Nous traversons une période particulière en athlétisme et en course à pied. « Un record est fait pour être battu », dit l’adage…
Des records, notamment les records mondiaux, représentent le plus haut degré de la performance humaine. Ils sont en théorie difficiles à battre … mais parfois, des « extraterrestres » font « sauter » des records en les dépassant nettement.
On pense par exemple aux 8m90 de Bob Beamon en longueur en 1968 (+ 55 cm) ou aux 9″58 d’Usain Bolt en 2009 qui ne sont même pas approchés. Ainsi, certains records tiennent des années, voir des décennies !
Autrement, ces performances sont peu fréquentes, et représentent donc un événement quand cela survient. On peut aussi rajouter les records dits « louches », comme dans les années 80 ou 90 avec le dopage de l’Europe de l’Est ou encore celui des chinoises en demi-fond et en fond. Ceux-là, aussi, tiennent ou ont tenu pendant des années.
Mais depuis 6/7 ans avec l’avènement des chaussures et pointes carbone, et notamment lors de ces dernières semaines et en quantités folles, les records du monde, d’Europe ou de France pleuvent et sont améliorés avec une marge importante.
A titre d’exemples, les tous récents 12’44 de Grant Fisher sur 5000 m indoor (-5s par rapport à Bekele) ou les 56’42 de Kiplimo sur semi-marathon (- 48s !). C’est une période sans précédents dans l’histoire de l’athlétisme, en termes de proportions, même s’il y a eu par exemples des coups d’accélérateurs avec le passage de la piste cendrée à la piste tartan, ou lors des nouvelles perches en fibre de verre).
Comment expliquer ce phénomène ? Seules les chaussures en carbone sont à mettre à leur crédit…?
Des facteurs multiples avec les dernières avancées
L’avancée des chaussures carbone a fait bondir les records, cela paraît peu contestable, même si les spécialistes diront que certains y répondent particulièrement bien, et d’autres moins. Souvent, on met plutôt en avant les nouvelles matières des semelles intermédiaires, qui soulagent des chocs et économisent beaucoup.
Avec le recul de 5/6/ 7 ans, on les exploite sans doute mieux, et la conception continue de progresser. Les pointes aussi ont bénéficié de ces apports.
On ne peut pas nier également que les techniques d’entraînement et de soins ont bien avancé aussi. Les coureurs font plus de bornes, sont mieux suivi au niveau des soins, ce qui fait supporter plus de charge et améliore la récupération.
On en sait plus sur le sommeil, la nutrition. Même la nutrition sportive, où l’on sait quelle quantité ingérer pour soutenir la performance. Les stages en altitude sont multipliés (et encore, certains y sont moins réceptifs) et les installations (comme au Kenya) sont plus confortables. Les centres d’altitude (comme à Font-Romeu) ajoutent à leurs atouts la simulation d’oxygénation en chambre hypoxiques.
Les conditions de course sur la piste par exemple, sont là aussi en net progrès. On pense à la « Wave-light », ces spots lumineux qui entourent le bord de piste et qui simulent le tempo visé (exemple, un record du monde). Les pistes de tartan ont sans doute aussi un rendement supérieur à celles d’il y a 20 ans.
Globalement, les pros sont de plus en plus professionnels et complets. D’ailleurs, cela entraîne aussi bon nombre d’amateurs à courir avec sérieux, et à mieux gérer les paramètres de performance. Une grande quantité d’entre eux, avec les informations, les moyens consacrés, les chaussures et autres atouts, se préparent de mieux en mieux.
Bref : tous les curseurs sont tirés vers le haut !
Quid du dopage ?
Si tout est porté vers le haut, aidé par la science, pourquoi le dopage ne bénéficierait pas lui non plus des avancées scientifiques et des recherches ?
Il ne faut pas oublier que la lutte anti-dopage a un coût financier très important et nécessite des spécialistes pour s’occuper aussi du sujet. Et, comme on dit, les « malfaiteurs » ont souvent un coup d’avance. Quelques semaines, quelques mois ou même plusieurs années après, on revient sur des faits et les affaires sont ré-étudiées.
Par exemple, le marcheur français Aurélien Quinion vient de récupérer une place de finaliste aux JO de Paris après la disqualification pour dopage d’un adversaire. A retardement, même si des affaires sont beaucoup plus longues.
On vient de découvrir dans le cyclisme du dopage au gaz (monoxyde de carbone). Qui nous dit que ce n’est pas aussi le cas en athlétisme ?
Quid du dopage génétique ? Des nombreux cas en Afrique de l’Est, notamment le Kenya…? Qu’en est-il au niveau amateur ? Rappelons les coûts engendrés pour ces contrôles, ce qui limite la lutte…
Conclure que le dopage n’a aucune part dans la progression continue voir fulgurante des records… Serait une utopie… Bien que le tout soit multifactoriel.
Par M.BERTOS / Image : Facebook World Athletics
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