Jacky est finisher de l’Eco-Trail de Paris 50km. Il nous fait vivre de l’intérieur ce bel événement trail… Sylvaine Cussot, alias Sissi vous réserve également sur u-run un récit et des photos inédites…. alors restez connectés, stay tuned !
Il est 7h lorsque je quitte le domicile ce samedi 24 Mars, pour rallier la ligne de départ de l’Ecotrail de Paris, version 50 km. Pour nous rendre sur place l’organisation nous proposait l’option ferrée en nous fournissant le titre de transport, mais aussi encourageait fortement le covoiturage. Le train progressivement m’emmène vers Saint Cyr ;A chaque arrêt dans les stations desservies, de nombreux coureurs montent.
Tout le monde me semble bien calme, voir concentré, mais bien réveillé, vue l’heure du dernier « petit déj » d’avant course. Le temps s’annonce beau, je suis très heureux à l’ idée de me retrouver en nature, et cela pour quelques heures. Je suis novice dans ce genre d’exercice qu’est le trail et même si j’ai 30 ans de courses sur Bitume, là je n’ai aucun repère ou référence. Alors j’observe ces visages qui m’accompagnent, leurs équipements. Tiens équipement mais comment fonctionne le Camel bak, que m’a déposé hier soir Michel. Je n’ai fait aucun essai avec, et de plus depuis que je l’ai rempli d’eau, la pipette ne cesse de fuir.
Nous arrivons à St Cyr, ou des navettes électriques nous transfèrent sur le site de départ. »Face au châteaux de Versailles. « Royale » cette vue. Par hasard je retrouve un athlète avec lequel j’ai participé au festival des sport de Djerba, en 2010. Tant mieux je me sens moins seul, et la parole se libère. Les grilles du châteaux s’ouvrent pour nous, et sous les grandes tentes, les bénévoles nous servent des boissons chaudes, et de quoi nous restaurer encore une dernière fois, les WC sont pris d’assaut, boire, boire et encore boire !!
Timidement je me prépare, en observant les « anciens » vaseline, sparadrap.
L’organisation avait même prévu en nous remettant nos dossards un petit tapis pour chacun d’entre nous pour que nous nous changions sans mettre nos pieds dans la rosée Aucune angoisse ne me perturbe, je règle le GPS que proposait l’organisation, et qui permettra à mes proches de suivre ma progression, et par la même de les rassurer, eux qui ne comprennent pas qu’à 50 ans je cours le 50 km., alors que sur les terrains de foot, des jeunes joueurs, très entrainés, et très entourés tombent subitement par malaise.
C’est enfin l’heure de la délivrance, l’organisation nous regroupe et nous distille les derniers conseils et recommandations, les mêmes que nous avons lus sur la charte que nous avons signée. Comme plusieurs nationalités sont présentées ils feront l’effort de le répéter dans leur langue respective. Une minute de silence à la mémoire de morts de la tragédie de Toulouse, à la demande du ministre des sports.
Et nous voici libérés, pas de bousculade, doucement le peloton s’étend. Nous parcourons les grandes allées du châteaux, longeons le canal, passons devant le Célèbre Bassin d’Apollon, je peux voir le châteaux sous plusieurs angles, Déjà les premiers ont pris un rythme d’enfer !
Avec tous les sacs sur le dos des athlètes, je ne reconnais pas les maillots des club, personne ne se disperse, tout me semble assez calme, et déjà le soleil chauffe de ces rayons, accentué par l’absence de vent. Je me sens bien.
Très logiquement nous nous retrouvons en file indienne, et nous attaquons la foret domaniale de Versailles et ensuite la forêt de Meudon.
Les côtes, et descentes ce succèdent, je ne constate pas d’essoufflement autour de moi, l’impression que chacun a mis son régulateur de vitesse.
Tout le monde marche dans les cotes, certains prennent même des photos, le chrono n’a pas d’importance, pour la plupart l’objectif c’est finir. Je n’arrive pas à stopper mon « arrivée « d’eau de mon Kamel bak, alors j’appelle Michel, qui lui est en train de faire le 30 km, et qui me recommande de chasser l’air, mais je ferai avec tant pis.
Ce sera le dernière communication car rangé dans une poche arrière de mon short, la sueur, et les sel minéraux auront raison de mon portable. Nous avions comme obligation de l’avoir sur nous avec les N° du PC et l’équipe médicale au cas où.
Mon GPS fonctionne il sera le seul lien avec mes proches. La chaleur s’intensifie, et les espaces entre coureur aussi ce qui permet de mieux appréhender les sentiers rendus plus visible. Comme il n’a pas plu cette semaine passée, le sol n’est pas boueux et est bien ferme. Les km défilent les communes traversées aussi. Et je ne sais pas où j’en suis, je me sens avec un certain confort dans cet effort, et heureux d’être lion de la ville et de son boucan. Lors de la traversée de villages les bénévoles sont bien en place et cette bienveillance nous permet de courir en toute sécurité et ont un petit un mot d’encouragement pour tous les coureurs. J’aperçois des spectateurs. Nous sommes au premier des deux ravitaillements proposé, celui du 28 ème km. Tout le monde s’arrête, boit mange et refait le plein d’eau.
Comme je n’ai pas de gobelet personnel comme c’était conseillé, je finis les bouteilles au goulot, eau coca, boisson de l’effort quel mélange ! ca passe ., j’en profite aussi pour chasser l’air de mon Kamel Bac. Je repars, et me sent encore bien, passé Chaville nous approchons ville d’Avray, là je connais un peu. J’attends le « mur » à tous moments, il y a de moins en moins de coureurs devant moi mais aussi derrière, succession de cotes descentes et plats voire faux plats. Je reconnais maintenant le parcours c’est Marne la Coquette là où je m’entraine et où nous organisons nos cross d’ouverture de la saison d’hiver. Nous rentrons ensuite dans le Parc de Saint Cloud.
Beaucoup de famille piqueniquent et doivent se demander d’où venons nous et où nous allons. » Un chti canon monsieur »! « Non ! ce soir après la course », c’est pas le moment de penser festin, cela va me jouer un mauvais tour sinon. Je dois doubler de vigilance quant au balisage, car je me retrouve souvent seul, car la sélection naturelle due au parcours et aux organismes bien entamés à fait son travaille de sape, et nous a isolé les uns des autres. J’entends une voix prononcer mon prénom c’est Marina une partenaire de club, qui me fait la surprise d’être là, justement c’est le 40 eme km et aussi le dernier ravitaillement.
Pendant que je me désaltère nous échangeons, et me donne même mon classement qu’elle suivait sur son portable. Il reste plus que dix km pas besoin de s’alourdir de trop.
Quelques photos et c’est reparti. Directement nous attaquons la descente sur les quais de la seine, et bien sûr c’est le bitume qui prend le relais des sentiers.
Sèvres, L’ile St germains, Issy les moulineaux, ponts, passerelles, je sens que l’aventure touche à sa fin, la chaleur du bitume se fait sentir, la pollution très forte depuis deux jours aussi. Je vois la tour Effeil tout près.
Nous longeons les quais, croisons pas mal de touristes. Le bénévole bien en place se fait respecter par les automobilistes lorsque nous traversons les carrefours.
Nous avons maintenant la plus mauvaise portion de l’écotrail, les quais sont défoncés par les camions bennes qui viennent charger les matériaux livrés par péniches il y a aussi pas mal de pavés, je commence à ressentir derrière la cuisse gauche une petite raideur, alors je me détends comme je peux, je marche une quarantaine de secondes et repars, c’est le derniers km.
La ligne d’arrivée et l’arche je les franchis en imitant l’aigle, les bras tendus ; imitant après 50 km et 5 h 23 d’effort. Je vole et pourtant il ne me signifie rien, seul le plaisir d’être en nature m’a régalé.
Dernier temps de passage de la puce, et je reçois le maillot de Finisher.
Retrouvaille avec ma fille et ma femme.
Et Michel qui attendait en récupérant en plein soleil.
Je vais aux douches mises à disposition au stade tout près de la tour effeil, je dois me frayer un passage car avec ce beau temps les touristes sont nombreux.
Les concurrents arrivés avant moi sont tous calmes, pas de prétention de temps, et déjà a lieu la remises des récompenses sur un podium situé sous la dame de fer. Respect mesdames et messieurs les champions. Je suis surpris d’être moins marqué que lors de marathon sur bitume, finalement je n’irai même pas aux massages proposés par les organisateurs. Je vois en récupérant mon sac d’affaires personnelles, et le nombre restant que beaucoup de concurrents sont encore en train d’en découdre, et juste face à moi les sacs des concurrents du 80 km sont mis en place, la je me dis qu’ils ont vraiment du courage, quel défi.
Avec les miens nous restons encore quelques longues minutes à profiter de cette belle journée de Printemps.
19h retour au domicile, là je retrouve mon chien Cado, lui que j’emmène avec moi courir deux fois par semaine, et qui n’a rien compris ce matin lorsque je suis parti sans lui alors que j’avais chaussé les running et qu’il a fallu le pousser car il s’était couché dessus, dans l’espoir de venir avec moi.
Dommage que nous ayons pas de Canicross organisé sur Paris et sa région.
Voilà j’ai vécu une belle expérience, c’était une bonne tranche de vie.
Merci aux organisateurs de nous avoir monté cette belle épreuve.
JACKY CAMPS