Plus qu’une course, le trail d’Espelette, appelé aussi la Course des Crêtes, c’est une grande fête !
C’était la 37ème édition. Pour ma part, ma 3ème participation, et toujours autant d’envie et de plaisir à aller courir dans cette superbe région.
En fin de saison, en plein été… en général une période où on est plutôt fatigué, mais rien que pour l’ambiance festive et conviviale que l’on trouve là bas, en général on a envie d’y retourner.
D’ailleurs, chaque année, de nombreux coureurs viennent s’y aventurer. Plusieurs formules sont proposées : une nocturne, une marche nordique, 7 km, 14 km, 20 ou 26. Trailers, routards, marcheurs, débutants ou confirmés, chacun peut y trouver son bonheur. Même les accompagnateurs qui peuvent terminer la journée à chanter et à danser aux rythmes des chants basques de la soirée. Pour ma 1ère participation, j’y suis allée blessée. En béquilles, j’ai dû me contenter d’applaudir et de regarder passer. La seconde, j’ai opté pour le 14. Je termine 2ème, je m’étais régalée. Mais le côté frustrant, c’est qu’on ne grimpe pas assez pour profiter des beaux paysages qu’on peut admirer tout là haut. Ok, puisqu’il paraît que c’est de toute beauté (et c’est vrai que de voir ça d’en bas, ça donne envie d’y monter !) cette année, je me décide donc pour le plus long. 26km, dans la continuité de mon début d’année, pas besoin de paniquer !
Départ de la course samedi en début d’après midi, on arrive donc sur place dès le vendredi soir. Un des RDV annuels de la tribu balmanaise. Chaque année, nos emplacements au camping sont réservés. Un avant goût de vacances avec nos tentes et nos duvets. Bon l’inconvénient, c’est qu’on sait qu’on dormira mal. Mais les toutes petites nuits, j’y suis habituée, ce n’est pas ça qui allait m’arrêter. Apéro léger (faut bien fêter le fait qu’on se soit retrouver), Pasta party (à la bougie), tentes montées (trop facile, en 2 secondes, c’est fait), tapis de sol dépliés (moins de 2 secondes encore plus vite fait!)…23h30, on va se coucher, et on va essayer de se reposer (nuit pourrie, quasi pas dormi, mais ça, c’est signé Sissi ! ;-)).
Gros petit déjeuner tardif, pour un départ à 13h30, on est obligé de sauter le repas du midi, sinon on assure le vomi ou l’arrêt d’urgence sur le côté. Il fait déjà chaud, dire qu’on nous avait parlé de pluie…ça risque d’être compliqué, moi, j’vous l’dis ! 30’ du départ, on arrive sur les lieux, le dossard déjà accroché et les baskets aux pieds quasi depuis la sortie du lit (oui bah, on est motivé quoi ;-)). A peine le temps d’aller au village et de trouver un p’ti coin pour le dernier pipi (la queue aux toilettes, comme d’habitude), qu’il faut déjà se rassembler sous l’arche de départ. Le speaker moyennement rassurant nous explique que les conditions météos sont particulières bien évidemment… et qu’il va falloir faire avec la chaleur en anticipant : boire, se mouiller, s’arrêter à chaque ravitaillement. Une priorité : éviter la déshydratation, sinon c’est fin de course dans le camion des pompiers…ok, il a annoncé la couleur, allons y gaiement !
10’ à patienter, tous collés en plein cagnard… ! La goutte au front, pour le moment on se marre, mais dans quelques minutes, ça sera peut être pas la même histoire…
5, 4, 3, 2, 1… et c’est parti !
Un peloton serré (plus de 1000 coureurs), ça met un peu de temps à se décanter mais comme j’ai réussi à me faufiler sur les côtés, je ne pars finalement pas trop mal placée. Mais il ne faudrait pas que je commence déjà à m’emballer parce que je ne suis pas arrivée… et les 8 premiers kilomètres, on va les passer à grimper. Les 3 premiers kilomètres en faux plat montant pour s’échauffer, puis en effet, rapidement, nous voilà dans le vif du sujet, avec cette grosse bête (le Mondarrain et ce n’est pas rien), à attaquer…
12 ravitos pour 26km, on devrait avoir de quoi éviter les hypos. D’ailleurs certains partent légers sans porte bidons, mais moi j’ai préféré assurer avec une ceinture et 2 topettes, en sachant qu’avec un peu bol, j’aurais besoin de boire au moment où il ne faut pas…
Mi montée, toujours à trottiner à petites foulées (j’ai lancé le défi aux oranges, de ne pas marcher). Je lève la tête, oui je sais, on n’est pas prêt d’arriver, mais on commence à s’en approcher du sommet. Boire, se mouiller, reboire, se remouiller… petites foulées, ça va, on est rôdé ! 😉 A quelques mètres du sommet, je commence à m’asphyxier, les cuissots vraiment en train de brûler, tout autour de moi tout le monde en train de marcher et là… j’ai craqué ! J’avoue, quelques mètres à marcher (promis, les seuls de la course). Mais je n’ai même pas culpabilisé, parce que c’était vraiment compliqué de courir avec tous ces gros rochers (d’ailleurs j’en ai pris un en plein tibia et je l’ai senti passer celui là). Le fan club de la tribu là haut, on fait 2,3 grimaces pour la photo, passage rapido au ravito, on lève les yeux et…Oooooooh !! C’est trop beau !!!
8ème kilo, et on a déjà fait un bon morceau, mais y’a encore du boulot. La suite, si j’ai bien suivi, c’est une alternance de montées/ descentes sur les crêtes avant de remonter sévère du 16ème au 20ème. Passages vraiment sympas, avec des paysages comme rarement on en voit. Je redouble quelques coureurs dans la descente (de trails en trails, j’apprends à m’améliorer), des bonnes sensations, ça sent pour le moment plutôt bon. Côté classement, pour les féminines, c’est jamais évident de savoir vraiment. Pas croisé une seule femme depuis le 3ème kilo et les spectateurs ou bénévoles m’annoncent, 3, 4, 2 ou même 5 parfois. Je fais ma course donc, et on verra. Jusqu’au 16ème, beaucoup de plaisir à courir. Si seulement je pouvais faire les 10 derniers kilomètres sans souffrir…
Retour à de la bonne grimpette, on doit s’approcher des 20 j’imagine… A force de m’arroser, j’ai les chaussettes trempées et je sens venir les ampoules aux pieds. Derrière moi j’entends souffler, je crois qu’on est en train de me remonter et à bien l’écouter respirer, je dirais même que c’est une fille qui ne va pas tarder à me doubler ! Mince alors, j’étais peut être en train de m’endormir à force de me dire que j’me faisais trop plaisir… Je tente d’accélérer mais elle ne tarde pas à me passer. Belles foulées, elle a l’air en forme (finalement en discutant avec elle à l’arrivée, j’ai appris qu’elle était cramée… comme quoi, les filles sont fortes pour simuler !). J’ai beau essayer de m’accrocher, l’écart se met vite à se creuser.
Effet psycho ou pas, je suis entrée dans le dur à partir de ce moment là… Les parcours se croisent apparemment. Yann qui a pris le départ du 20 me double en pleine montée. Il marche (je cours à côté mais plus doucement. Non non, ce n’est pas très marrant), lui aussi il se plaint d’ampoules aux pieds. Je commence à avoir hâte d’arriver, c’est mauvais signe, il reste encore plus de 6 kilomètres… ! Après plusieurs minutes à calculer et cogiter pour essayer de savoir où on en était (ça fait oublier qu’on est fatigué parfois), j’aperçois le panneau, 6km ! Ça double à bloc à côté, le 20, le 14, le 26, tout le monde sur le même chemin désormais. J’aperçois des maillots Balma, I-run,…Mais je les connais ceux là! On se sent moins seul, c’est sympa, mais alors du coup ça devient carrément le gros bazar à cet endroit là. Des coureurs en groupe, des marcheurs, des randonneurs, des allures différentes, on en perd tous nos repères…!
Jusqu’à l’arrivée, j’ai décompté tous les kilomètres (avec les panneaux, ça m’a aidé). Sans vraiment savoir ce qui n’allait pas, mais j’avais envie d’en finir et puis voilà. Mal aux pieds, au ventre, à la tête, au cœur, la totale quoi ! Une fatigue générale, la chaleur n’aidant pas. J’ai essayé de ne pas ralentir l’allure, derrière ça remonte peut être, ça serait trop dommage de se faire doubler (même si je n’avais aucune idée de combien j’étais) si près du but. Ça descend depuis un moment ça tombe plutôt bien. Mais le bitume pour la fin, ça c’est déjà moins bien…. Un camion de pompier sur le côté, avec un coureur allongé, il est blanc transparent, apparemment pour lui ça s’est mal terminé. Ça fait peur quand même les états dans lesquels on se met juste pour le dépassement de soi…
Je vois Karine ! Avec son tee shirt vert, on la repère. Une tape sur l’épaule pour l’encourager, « allez KK, allez » ! Peu après je croise son amoureux, Auré. Un petit mot d’encouragement aussi, « courage, c’est presque fini ». Passage du pont, reste une derrière montée et on y est. Celle ci, elle est bien connue des habitués. La plupart sont en train de marcher…Y’a pas moyen, je lâcherais rien, je veux courir jusqu’à la fin! 😉
L’arche d’arrivée en ligne de mire, un moment de pur plaisir! Les dernières foulées, on les savoure toujours…Mais j’étais bien contente d’en avoir fini avec celle ci. Tout est bien qui finit bien, j’apprends que je suis 3ème, c’est génial ! Même pas montée sur le podium parce qu’ils se sont complètement craqués sur le classement… Pas grave, je suis satisfaite de ma course et c’est bien le principal finalement.
Sylvaine CUSSOT
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