Vous l’avez tous constaté, et nous sommes nombreux à nous apitoyer sur ce fait : les dossards partent à une vitesse folle, et c’est du jamais vu !
Autrefois, ce phénomène concernait les très grands événements à succès (grands marathons, gros événement trail), mais depuis l’année dernière, nettement, ça s’est étendu aux organisations de tailles moyennes ou celles qui jouissent d’une bonne réputation.
Et il s’est accéléré en terme de timing : il faut seulement 5 min pour que plusieurs centaines de dossards s’envolent !
De plus, par confort et par soucis d’organisation, les événements ouvrent de plus en plus tôt les inscriptions.
Un constat malheureux fait par tous
Les dossards partent à la vitesse de l’éclair, tant et si bien que les sites et serveurs dédiés connaissent de graves problèmes de fonctionnement, pénalisant les malchanceux. Arriver au bout d’une procédure, devoir rafraîchir la page et apercevoir que les inscriptions sont closes… C’est extrêmement rageant.
Certains s’en amusent en disant qu’il est plus difficile de s’inscrire à un ultra, que de le terminer… Mais quand il s’agit de courses de moindre importance, qui en quelques jours font le plein, ça en devient énervant.
Parmi les réflexions qui prédominent, les coureurs se résolvent à pratiquer beaucoup plus les « sorties off » (entre copains, sans dossards), ou bien à se tourner beaucoup plus vers les courses de villages. Une façon aussi de « boycotter » les gros événements.
Se priver de compétition est difficile, mais on a bien vu que pendant le covid, par force, certes… c’est tout à fait envisageable.
La raison majeure : le PPS
Le Parcours Prévention Santé a été instauré à partir d’avril 2024, pour remplacer le certificat médical qui engorgeait pour pas grande chose les cabinets médicaux, mais qui n’était pas forcément « protecteur » en terme de santé.
Le PPS, qui est en fait un enchaînement de quelques minutes entre textes préventifs et vidéos d’informations, n’empêche plus personne de s’inscrire, là où un certificat médical était plus limitant (prise de rdv, falsification contrôlée, etc…).
Aujourd’hui, perdre 5 min sur le PPS n’étant pas contraignant, les vannes sont beaucoup plus ouvertes ! Et cela correspond bien dans le temps à cette nouveauté du PPS.
D’autres raisons
Bien entendu, ce n’est pas la seule raison. Les gros événements, accompagnés des méthodes marketing, ont su pousser depuis quelques temps les gens à s’inscrire plus tôt (ouverture des inscriptions 6, 8, 10 ou 11 mois à l’avance !), mettant aussi la pression avec une pénurie déjà annoncée.
Un phénomène comparable à l’essence : annoncer qu’il n’en reste plus beaucoup motive les conducteurs à vite faire le plein pour en avoir, en cas… Et bien les coureurs font de même : on ne s’inscrit plus, mais plutôt on « réserve » un dossard, même si on ne sait pas si on pourra y être, ou si on sera capable de s’y préparer.
Il faut dire aussi que le running continue son expansion, dans toutes les couches sociales. Le besoin de dépense physique, d’échapper au stress, le succès des trails et le retour de l’engouement pour les chronos sur route (d’autant plus que le nombre d’épreuves sur bitume est plutôt réduit), la pratique pour performer sur d’autres sports, le rapport temps / efficacité, les recommandations de l’OMS, le succès des Jeux…
Au final
Clairement, de plus en plus de monde court, et c’est une bonne chose.
La pratique en compétition s’avère en pâtir un peu, puisqu’aujourd’hui, plus de pratiquants s’inscrivent pour être de la fête ou pour se dépasser. Et les organisations ne peuvent accueillir toutes les demandes !
Espérons que les petits événements y gagnent, et que les grands ne deviennent pas à l’inverse plus exclusifs… Il restera toujours la possibilité de courir autour de chez soi ! Et pas forcément avec Strava.
Par M.BERTOS / Photo : Facebook Ville de Lille