Le pourcentage de participants de moins de 40 ans à des épreuves chronométrées n’a cessé de décliner tandis que la place occupée par les masters hommes et femmes dans les pelotons a augmenté de manière spectaculaire.
Masters et performance
Malgré l’entraînement, les athlètes masters ne peuvent pas empêcher un certain déclin de leurs capacités physiques à commencer par la perte de force et de puissance musculaire. La souplesse, la coordination ou encore la mobilité articulaire diminuent également avec l’âge.
Enfin, comme le montre le graphique ci-dessous, le VO2max diminue de 1 ml/min/kg/an après 30 ans, soit une baisse de 10 à 15% tous les 10 ans.
Si on se réfère aux records mondiaux comme l’épreuve du 5000m piste, la performance chute de 39,4% entre la catégorie M1 (13:06.78 de Bernard Lagat) et la catégorie M4 (18:15.53 de Ron Robertson). Sur 10000m, la baisse est de 34,4% (27:49.35 toujours par Bernard Lagat contre les 38:04.13 d’Edward Whitlock).
Sur marathon, on retrouve le même ratio à 1% près avec 35,4% de baisse. Entre 45 et 65 ans, il faut ainsi compter sur une perte de l’ordre de 10% par décennie chez l’homme et 14,8% chez la femme. Au-delà de 70 ans, la baisse des performances devient par contre plus significative et exponentielle d’une année sur l’autre.
Masters et compétition
Malgré ce déclin, les masters sont de plus en plus nombreux à participer aux compétitions. Mieux encore, les meilleurs marathoniens de plus de 65 ans et les marathoniennes de plus de 45 ans ne cessent d’améliorer leurs performances.
Pour aboutir à de telles conclusions, les chercheurs de l’Inserm ont analysé les performances chronométriques des participants au marathon de New York selon l’âge et le sexe sur la période 1980-2009.
Or, il s’avère que les hommes de la catégorie 65-69 ans ont par exemple gagné 8 minutes entre la décennie 1980 et la décennie 1990, et 7 minutes entre les décennies 1990-1999 et 2000-2009.
Les femmes des catégories d’âge supérieures à 45-49 ans ont aussi amélioré leur performance. Par exemple, les 55-59 ans ont amélioré de 33 minutes leurs performances entre les années 1980 et 1990 et de 8 minutes entre 1990 et 2000 puis entre 2000 et 2009.
Ces données démontrent que la moindre efficience des différents systèmes musculaires, ostéo-articulaires, cardio-respiratoires et cardio-vasculaires peut être en partie contrecarrer par un entraînement de qualité et spécifique ; qui plus est si l’athlète master est venu à la course sur le tard.
Des exemples concrets
Commençons par l’exemple d’Edward Whitlock qui reste à ce jour le plus vieux marathonien sous les trois heures avec un temps de 2h58’40 » établi à l’âge de 74 ans. Celui qui a repris la course alors qu’il était déjà master (41 ans) réalisera encore un très bon temps de 3 h 56 min en 2016, à l’âge de 85 ans, établissant ainsi un nouveau record du monde de la catégorie d’âge 85-90 ans.
Un autre marathonien arrivé sur le tard avait également fait le buzz il y a peu. Après avoir échoué pour quelques secondes dans sa tentative du record du monde de sa catégorie d’âge, l’américain Gene Dykes avait réussi à s’emparer du record du monde du marathon des plus de 70 ans pour 25 secondes en 2 h 54 min 23 secondes. Pour expliquer sa performance, Gene Dykes disait s’entraîner sérieusement depuis l’âge de 58 ans et avoir augmenté la qualité et la fréquence de ses séances depuis 5 ans.
Le record du monde du marathon des + 70 ans est désormais détenu par le néerlandais Jo Schoonbroodt auteur d’un 2 h 54 min 19 secondes à Visé en 2022.
Le trail a également ses super masters à l’image de l’italien Marco Olmo. Né en 1948, il commence à s’adonner à la course à pied à 27 ans avant de commencer à s’entraîner réellement à 33 ans.
C’est entre 50 et 60 ans qu’il remporte ensuite de nombreuses courses de prestige comme l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (2006, 2007), la Transgrancanaria (2008), le Desert Marathon (1998, 1999, 2000), la Desert Cup (2000, 2001, 2002 et 2003).
En 2016, à 67 ans, il fait encore parler de lui en remportant l’Ultra Bolivia Race, une course par étapes de 170 km, en 16 heures 44 minutes et 10 secondes, plus de 2 heures avant le second. Mais ce n’est pas tout ! En 2017, il remporte l’Ultra Africa Race (220 kms par étapes) à l’âge de 69 ans!
Pour conclure
Vous l’aurez donc compris, il n’y a dans l’absolu aucune limite à courir en compétition, toutes distances confondues, après 50 ans.
Il s’avère même que les coureurs les plus performants après 60 ans sont ceux qui ont commencé le plus tardivement ; grâce notamment à un corps qui n’a pas été sollicité par des décennies d’entraînement et de compétition ou marqué par des blessures à répétition.
Par Jérôme Sordello