Si la course à pied présente de multiples bénéfices pour ses pratiquants, son impact sur la santé et la vie quotidienne est de loin le plus important de ceux-là ; même après 50 ans.
Retarder les effets du vieillissement
Comment parler des catégories masters, qui plus est quand il s’agit des plus de 50 ans, sans parler du phénomène de vieillissement et de ses conséquences sur les différents systèmes physiologiques (voir encadré).
Si ces processus physiologiques liés au vieillissement sont irréversibles, courir après 50 ans permet tout de même de les ralentir.
Une vaste recherche à ce sujet (1) a pu observer que le vieillissement des cellules (plus particulièrement des télomères) des coureurs était 75% inférieur à celui des cellules d’une population comparative. Les télomères se situent à l’extrémité des séquences ADN et leur taille est un marqueur du vieillissement : elle diminue avec le temps et l’âge.
Hors, lors de cette étude, il s’avère que la taille des télomères a diminué de 40% chez les non coureurs et de seulement 10% chez les pratiquants.
Une autre recherche a confirmé récemment une plus grande longueur des télomères chez des masters dont l’âge moyen était de plus de 50 ans (51,62 ± 8,19 ans exactement) (2).
D’autres études (3,4) ont aussi observé que la pratique régulière de la course à pied ralentissait les effets du vieillissement en entretenant dans le temps l’équilibre et le contrôle postural et par conséquence directe la capacité des sujets à réaliser des activités quotidiennes comme marcher, s’habiller, se laver, se lever de leur chaise ou encore attraper des objets.
En plus de ralentir les processus du vieillissement, courir permet d’éliminer les effets délétères de l’inactivité. Si l’on regarde tout d’abord les modifications corporelles, une étude récente (5) menée sur 150 coureurs de 68 ans d’âge moyen a observé qu’il n’y avait aucune différence entre ceux qui s’entraînait depuis 30 ans et ceux qui avait commencé l’entraînement après 50 ans.
Les deux groupes présentaient un pourcentage de masse grasse inférieur de 17% et une masse maigre supérieure de 12% par rapport à des personnes sédentaires du même âge.
Prévenir et lutter contre les maladies
Ceci-dit, un des principaux intérêts de se mettre à la course à pied, même tardivement, regarde la prévention et la lutte contre les maladies.
En diminuant les taux de LDL ou mauvais cholestérol (qui obstrue les artères et la circulation du sang) et la concentration en triglycérides ; puis en augmentant le HDL ou bon cholestérol (qui chasse le mauvais cholestérol) ; la course à pied limite tout d’abord les pathologies comme l’artériosclérose, l’hypercholestérolémie ou les maladies coronariennes (6,7) et peut même inverser les effets de maladie cardio-vasculaire déjà existante.
Prenons le cas de l’hypertension artérielle qui touche près de 10 millions de personnes en France (65% des seniors) et représente un des facteurs de risque cardio-vasculaire les plus importants.
La pratique régulière de sports d’endurance permet un abaissement de 5 à 25mmHg de la pression artérielle systolique et de 5 à 15mmHg de la pression artérielle diastolique limitant ainsi les risques d’hypertension artérielle.
Par exemple, une étude longitudinale (8) portant sur 264 coureurs d’orientation (âge compris entre 35 et 59 ans) a observé que seuls 8,7% de ces derniers avaient eu recours à un traitement médicamenteux pour l’hypertension contre 27,8% (soit plus de 3 fois plus) dans le groupe contrôle.
Courir après 50 ans, c’est aussi faire un pas de plus dans la prévention des maladies immunitaires, des tumeurs ou cancers évolutifs, du diabète ou encore de l’ostéoporose.
Concernant cette dernière, les études ont démontré que de par les mouvements qu’elle induit et l’exposition à la gravité terrestre, la course à pied renforce la matrice osseuse des districts osseux qui supportent le poids corporel à savoir les os des membres inférieurs, du bassin ou encore de la colonne vertébrale ; ou tout du moins la maintient chez les coureurs dont l’âge est compris entre 40 et 80 ans (9).
Augmenter l’espérance de vie
Enfin, courir, c’est aussi rajouter des années à sa vie ! Si vous limitez le risque de développer les maladies, vous augmenterez mathématiquement votre espérance de vie.
Une étude danoise (10) présentée lors de la conférence EuroPRevent2012 a d’ailleurs quantifié cette augmentation de l’espérance de vie à + 6,2 ans pour les hommes et + 5,6 ans pour les femmes.
Les résultats de cette étude ont par ailleurs montré que dans la période de suivi d’une durée de 35 ans, 10158 décès avaient été enregistrés chez les non coureurs contre 122 décès seulement chez les coureurs. Une autre recherche de L’Ecole de Médecine de Stanford (11) a démontré elle aussi un allongement de la vie chez les coureurs ayant 50 ans et plus au début de l’étude.
Après 19 années de suivi, le taux de décès s’élevait à 15% chez les coureurs contre 34% chez un groupe comparatif de non coureurs.
Alors on s’y met ?!
Dans un prochain article, nous vous donnerons tous les conseils pour vous lancer !
Par Jérôme Sordello
Références
1-Osthus, Sgura, Berardinelli, Alsnes, Brønstad, Rehn, Støbakk, Hatle, Wisløff, Nauman. Telomere length and long-term endurance exercise : does exercise training affect biological age? A pilot study. PLoS One. 2012
2-Aguiar, Rosa, Sousa, Santos, Barbosa, Deus, Rosa, Andrade, Simões. Influence of Body Fat on Oxidative Stress and Telomere Length of Master Athletes. J Strength Cond Res. 2021
3-Chakravarty, Hubert, Lingala, Fries. reduced disability and mortality among aging runners : A 21-year longitudinal study. Archives of Internal Medicine. 2008
4-Taveira, de Lira, Andrade, Viana, Tanaka, Hill, Nikolaidis, Knechtle, Rosemann, Vancini. Isokinetic Muscle Strength and Postural Sway of Recreationally Active Older Adults vs. Master Road Runners. Front Physiol. 2021
5-Piasecki, Ireland, Piasecki, Deere, Hannam, Tobias, McPhee. Comparison of Muscle Function, Bone Mineral Density and Body Composition of Early Starting and Later Starting Older Masters Athletes. Front Physiol. 2019
6-Barnard, Grimditch, Wilmore. Physiological characteristics of sprint and endurance Masters runners. Med Sci Sports. Summer 1979
7-Williams. Walking and running produce similar reductions in cause-specific disease mortality in hypertensives. Hypertension. 2013
8-Hernelahti, Kujala, Kaprio, Karjalainen, Sarna. Hypertension in master endurance athletes. J Hypertens. 1998
9-Wiswell, Hawkins, Dreyer, Jaque. Maintenance of BMD in older male runners is independent of changes in training volume or VO(2)peak. J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2002
10-Etude Copenhagen City Heart. Données récoltées depuis 1976 sur 20.000 hommes et femmes âgés de 20 à 93 ans. Gentside Découvertes
11-Chakravarty, Hubert, Lingala, Fries. Reduced disability and mortality among aging runners : A 21-year longitudinal study. Archives of Internal Medicine. 2008
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