Suite à la réponse faite par Daniel Dubois, coureur barefooter (il court pieds nus) à notre internaute qui souhaitait porter ses chaussures minimalistes avec des semelles orthopédiques, notre podologue du sport, Philippe Prido, a tout naturellement souhaiter apporter un « éclairage podologique ».
C’est aussi l’occasion d’apprendre comment sont confectionnées les semelles orthopédiques.
Pour commencer,Philippe Prido, notre podologue du sport dit qu’il est d’accord avec Daniel :
– soit on décide de faire l’expérience du minimalisme dont le but premier est de développer la proprioception c’est à dire la capacité qu’ a le pied par l intermédiaire de ses capteurs de mieux sentir le milieu extérieur c’est à dire le relief du terrain et la capacité du cerveau à intégrer ces paramètres pour avoir une action sur les muscles capables d’agir sur l’équilibre entre autre.
– soit on a besoin de semelles pour corriger une pathologie auquel cas la priorité sera d’adapter les semelles aux chaussures dans lesquelles elles ont été confectionnées.
Je ferai juste une remarque concernant la nécessité de porter les semelles uniquement dans les chaussures de ville pour laisser le pied mieux s’exprimer en dynamique. En effet il y a déjà bien longtemps que les podos dits du sport ne réalisent pas des semelles allant pour des chaussures de ville et de running. Les matériaux constituants l’une ou l’autre des semelles seront différents.
J’utilise pour ma part des résines plus souples pour le sport pour pouvoir stabiliser le pied dans la position voulue dans le mouvement mais en laissant le pied s’exprimer dans le geste sportif considéré. Je redirai ici qu’ un vrai professionnel ne fera des semelles que pour corriger une pathologie ou prévenir une attitude qui pourrait devenir pathologique. En aucun cas il faut systématiser la réalisation des semelles à la pratique sportive. Je refuse d’ailleurs régulièrement de faire des semelles quand la personne ne présente pas de pathologie et qu’ elle pratique son activité sportive sans souci soucis particuliers. Le fait de vouloir optimiser coute que coute une démarche ou une foulée par pur eugénisme serait un manquement à l’éthique ou une démarche purement mercantile. Cependant je croise plus souvent dans mon cabinet des patients présentant des problèmes de tout ordre en recherche d’un soulagement durable. Je précise que les podologues du sport pratiquent des examens cliniques sur plate forme de pression en statique et en dynamique et que l’analyse de la marche se fait d abord pieds nus sur piste de marche puis avec chaussures de sport sans semelles et en dernier temps avec les semelles réalisées… Des logiciels de capture de mouvements permettant des calculs d’angles avec suivi de trajectoires sur certains points et permettent de voir les bienfaits mécaniques des semelles par comparaison voire même en superposant les images avec et sans semelles. Ceci peut aussi se faire sur le terrain pour certains athlètes importants. Il est évident que tout cela est chronophage mais la volonté de faire correctement son job passe par ces contraintes.
Je terminerai en disant que si, comme le dit Daniel, des semelles de running ont conduit à des entorses c’est qu’ elles n’ont pas été faites correctement. En effet si on moule les semelles sur le pied mais qu’ on anticipe sur un soutien de voute trop actif surtout dans le cas d’un pied creux on peut avoir ce problème mais si on applique avec rigueur la démarche de réalisation décrite plus haut en vérifiant la foulée avec semelles on évite ce problème.
Donc je résumerai en disant que soit on choisit ses chaussures minimalistes avec aucun autre artifice parce que l’on a pas de problème particulier soit la nécessité de semelles est avérée et dans ce cas on se garde de courir en minimalistes car, encore une fois si cela présente des intérêts, cela peut ne pas convenir à tout le monde.
Philippe PRIDO
podologue Toulouse