Patrice est parti faire le GR20 avec son club de trail de Marseille au début du mois de juillet. Après nous avoir fait part hier, de son rêve, de son équipement, de son équipe… il revient sur son aventure en nous racontant toutes les étapes.
Arrivés au gîte de Calenzana juste avant la fermeture (20h) du petit supermarché local, après un petit rush rapide avec Edward, nous avons pu faire les achats nécessaires à notre dernier repas = 2 kgs de pâtes, de la sauce tomate, du fromage (merci à la caissière pour ce petit « plus ») et quelques boissons houblonnées locales pour « anticiper » nos éventuelles carences alimentaires 😉 = à en croire chacun de nous, ces pâtes auront été les plus dé ….. licieuses de toute cette semaine (vraiment trop cuites !!!!! beurk ! 😉
1er jour: Calenzana / Ortu di u Piobbu / Carozzu
5h30, une première nuit au refuge, les maillots enfilés, l’équipe était prête à décoller !
Une première (double) étape annoncée en 13h30 en rando avec gros sac et que nous bouclerons en 8h30 (pauses repas comprises)
Lancée au pas de charge par Jipé sur les parties roulantes, nous sommes arrivés très tôt à Ortu di u Piobbu = un café pour recharger, le plein d’eau à la source et zou ! direction Carozzu = les premières vasques, les premières envies de baignade ! une descente pierreuse et une arrivée à Carozzu après une première chute plus spectaculaire que grave.
Au refuge de Carozzu, je retrouve avec bonheur mon ami Daniel, de ma team Parisienne, venu depuis l’Île Rousse pour nous apporter son soutien = un vrai bonheur de le retrouver là !
Pas d’eau au refuge = pas de douche … des punaises annoncées dans les dortoirs (nous avons croisé des marcheuses, qui venaient de Carozzu, littéralement dévorées par ces charmants petits insectes !) = bref, pas le grand confort …. Les 2 « puissants » ronfleurs du groupe (hélas, j’en fais partie) ont été mis à l’écart, les bouchons d’oreille étant insuffisamment efficaces pour les neutraliser… Heureusement, que dans cette succession de bad news, Daniel nous avait donné une information de premier choix = une vasque peuplée de gros têtards, située juste après la passerelle suspendue de Spasimata = une baignade royalement relaxante et régénérante ! Une remise à neuf qui ne sera pas superflue pour la suite.
Difficultés de l’étape:
Altitude maximale : 2020 m , minimale : 275 m
Dénivelé: montée : 1962 m, descente : 967 m
2ème jour: Carozzu/ Ascu Stagnu/ Tighjettu
Départ à la frontale à 5h30
Une 2ème double étape annoncée en 12h que nous bouclerons en 8h30.
Ça monte très fort d’entrée avant de redescendre très fort également vers le refuge d’Asco. Là une petite pause pour recharger les batteries et ça repart en direction du Lac de la Muvrella, des points de vue à couper le souffle sur la vallée et la côte balanine.
Puis le cirque de la solitude = un passage qui donne le vertige = des chaînes sont là pour sécuriser le passage.
Pas vraiment indispensables par temps sec, mais rassurant pour ceux qui en ont besoin. Mieux vaut éviter les heures de grande circulation sur ce site car cela peut très vite bouchonner = devant nous une cordée ralentie par une maman complètement stressée par ce passage a très vite décidé de nous céder le passage, éblouie par la couleur de nos maillots 😉 (Merci Pierre, on a gagné 30’ sur ce coup !)
La soirée au refuge de Tighjettu fut mémorable = une belle vasque peuplée de tritons, une douche chaude (un tuyau d’eau réchauffé par le soleil sur 800m permet de satisfaire tous les « réfugiés »), un accueil traditionnel et chaleureux par le responsable du refuge (de la musique, guitare, clarinette, chansons … jusque 1h du matin, des pâtes hum hum …. les meilleures de tout le GR qui valurent au cuisinier des applaudissements nourris et donc … rab à terminer obligatoirement ! oupsss = plusieurs d’entre nous en ont fait une indigestion !)
Une courte nuit dans 3 petites tentes et Zzzz Zzzzz
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2183 m, Altitude minimale : 1220 m
Dénivelé: montée : 1689 m, descente : 1376 m
3ème jour: Tighjettu / Ciottulu di i Mori / Manganu
Départ à la frontale à 5h30
Une 3ème double étape annoncée en 12h que nous bouclerons en 9h30.
Une remontée rapide vers le refuge de Ciottulu à 1991m où nous faisons une petite pause café, puis une descente au pas de course sur une pente agréable le long du Viru…
Pour moi tout aurait pu s’arrêter là = alors qu’avec Edward nous étions partis sur un bon rythme, mes bâtons ont accroché des branches et… une lourde chute dans les pierres qui laisse quelques traces = une côte cassée sous le sein droit, des égratignures bras / jambes, le crâne sauvé par l’épaisseur de mon sac à dos… Bref une belle frayeur, et quelques désagréments à supporter (une capacité thoracique limitée, notamment dans les montées…, éternuements douloureux etc…)
Notre ami Alex, qui avait eu quelques difficultés à trouver le sommeil au refuge précédent, était inquiet de son état de fatigue soudain … Bref, une étape de transition où le ravitaillement fruité et vitaminé pris au Col de Vergio nous a fait le plus grand bien.
La traversée du Lac de Ninu (source de la rivière de Tavignanu) a été un grand moment = des paysages extraordinaires (pozzines d’altitude)
Une baignade dans une vasque peuplée de petites truites 😉 nous a quasiment régénérés (Alex se sentait un peu mieux mais pas vraiment la grande forme) et nous a permis de faire la connaissance de 2 gaillards Triathlètes venus de Calais faire le GR20 avec des sacs de près de 20 kgs.
Une erreur d’aiguillage nous a d’abord conduits à la très sympathique Bergerie de Vaccaghja = une bière bien fraîche dégustée avec les amis avant que nous ne réalisions que nos réservations étaient en réalité prévues non pas à la Bergerie mais au refuge de Manganu… Bref, reprendre les sacs et repartir pour 30-45’…
A Manganu, premier refuge équipé pour le tri sélectif, des rencontres encore enrichissantes et conviviales, une grosse assiette de pâtes aux légumes (moyennement appréciée 😉 et un gros bémol sur cette étape = Alex nous annonce avant de nous endormir qu’il ne reprendra pas le départ avec nous le lendemain, se sentant fatigué et inquiet de cette fatigue. Un coup dur pour l’équipe car Alex en plus de tirer le groupe dans les montées était…notre chanteur, celui qui boostait la troupe par des petites chansons sud américaines ….
La nuit fut encore courte mais cette fois, dans une tente inclinée dans le bons sens 😉
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 1991 m, altitude minimale : 1332 m
Dénivelé: montée : 1250 m, descente : 1111 m
4ème jour: Manganu – Petra Piana / L’onda
Départ à la frontale à 5h30
Une 4ème double étape superbe annoncée en 11h30 que nous bouclerons en 9h30. Une première partie jusqu’au refuge de Pietra Piana = une descente sur les roches humides nous a occasionné quelques glissades et quelques belles écorchures …
L’accueil de Petra Piana ne nous laissera pas des souvenirs impérissables = bref, quelques canistrellis, une salade de thon et zou !
Après Petra Piana, nous avons pris la route des crêtes (variante du GR20 indiquée en jaune) en direction de la Bergerie de l’Onda.
Superbes point de vue tout le long des crêtes et une descente très longue et très rapide vers la Bergerie
Au final un accueil très authentique à la Bergerie de l’Onda = des chêvres et des brebis partout, des chevaux qui descendent et remontent dans la vallée pour ravitailler, du fromage en cours de fabrication, un patron qui épluche lui-même les légumes pour préparer une soupe qui enthousiasmera ses 50 convives affamés !
Autres régals = les lasagnes au bruccin et le fromage du patron.
Et en prime = de quoi recharger des batteries de téléphones épuisées de puis 2 jours …
Un hébergement très original = les tentes sont à l’intérieur de l’enclos du bétail et le troupeau lui … est à l’extérieur !!! les chevaux nous regardaient d’ailleurs avec envie occuper leur enclos 😉 Les cloches du bétail nous bercent et la fatigue qui nous avait déjà conduit à une bonne sieste dans l’après midi nous amène très tôt dans les bras de Morphée…
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2225 m, minimale : 940 m
Dénivelé: montée : 1320 m, descente : 1491 m
5ème jour: L’Onda / Vizzavona / E.Capannelle
Une 5ème double étape superbe annoncée en 11h30 que nous bouclerons en 9h30.
Pas de vrai petit déjeuner ce matin là et une sensation de fringale rapidement ressentie par Thierry et moi-même ….
Cette étape marquera la moitié du GR20 et c’est donc une belle motivation.
Les cascades qui se succèdent sur cette étape sont tentantes (Cascade des Anglais notamment)
Au refuge de Vizzavona, le patron nous a mis l’eau à la bouche en nous vantant sa cuisine traditionnelle et ses canistrellis « maison », résultat = Thierry et moi avons craqué = une bonne escalope pour Thierry, une assiette de lasagnes pour moi et plusieurs paquets de canistrellis « maison ».
Bref, de quoi reprendre la route !
Après Vizzavona, Agathe nous a emmené sur un train d’enfer jusqu’au superbe gîte de Capannelle (sation de remontée mécanique en hiver) = un gîte « confort » qui nous a permis de recharger nos batteries (un petit verre de vin de myrte en bonus !), de nous raser et de passer une nuit sur un vrai matelas ! 😉
Un accueil vraiment top dans ce gîte !
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2141 m, Altitude minimale : 920 m
Dénivelé: montée : 1601 m, descente : 1445 m
6ème jour: E Capannelle / Prati / Usciolu
Une 6ème double étape superbe annoncée en 12h que nous bouclerons en 9h
Un petit déjeuner pris au chaud avec jus de fruit, pain, beurre et confiture :-P.
Une étape sans grande difficulté qui nous a permis de préparer la dernière étape sans trop puiser.
Un vent très violent tout le long du parcours.
De très beaux points de vue sur la côte Est = la baie d’Aléria, Solenzara …l’Ile d’Elbe et l’Ile de Monte Cristo.
Une descente le long des crêtes sous un vent toujours très violent ; en cherchant un abri nous trouvons un jeune homme enveloppé dans une couverture de survie. Nous lui proposons des gels, du sucre mais ses amies nous expliquent qu’il est simplement épuisé, au bout du rouleau et que des secours ont été appélés … compte tenu du vent violent l’intervention des secours s’annonçait difficile … le refuge d’Usciolu n’était situé qu’à moins de 45’
En route vers Usciolu, nous croisons …. un cheval et son maître, venu secourir notre randonneur épuisé = nous nous imaginons à sa place sur ce parcours accidenté et pentu …. Nous nous sentons plus rassurés sur nos 2 jambes que sur les 4 pattes de ce superbe cheval = belle solidarité en tout cas !
Au refuge d’Usciolu où nous retrouvons nos amis calaisiens Triathlètes.
Un refuge bien achalandé où tous nos désirs alimentaires ont pu être assouvis (bananes séchées, abricots frais, saucissons secs, barres chocolatées, boissons fraîches houblonnées, etc …)
Ce refuge situé à 3 étapes « rando » de l’arrivée, est même équipé en chaussures de rando de marque (60€) !!!
Lors de notre passage un jeune étudiant est arrivé à Usciolu, une chaussure coupée en 2 = OUT ! Une petite quête improvisée parmi les 50 randonneurs du refuge et voilà notre jeune étudiant équipé pour aller au bout de son rêve ! = superbe !
Une bonne soupe corse une rasade de vin de myrte offerte par le gardien de refuge et la nuit raparatrice avant la dernière étape.
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2041 m, Altitude minimale : 1289 m
Dénivelé: montée : 1319 m, descente : 1155 m
7ème jour: Usciolu / Asinau / Paliri / Conca
L’aboutissement d’un rêve …..
Une 7ème triple et ….. dernière étape annoncée en 20h que nous bouclerons en 14h.
Un réveil ….. très matinal pour moi ! Un peu dur d’oreille au réveil la veille, j’ai cette fois démarré au quart de tour dès le premier coup de coup de mon ami Thierry… Conditionné, j’ai attrapé ma frontale, mon sac de couchage, mon sac à dos et zou ! parti !!! Arrivé à la cuisine et me sentant un peu seul… j’ai vérifié ma montre = 3h15 !!!! …. Le coup de coude avait du être donné par Thierry pendant un cauchemar (de ronflement ?)… bref… une petite sieste supplémentaire, la frontale sur la tête en attendant le réveil de la troupe !
Ensuite un petit déjeuner pris au chaud avec un thé « collectif », pain, beurre et confiture, et c’est parti !
Près de 3000m de descente sur cette étape = nous nous attendions à souffrir des cuisses et des genoux et …. nous n’avons pas été déçus !
Une belle montée jusqu’à l’Alcudina (et sa croix / 2 134m) = une vue magnifique sur les aiguilles de Bavella !
Puis une grosse descente vers le refuge d’Asinau où le gardien ne prendra pas le temps de nous servir un café, bref = nous ne nous y sommes pas attardés.
Une petite pause au refuge de Paliri où les gros mangeurs (Edward, Thierry et moi-même) refaisons le plein (Boite de thon / maïs, canistrellis et chocolats, laissant s’échapper nos 2 « appêtits de moineaux », Jipé et Agathe.
Nous partons ensuite à leur recherche en courant, en direction de la dernière étape = Conca, étape quasi toute en descente où nous nous sommes régalés, les cuisses chauffées par les 3000m de descente !
Nous avons retrouvé Jipé au boust de 30’, puis Agathe, 15’ plus loin = à partir de là, nous nous sommes calés dans la foulée d’Agathe… jusqu’au bout, jusqu’au panneau « CONCA, arrivée du GR20 » = un grand bonheur partagé par chacun d’entre nous (une pensée pour notre ami Alex qui verra ce panneau d’ici peu 😉 dans ce dernier refuge « douillet »
Une belle aventure, une équipe complémentaire où la bonne humeur a permis à chacun de surpasser les « petites » difficultés (camel back HS, chaussures HS, côte cassée, et j’en passe !!!) de cette semaine d’efforts sur cette Île de beautés.
Pour Agathe et Edward, bientôt les Dolomites, Pour Agathe et moi-même la préparation pour la Diagonale des Fous…
Pour tous les 5, une envie d’y reveniur en mettant la barre un peu plus haut = le GR20 en 5 ou 4 jours ????;-)
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2134 m, minimale : 252 m
Dénivelé : montée : 1434 m, descente : 2901 m
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