’aura tout simplement pas le temps de les modifier pour faire du personnalisé.
Quand il s’agit de la personne avec qui l’on vit au quotidien, en général c’est assez facile de s’adapter et de comprendre la meilleure manière de fonctionner pour coller au mieux à sa personnalité, ses envies et le (la) faire progresser. Martine a besoin de s’entraîner au feeling et à la sensation, et Christian fait en fonction : « A chaque début de saison, nous programmons les objectifs majeurs. Les trails de préparation seront fixés au fur et à mesure en fonction des envies, de la forme et de la recherche de résultats (travailler la vitesse par exemple). Mes interventions sont peu fréquentes, martine aimant bien gérer ses sorties au feeling. Mais je rectifie les séances lorsqu’il m’apparait qu’une spécificité n’a pas été assez travaillée (pas assez de vélo ….). »
L’avantage de la proximité
Avoir son coach à la maison, c’est quand même bien pratique, il faut l’avouer. Pour bien s’entraîner, il faut aussi savoir s’écouter et donc ajuster ses plans en fonction de sa forme. « L’avantage d’avoir Bruno comme coach, c’est qu’il adapte l’entraînement au jour le jour » explique Nassera. En effet, c’est bien celui avec qui elle partage sa vie qui sera le mieux placé pour juger de son état de santé général (fatigue, surmenage, maladie, surentrainement…). Donc quand cette même personne est aussi celle qui lui sert d’entraîneur, ça facilite la vie. D’ailleurs les effets bénéfiques ont été radicaux pour elle : « depuis qu’il m’entraîne je ne suis plus fatiguée et je ne régresse pas malgré les années qui passent », sourit Nassera.
Même constat pour Martine et Christian : « il m’est plus facile d’échanger sur mes éventuelles difficultés, et il peut mieux comprendre ma fatigue puisqu’il me côtoie au quotidien … » m’explique Martine. Et en parallèle Christian rajoute : « connaissant bien Martine, je sens, je sais son état de forme et donc peut plus facilement réagir et conseiller. L’apport moral peut se poursuivre après les entrainements et je peux tenir compte de contraintes personnelles que pourrait ignorer un entraineur plus éloigné. »
La complicité
Coacher, c’est offrir du temps à son athlète, partager des moments avec lui (elle). Des moments plus ou moins longs et intenses en fonction de la manière dont on pratique. Quoi qu’il en soit, s’instaure une certaine complicité, qui dans certains cas, n’est pas toujours évidente à gérer.
Dans le cas particulier où entraîneur et mari sont une seule et même personne, pas vraiment de questions à se poser dans la mesure où la complicité est légitimée et j’irais même jusqu’à dire qu’elle est augmentée. Et c’est le bon côté. Martine et Christian s’entraînent parfois ensemble : « Il partage certaines séances avec moi (run and bike, vélo de route et VMA par exemple), m’aidant à donner le maximum. » Martine, ça la motive et on le comprend facilement. Selon Christian, cette complicité privilégiée permet un travail spécifique de qualité : « à l’approche de grandes courses, je l’accompagne plus souvent histoire de l’aider à bosser des points particuliers (travail des bâtons, à la frontale, bike and run…). Nous faisons aussi des sorties « vélo de route ». »
La relation de confiance
Elément clé dans le bon fonctionnement du duo entraîneur/entraîné(e), la confiance permet donc aussi logiquement l’amélioration des performances. Un entraîneur qui veut réussir à faire progresser son athlète doit réussir à gagner sa confiance. Pas toujours évident quand les personnalités sont opposées ou quand l’un ou l’autre met des barrières (pour une raison ou une autre) pour se faire « dompter ».
Or en couple, c’est quelque chose de presque inné… Un couple qui va bien et qui va loin, c’est un couple qui se construit sur les bases de la confiance. Plus facile donc pour l’athlète coaché(e) par son mari qui l’écoutera les yeux fermés. Christian réussit par là à « canaliser » sa dulcinée : « Je calme parfois ses grandes jambes, car elle a tendance à en faire trop ». Et Martine l’accepte, elle en a pleinement conscience : « Chris m’aide à choisir mes courses, en fonction de l’objectif majeur de la saison. (Progressivité dans la longueur des trails). Son rôle se renforce à l’approche de courses, car j’ai tendance à en faire trop. »
Amies coureuses, si vous cherchez l’âme soeur et que votre coach est célibataire, y’a peut être une affaire à faire….! j’dis ça, j’dis rien mais possible que vous puissiez gagner quelques minutes sur vos records perso hein!! 😉
Sylvaine CUSSOT
(photo de David NICOD)