Cécile nous a contacté via la messagerie de la page Facebook de u-run. Elle nous dit « au bout de 30/40mn j’ai le bout des doigts qui devient tout rouge, au bout d’une heure les doigts complètement gonflés deviennent gênant, et au bout de 20km inutile de vous dire que c’est carrément douloureux. Est ce que d’autre u-runners ont ce problème? à quoi est ce du? y a t il une solution/remède/un truc pour atténuer ? Bref des conseils pour ceux dont les doigts se transforment en knaki svp.. merci ! Cécile. »
Daniel notre ostéopathe du sport de choc, toujours prêt à venir au secours des joggeurs en détresse lui répond. Rien de grave, Cécile ne risque pas l’amputation.
Encore une fois, ce sont les manchons de compression qui vont pouvoir aider Cécile… c’est magique les manchons de compression, on n’arrête pas de vous le dire ! En plus il y en a de toutes les couleurs et pour tous les goûts sur i-run.
Je suppose que les signes décrits sont bilatéraux et symétriques, tant pour les sensations que pour le gonflement (sinon, il s’agirait d’une pathologie particulière).
L’origine de ce problème est simple : l’effort d’endurance entraîne une mobilisation prioritaire de la circulation sanguine pour les structures qui travaillent. Cela entraîne de fait le phénomène inverse pour le reste du corps : une perturbation réflexe de l’irrigation vasculaire. Au repos, cette irrigation n’est que de 15% pour les muscles, le reste étant réparti sur les autres secteurs. Ce même débit peut atteindre jusqu’à 90% pour l’ensemble de la masse musculaire, majorée par l’effet de contraction statique des membres supérieurs qui jouent leur rôle de balancier équilibrant du corps (souvent méconnu ou ignoré : on ne court pas qu’avec ses jambes !!) lors d’un effort intense et prolongé !! Au détriment bien sur de tous les autres organes et tissus…
Les conséquences sont bien connues sur la digestion, qui se peut se trouver fortement perturbée par cette privation sanguine qui perturbe brutalement son déroulement physiologique : vomissements réflexe pour vidanger l’estomac et éviter la surcharge intestinale, plus souvent encore diarrhées… pour vidanger, en aval, un intestin devenu incapable d’absorber les nutriments qui s’y trouvent…
Les problèmes rencontrés par Cécile sont dus au même mécanisme, mais sur la circulation périphérique, et sont simplement le témoin d’une perturbation de la circulation des tissus superficiels : il s’agit d’un ralentissement assez considérable de la circulation dans les gros vaisseaux, responsable d’un « blocage » veino-lymphatique. Un peu comparable à un garrot qui s’installerait, mais de façon progressive : troubles sensitifs (picotements, puis symtomes plus ou moins douloureux selon les sujets) et phénomènes de stase (oedème progressif d’installation distale -doigts et mains- puis plus ou moins proximale -poignet, avant-bras…)
Tout ceci est très gênant, mais à la limite du physiologique pour ce qui est de l’explication : aucune gravité donc, et c’est bien l’essentiel, malgré des signes très gênants et qui pourraient être inquiétants si l’on en ignore cette explication. Le remède : rien si on le supporte, sachant que tout rentre dans l’ordre des l’effort terminé. Si ce dernier doit être particulièrement prolongé ou répété (courses longues à étapes), le port de manchons de compression est un bon moyen pour éviter les conséquences oedémateuses : la cause existera toujours, mais les conséquences seront bien sur limitées.
Précisons quand même que leur tolérance est variable selon les sujets, mais la technologie actuelle a nettement amélioré leur tolérance, notamment en laissant « respirer » l’épiderme et en limitant considérablement l’effet de chaleur locale désagréable.
Il est évident que si ces signes, et notamment l’oedème, se majoraient dans le temps, une consultation spécialisée et une exploration angéiologique s’imposeraient, mais c’est en règle très exceptionnel. Daniel Dubois