J-1 avant l’un des rendez-vous incontournables de l’Athlétisme, le Meeting AREVA.
De nombreux athlètes internationaux seront présents ce vendredi au Stade de France à Paris pour ce grand Meeting qui fait, depuis 2010, partie du circuit international de la ligue de Diamant. Des noms bien connus comme ceux de Christophe LEMAITRE, Renaud LAVILLENIE, Tyson GAY, Justin GATLIN, Jimmy VICAUT, Myriam SOUMARE, Sophie DUARTE…!
On peut donc s’attendre à un beau spectacle, à seulement quelques semaines des Jeux de Londres.
Hassan HIRT sera lui aussi de la partie. Licencié depuis cette année au Stade Sottevillais 76, employé par l’Armée et sponsorisé par Saucony, Hassan est fier d’avoir été sélectionné pour participer lui aussi à l’évènement.
Il sera au départ du 5000 demain.
On lui a posé quelques questions…
– Qui es tu?
Tout d’abord, bonjour Sylvaine et merci pour cette interview. Je me présente, Hassan, 32ans, né à Saint-Dizier (52), 2ème d’une famille de 6 enfants (4 garçons et 2 filles) et habitant actuellement Rouen (76), en Seine-Maritime. J’ai grandi en Haute-Normandie, plus précisément à Notre Dame de Gravenchon (76), une fois que mes parents ont eu la bonne idée de quitter Saint-Dizier, tout juste après ma naissance… 🙂
– Depuis quand pratiques tu l’athlétisme ? Comment es tu arrivé où tu en es aujourd’hui ?
Je pratique l’athlétisme depuis l’âge de 15ans (minimes 2) en ayant parallèlement touché à tout. J’ai pratiqué 5ans de foot, 2ans de hockey sur gazon et…1an de rugby (inoubliable expérience). Mais après avoir tenter diverses aventures sportives mon cœur a finalement penché pour l’athlétisme que j’ai découvert, comme beaucoup je pense, au travers des compétitions scolaires de cross-country. Là aussi des expériences collectives, des ambiances magiques, bref, tellement de bons moments de partage qui m’ont donné envie de vivre cela de façon plus régulière… Je me souvenais que mon professeur de sport me faisait souvent des éloges sur mes prestations lors des fameuses évaluations autour du terrain de foot (ou de rugby). Évaluations où il fallait faire un nombre de tours maximum pour avoir une note maximum. J’avais toujours 20 et même des points en trop au dessus de 20 que mon prof de sport me suggérait de réattribuer au service d’une autre discipline où j’étais moins performant (exemple: la gym!!!).
Comment suis-je arrivé où j’en suis aujourd’hui? C’est « simple ». La passion et la persévérance. Persévérance que j’ai aiguisée grâce au cross-country, ma discipline favorite et qui est certainement pour beaucoup dans ma progression. J’ai toujours aimé batailler dans les labours. Je ne vais pas insulter les psys en m’improvisant psy mais c’est peut-être dû à un confort que je n’avais pas tout petit! Celui d’avoir le droit de me salir sans avoir peur de me faire botter les fesses! (rires) Mais j »avoue que le côté familial, mon éducation, a énormément joué dans ma motivation à réussir. Le fait que ma mère, depuis mes 16ans, a continué à élevé seule 6 enfants avec 3 fois rien… tout cela m’a donné envie de lui donner le sourire chaque jour que Dieu fait. Mais bon, j’estime être un garçon heureux car il y a pire dans la vie. Voilà, si j’en suis arrivé là aujourd’hui, je suis convaincu que mon principal moteur c’est ma chère maman. Car elle a une force que beaucoup d’hommes n’ont pas. Et rien que pour ça je n’ai pas le droit de dire que je souffre à l’entrainement.
– Peux-tu nous raconter l’événement le plus marquant de ta carrière d’athlète ?
L’événement le plus marquant de ma carrière? En fait, j’en ai pas mal mais ils sont juste mémorables de façon différente. Mais si je peux en choisir un qui m’a particulièrement marqué, je dirais ma première sélection en équipe de France de cross à Mombasa (Kenya) en 2007. Une ambiance inoubliable aux côtés d’athlètes très attachants. Je pense, entre autres, au toujours souriant Larbi Zéroual, ancien détenteur du record de France du semi, Mustapha Essaïd dont le palmarès en cross et piste doit être le plus impressionnant, le bout en train Mustapha El Ahmadi qui m’a souvent fait pleurer de rire, Moussa Barkaoui, un garçon très sage et discret… Christine Bardelle que j’allais rejoindre à Alès un an après, les juniors…Chahdi et Amdouni qui sont, on peut le dire, les 2 meilleurs crossman sénior. Cette année-là, mon appétit de « sélections tricolores » s’est déclaré. J’avais vécu au Kenya une semaine magique… La suite vous la connaissez et pourvu que ça dure!
– Peux-tu revenir sur ton début de saison 2012 ?
Ma saison 2012 a été principalement marquée par des blessures à répétition. À ce moment-là on se dit « mais ce n’est pas possible, quelqu’un possède une poupée vodoo et s’amuse avec moi ». Il suffisait que je me rétablisse pour que 10jours maxi après, je me blesse de nouveau. C’est simple, au centre d’imageries médicales je suis devenu leur pote! Cette blessure était survenue lors du cross qualificatif d’Allonnes (20/11/2011) avec une déchirure au niveau de l’aponévrose de l’ischio-jambier gauche. Repos complet pendant 26 jours et retour à l’entrainement minutieux et sans précipitation, je pensais que je faisais les choses bien et que j’éviterai la récidive. Mais les mois qui suivent ne se passent pas comme prévu. Je mets une croix sur le championnat de France de cross, même si je me suis déplacé pour encourager mes amis et assister à la belle victoire de mon ami Benjamin Malaty. Je me suis donc dit que cet hiver gâché était sans doute un mal pour un bien et que ça me permettrait d’avoir une plus longue préparation foncière pour la piste et mes rêves de qualifications olympiques mais c’était sans compter sur ce destin déjà écrit. Ce destin qui, j’en suis convaincu, est toujours bien fait, mais qui nécessite d’avoir beaucoup de recul et surtout beaucoup de patience… Les championnats de France Élites à Angers je les ai couru avec 6 malheureux footing et 1 séance sur piste. Autant dire que je m’en sors très bien avec ma 3ème place!
– Quels sont tes prochains gros objectifs à venir ?
Pour un coureur de 5000, les opportunités sont faibles donc il y aura, tout de même, comme prochain objectif le meeting de Saint-Denis au Stade de France. Seule course possible pour tenter une seule et ultime tentative pour me qualifier aux JO de Londres. Certes, je n’ai pas été retenu pour les championnats d’Europe à Helsinki malgré mes minimas réalisés et ma 3ème place aux championnats de France élites, mais je peux comprendre le sélectionneur. Car même si je termine 3ème à Angers, j’étais malgré tout, de retour de blessure, donc pas au top de la fiabilité exigé par un sélectionneur. Là dessus, après avoir éprouvé (je ne vais pas mentir) de la tristesse, j’ai parfaitement accepté la sélection et j’ai trouvé que c’était finalement normal. J’étais d’ailleurs le premier à encourager mon pote Yohan Durand lors de son finish ravageur qui lui fait, malheureusement, manquer de 2 centièmes la médaille de bronze!
– Ta discipline de prédilection ?
En hiver, le cross-country et sur piste, le 5000m. Mais si je devais choisir… Le cross bien évidemment. C’est là que je m’éclate le plus!
– Une semaine type d’entraînement ?
Lundi: footing 50′ matin et 40′ + lignes droites le soir
Mardi: footing 40 à 50′ matin et séance piste courte le soir
Mercredi: 50′ footing + lignes droites légères
Jeudi: footing 40 à 50′ matin et séance piste longue le soir
Vendredi: footing 50′ + lignes droites légères
Samedi: footing 40 à 50′ matin et séance en nature type fartleik ou 12 à 15 côtes longues sur 50 sec
Dimanche: sortie longue 1’30 avec quelques variations d’allures dans le footing
– T’imposes tu un régime alimentaire particulier au quotidien?
Je sais, ce n’est pas bien mais pas du tout! Je ne me prive jamais mais bon, 15 jours avant la compétition, je ne donne pas non plus le bâton pour me faire battre. Je mange quand même des aliments riches en glucides, des fruits, etc… Mais de là à faire « le métier » tous les jours, ce serait mentir de dire que je suis sérieux en nutrition! Mais de toute façon, même si je ne suis pas un exemple en terme d’alimentation sportive, hormis un bon tajine, mes plats préférés sont souvent à base de pâtes! C’est sans doute pour ça que je m’en sors pas trop mal et que je n’assassine pas trop mes résultats en compétition!
– Les veilles de courses, tu manges quoi ?
La veille d’une course je reste sur mes habitudes. Pâtes, riz, poisson. Avec une préférence pour les pâtes à midi et le riz le soir.
– Un rituel, un porte bonheur, un grigri qui t’accompagne dans tes courses ?
Je suis croyant et pratiquant donc non. Car ce genre de rituel constitue tout simplement le pire péché dans ma religion. C’est à Dieu que je dois tout donc je ne m’en remets qu’à Lui-seul.
– Un ou une athlète que tu admires ?
J’ai toujours aimé les sportifs qui véhiculent une certaine humilité évidente malgré leur palmarès. Les noms qui me viennent à l’esprit sont Roger Federer, Haile Gebrselassie et le footballeur Lionel Messi.
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