Nous nous étions quittés juste avant la finale du 200m, où nous nous attendions à un 2è coup de tonnerre de Bolt… Et il a eu lieu ! Il l’emporte en 19″32 devant ses compatriotes jamaïcains Yohan Blake (19″44) et Warren Weir (19″84).
Blake n’aura donc pas pu contester la victoire à Bolt, qui a réussi à le tenir à distance en remettant un coup de collier dans la dernière ligne droite. On pouvait espérer un chrono encore plus époustouflant, mais celui-ci est tout de même le 4è de l’histoire. Il s’agissait pour Bolt de devenir une légende, pas de doute, il en est une désormais.
Le français Christophe Lemaitre n’aura pu accrocher la 3è place. Placé au couloir 2, il a eu du mal à exprimer sa foulée et n’était pas dans le coup: il finit 6è en 20″19. Pourtant le temps du 3è (19″84) est en dessous de ce qu’il avait réalisé à Daegu l’an dernier quand il fut 3è des mondiaux en 19″80. Ce n’est que partie remise, Christophe doit encore s’aguerrir et apprendre, rappelons qu’il a 22 ans (et déjà double champion d’Europe 100/200m !)
La vidéo de la course : http://www.francetvinfo.fr/video-usain-bolt-remporte-le-200-m-lemaitre-6e_128029.html
Une des plus belles courses et un des plus beaux coureurs qu’on ait pu voir : le kenyan David Rudisha démontre sa classe sur le 800m en remportant le titre avec en prime le record du monde. Il passe sous les 1’41 : 1’40″91 ! Rudisha, c’est l’homme qui n’a besoin de personne. Il ne compte que sur lui-même, sur sa grande et puissante foulée. Quelle facilité, quelle fluidité ! D’ailleurs, il ne fait jamais les choses à moitié, il cherche la performance, en toute discrétion… sauf sur la piste, on ne voit que lui. Qui m’aime me suive semble t-il dire ! Derrière, la quasi totalité des athlètes ont battu leur record, comme s’ils avaient surfé sur sa vague. Rudisha, c’est le phénomène du demi-fond, qui pourrait sans doute entrer en finale du 400m s’il s’y préparait. C’est surtout un plaisir pour les yeux!
Après sa victoire sur 200m, l’américaine Allyson Felix rajoute 2 titres olympiques de plus, faisant d’elle une des athlètes phare de ces JO et de ces dernières années en athlétisme. Polyvalente et ultra performante, elle gagne avec les USA les relais 4 * 100m et 4 * 400m. Tout comme Bolt et Rudisha, c’est l’impression visuelle qui nous marque chez elle : légère, fluide, et terriblement rapide. Sur le 4 * 100m, les USA battent le record du monde en 40″82. A 27 ans, elle avait empoché plusieurs titres mondiaux, mais aucun titre olympique… c’est fait, en voilà 3 d’un coup !
L’éthiopienne Meseret Defar a défié sur le 5000m sa compatriote Tirunesh Dibaba, brillante vainqueur du 10 000m. Et elle a gagné ! Au prix d’un beau finish, elle l’emporte avec hargne et détermination sur la kenyane Vivian Cheruyot et Dibaba donc, les 3 femmes se tenant en 1s ! Encore une victoire de l’Ethiopie sur le kenya, et un 2è titre pour Defar 8 ans après Athènes en 2004.
L’une des stars anglaises sur ces JO, c’est Mo Farah. Après une victoire au finish sur le 10 000m, le scénario se répète pour lui sur le 5000m avec le même résultat ! 2è titre olympique chez lui décroché avec un dernier tour fulgurant en plus de 52s ! Il fallait finir fort pour battre ses concurrents, trop nombreux au son de la cloche, puisqu’ils étaient encore 12 à cet instant là ! Doublé 5000-10 000m, il rentre doucement dans l’histoire en étant le 6è homme à réussir cette perf.
Caster Semenya ne sera pas championne olympique à Londres. La vainqueur du 800m est la russe Savinova, qui a placé son accélération finale bien plus tôt que Semenya, engluée dans le groupe de poursuivante, dont elle parviendra à s’en extirper dans la dernière ligne droite, trop tard pour rattraper la russe… 1’56″19 contre 1’57″23, c’est clair et net !
Tristesse sur le 50km marche, pour deux raisons… La première : Yohan Diniz n’a pas pu jouer la première place, victime d’une petite défaillance puis d’une chute, dans lesquelles il perd du temps sur les russes qui menaient le train… La deuxième raison : encore une fois, les anglais ont joué avec le règlement, disqualifiant Diniz après coup (il avait terminé 8è, en dessous des 3h40 tout de même !) pour un ravitaillement pris en dehors de la zone réglementaire. Déjà traumatisant, marcher sous une grosse chaleur, le 50km n’était pas assez dur, il doit aussi être cruel et inhumain, pour une bouteille gardée trop longtemps en main… Beaucoup trop de problèmes sur ces épreuves olympiques pour ne pas se questionner sur l’utilisation du règlement par les anglais. Courage à Yohan Diniz, malgré ces heures de souffrances, il n’apparaîtra même pas dans le classement. Il peut être encore là à Rio, il aura alors 38 ans.
Le 4 * 100m homme devait être une épreuve pleine de testostérone, ce fut le cas ! Dans le duel USA-Jamaïque, c’est la Jamaïque qui domine avec un record du monde amené sous les 37s : 36″84 !! Bolt et Blake cette fois-ci associés pour l’or, dominent les américains dans cette finale supersonique qui, au passage, améliorent le record des USA en égalisant l’ancien record du monde en 37″04. Les français échouent au pied du podium, à 4/100c de Trinidad et Tobago, en 38″12 améliorant leur chrono fait en série. Ils restent néanmoins dans les meilleurs relais du monde.
Il y avait 3 « Kiprotich » au départ de ce marathon homme, qui clôturait les épreuves d’athlétisme à Londres. L’un d’entre eux était français, Abraham Kiprotich. Malheureusement, lui, Abdellatif Meftah et Patrick Tambwe, nos 3 représentants français, ont abandonné en cours d’épreuve comme beaucoup des concurrents à cause de la chaleur. Le marathon est une épreuve difficile, les organisateurs avaient pourtant décidé de le faire démarrer à 12h, ce qui est difficilement compréhensible… Un dur à cuire l’a donc emporté, un autre Kiprotich (Stephen), l’Ougandais boucle le circuit en 2h08″01, devançant les 2 kenyans Abel Kirui (2h08″27) et Wilson Kipsang Kiprotich (2h09’37) qui sont 2 clients qui ont déjà remporté des marathons internationaux.
Un bilan des épreuves de course aux JO
Dans les épreuves de vitesse, Usain Bolt a magnifiquement répondu aux attentes et aux inquiétudes qu’il suscitait… En effet, son jeune partenaire d’entraînement Yohan Blake l’avait battu a 2 reprises cette année, et avait rapproché sensiblement ses chronos du grand Usain. Mais ce dernier, voulant écrire une page de l’histoire, et faisant comprendre par ses signes extérieurs et ses mimiques qu’il ne voulait personne au dessus de lui, que Dieu lui-même… a finalement démontré qu’il était le plus grand sprinteur.
Chez les français, Soumaré s’est immiscée dans la cour des grandes en entrant en finale du 200m, elle pourra peut être renouveler ces performances dans le futur. Ne soyons pas déçus de Christophe Lemaitre, qui est en apprentissage tant technique qu’humain, au niveau des grands événements internationaux. Il fait sans doute partie des 5 meilleurs coureurs de 200m actuel, et peut être bien potentiellement 3è.
Dans les épreuves de demi-fond et fond, Mo Farah a confirmé les espoirs placés en lui en faisant le doublé 5000-10 000m. Sa capacité à finir vite ses courses ont fait encore mouche. Il ne possède pas encore les records de certains de ses concurrents mais les épreuves de championnat, plus tactiques, semblent taillées pour lui. On espère un retour de Kenenisa Bekele pour pouvoir assister à de belles batailles dans le futur.
Mais celui qui a sans doute marqué les esprits, c’est David Rudisha ! Plus grand et plus puissant que ces compatriotes, il assure lors de ses courses un spectacle sans pareille : foulée longue, légère, solide, un rythme que rien ne peut perturber, une aisance à peine croyable dans une des épreuves les plus difficiles et douloureuses ! En portant son record du monde en moins de 1’41, il fait entrer la discipline dans une autre dimension, entraînant dans son sillage le reste de ses concurrents.
Le sport de haut niveau n’est pas qu’un monde de rêves et il y a quand même des interrogations sur certains résultats. Il ne s’agit pas de flatter l’athlétisme pour la rendre encore plus belle qu’elle ne l’est. On peut notamment s’interroger des résultats de sprinteurs qui se sont fait condamnés par le passé et qui reviennent encore plus fort. Il y a aussi eu l’histoire du 1500m avec le vainqueur qui avait fourni la veille un certificat médical pour s’excuser de son abandon sur le 800m. Quid des kényans cette année, qui n’ont gagné (oserons nous dire) que le 800m et le 3000m steeple, alors que les autres ont abandonné ou n’ont pas montré leur attitude naturelle pour le » combat « .
Des histoires et des questions qui ne trouveront peut être pas de fin, ou alors dans les mois ou les semaines à venir.
Nous n’oublions pas de pousser un cocorico pour le perchiste Renaud Lavillenie, qui remporte l’or olympique au concours du saut à la perche, au terme d’un suspense qui a fait frissonner plus d’un passionné d’athlé et de sport en général. C’était la première médaille d’or en athlétisme depuis Galfione et Pérec en 1996 !
Rendez-vous dans 4 ans à Rio de Janeiro au Brésil !
Mathieu Berthos
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