L’athlétisme français, comme avec l’argent de Kevin Mayer à Tokyo (2021), ne ramène qu’une seule médaille à la France : celle de Cyrena-Samba Mayela, en argent aussi, sur le 100 m haies. La dernière médaille d’or est celle de Renaud Lavillenie à Londres en 2012.
Voir l’athlé si peu récompensée va engendrer un manque de reconnaissance du public, forcément. Alors qu’il y a tout de même des satisfactions et même des espoirs
L’athlé n’a pas tant la côte…
Pour être affirmatif, il faudrait bien sûr se pencher sur l’audimat de France télévision, lors des passages des athlètes français. Mais les réseaux sociaux permettent une première prise de « température ». Et il faut bien dire que les « spectateurs » n’étaient pas enthousiastes à l’idée de retrouver l’athlé en 2è semaine.
Alors que la France faisait un carton avec nos médaillés, on pouvait lire ci et là que, l’athlé français approchant, la cadence des médailles allait sérieusement ralentir. Ce qui signifie que, avec raison, l’athlé n’est pas pourvoyeur de médailles et de succès. Et ce fut le cas malheureusement.
Petit coup de gueule tout de même à propos du diffuseur : évidemment que face à un autre sport où une médaille se joue, l’athlé ne pèse pas lourd pour être diffusé. Mais si on ne diffuse pas non plus l’athlétisme, on ne fera pas naître des vocations.
Ainsi, on n’a jamais vu l’athlé aussi mal traité pendant des JO : coupure publicitaire en pleine course, qualifications et finale(s) non diffusée(s) alors qu’on avait des matches sans enjeux dans les sports co en face, séries voir finale rediffusées le lendemain…
Avec trois chaînes et des modalités de diffusion sur internet, les passionnés ont été scandalisés. Gros carton rouge ! Alors qu’avec Maryse Ewanjé-Épée et Stéphane Diagana, on a les meilleurs spécialistes possibles.
Cyrena nous sort du brouillard
Il aura fallu attendre le dernier jour pour voir sortir du brouillard Cyrena Samba-Mayela. Championne d’Europe du 100 m haies et championne du monde indoor du 60 m haies, elle exprime son talent au meilleur des moments, en finale olympique.
Un chrono excellent de 12″34, à seulement un centième de l’américaine Masai Russell ! Formidable. Elle s’installe doucement comme une des reines de la discipline.
Pourquoi si peu de réussite ?
Forcément, c’est une question que le DTN va devoir se poser. Y’a-t-il un souci dès la formation ? Fait-on assez d’athlé à l’école ? De manière plus pragmatique : est-ce que les modes de qualifications ont permis aux athlètes d’arriver en pic de forme ?
Avec la quasi nécessité d’être présent aux Europe et juste après aux France, avec des dates butoirs soit très tôt, soit tardives, avec des modes de qualifications souvent contestés par les athlètes eux-mêmes, il y a de quoi réfléchir. En point d’orgue, l’imbroglio total pour le marathon homme, avec Medhi Frère écarté tardivement pour des raisons de réglementation de localisation, et le forfait d’Amdouni à moins de 24h de l’épreuve (alors qu’on le savait embêté physiquement).
L’équipe de France a aussi connu quelques désagréments, avec des non-réussites : abandon de Schrub et de Mélissa Zarbo sur le 10 000m, élimination des trois steepleurs en série, Méline Rollin et Mélody Julien qui passent à côté sur marathon, Thibaut Collet éliminé en qualifications à la perche, Sasha Zohya éliminé en demi-finale sur 110 m haies, la bousculade (et la chute) du relais 4 x 400 m messieurs, élimination de Azzedine Habz en série sur 1500 m…
Bref, la liste est malheureusement assez longue.
Autre point à signaler : il y a un gouffre entre le niveau européen et le niveau mondial, si on rajoute des nations comme le Canada, les USA, le Japon, la Chine, l’Australie, ou encore les pays africains et les sprinters et sauteurs venus des îles.
Réussite et espoir
Alice Finot, 4è sur le 3000 m steeple, à deux doigts de l’exploit avec un finish de folie ! Elle bat le record d’Europe en signant le premier chrono du continent sous les 9′ : 8’58″67 !
Jimmy Gressier, 13è du 10 000 m… Seulement ? Certes oui, mais c’est bien significatif du niveau mondial sur des épreuves parmi les plus concurrentielles sur la planète. Surtout quand Jimmy bat le record de France, et devient le premier sous les 27 min : 26’58″67 !
Agathe Guillemot, toujours plus haut ! Il fallait déjà être au top de sa forme pour enchaîner les tours sur 1500 m, et se qualifier en finale. Elle réalise 3’56″69 en demie, record de France encore amélioré, et chrono de classe mondiale ! Son finish était un peu émoussé en finale, où elle termine 9è, mais quels JO !
Clément Ducos, la surprise du chef ! On ne l’avait presque pas vu venir. 4è de la finale du 400 m haies, derrière les monstres Benjamin, Warholm et Dos Santos. Et encore un chrono de 47″76 en finale. Il y a de l’espoir pour cet athlète de 23 ans !
Rénelle Lamote, top 5 ! Qualifiée en finale du 800 m sur une des épreuves les plus chaotiques, et un (gros) chrono de 1’58″19 en finale : elle aura tout donné ! Un résultat rare dans cette épreuve.
Louise Maraval, la pépite ! Elle s’est révélée ces derniers mois, en devenant juste avant les Jeux vice championne d’Europe du 400 m haie. De beaux Jeux aussi, avec une finale un peu moins réussie (8è) sans doute assez fatiguée aussi. Avec un chrono cette année de 53″71, elle va pouvoir espérer, derrière les immenses Sydney McLaughlin et Femke Bol. Le relais 4 x 400 femme termine 5è…
Gabriel Tual : demie déception, avec tout de même une année où il bat le record de France et devient le 5è perfomeur de tous les temps (1’41″61), passe tous les tours sans encombres, mais tente le tout pour le tout en finale, pour finir finalement 6è. Stratégie perdante. Mais des idées pour le futur !
Texte : Mathieu Bertos / Photos : KMSP (FB FFA)
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