Parmi les derniers records du monde battus ces derniers jours, celui de l’ougandais Jacob Kiplimo est sans doute le plus dingue.
Sur le semi de Barcelone, il fait exploser les 57’30 de Yomif Kejelcha (octobre 2024) : 56’42, 48s de moins ! Tout bonnement ahurissant, dingue…!
Sur l’Equipe.fr, on soulignait tout de même que le « double champion du monde de cross en titre et médaillé de bronze sur 10 000 m aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, Kiplimo avait déjà battu le record du monde de semi-marathon en 2021 en 57’31’ à Lisbonne« .
Cette nouvelle performance choque le milieu et nous laisse tous incrédule…
Des chiffres complètement fous
Dans un premier temps, les chiffres qui sortent sur le site de l’organisation ne sont pas les bons. Le chrono final est le bon, mais pas les temps de passage. On comprend plus tard qu’il y aurait eu des soucis avec les puces dossards.
Pierre-Jean Vazel, statisticien renommé, publie les temps corrigés, que voici :
- 5 km : 13’34 (13’34)
- 10 km : 26’46 (13’12)
- 15 km : 40’07 (13’21)
- 20 km : 53’42 (13’35)
- 21,1 km : 56’42
Un premier 10 km en 26’46 (meilleur que le record d’Europe en 26’52), 26’33 du 5 au 15è km… Alors que justement, sur le 10 km de Castello en Espagne, Kejelcha réalisait 29’31, 2è meilleure marque tout temps..
Pendant ce temps là, Kiplimo répétait presque deux fois l’effort… Rappelons aussi que le record du monde du 10 km route, a été réalisé en 2020 par Rhonex Kipruto en 26’24… Ce même athlète qui a été suspendu en 2023 pour défaut sur son passeport biologique…
Impossible de ne pas y penser…
Le spectre du dopage ressurgit lors des records du monde. La plupart du temps, on essaie de retrouver de la logique et une certaine progression quand on bat un record. Là, les termes sont plus forts que cela : explosé, pulvérisé… 48s de moins, soit plus de 2s de mieux par kilomètres.
Il faut dire dans un premier temps que les chaussures carbone ont bouleversé la façon de voir les performances, en les améliorant nettement.
Kiplimo a couru en Nike AlphaFly 3. Pour l’aider, il y avait le véhicule de l’organisation qui semble-t-il lui a bien fait profiter de l’aspiration. Mais il faut signaler aussi qu’il a quasiment couru seul tout le long !
Clairement, les progrès sur la nutrition en général et à l’effort sont aussi très importants, avec une précision quasi scientifique, qui rejoint les progrès en connaissance de l’entraînement et des soins.
Comment le dopage pourrait-il être absent des débats ? Surtout quand on sait que de ce côté là, on a toujours de l’avance sur la prévention.
Les affaires répétées dans cette zone de l’Afrique posent question dès qu’un record surgit, surtout avec cette marge-là. On perçoit factuellement une très grande facilité / fraîcheur à l’arrivée de Kiplimo, qui contraste avec les remontées gastriques qu’a eu l’italien Crippa (qui termine en 59’52).
On ne sait pas s’il faut croiser les doigts pour que ce record soit valide, ou s’il faut que l’on trouve vite ce qui aura pu clocher…
Par M.BERTOS / Image : FB World Athletics
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