Voilà près de 2 mois que l’athlète kényan est mort tragiquement dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans. Le détenteur du record du monde du marathon établit à Chicago le 8 octobre 2023 aurait dû s’apprêter à courir le marathon de Rotterdam ce week-end.
Lors de son record, Kiptum est devenu le premier athlète à franchir la barrière des 2 h 1 min sur marathon en s’imposant dans le temps de 2 h 00 min 35 sec, soit une amélioration de 34 secondes du record du monde d’Eliud Kipchoge établi un an plus tôt à Berlin.
Course à pied et aspiration
En se basant le déroulement de cette course et plus précisément du pacing, ou mieux encore du drafting, une étude a cherché à savoir quel aurait été le temps final de l’athlète dans des conditions de drafting optimales.
Pour rappel, il est démontré depuis longtemps que l’aérodynamisme peut être profitable pour le coureur à pied. Dès le début des années 70, une étude (1) a démontré que le fait de courir un mètre derrière un autre coureur diminuait de 80% la résistance du vent et de 6% la consommation d’oxygène pour un même effort à des vitesses de course égales ou supérieures à 18 km/h.
En terme de performance, cela équivaudrait à gagner 4 secondes au mile ou 2 secondes et demi au km (2) ; soit 105 sec sur la distance du marathon.
De Kipchoge à Kiptum
Lors de la première tentative du Breaking 2 le 6 mai 2017, le désormais ancien recordman du monde kenyan Eliud Kipchoge avait réussi à couvrir la distance du marathon en exactement 2 h 00 min 25 sec. Les différents experts avaient alors estimé que le drafting mis en place avec la présence de 18 pacers qui s’étaient relayés avait permis un gain évalué entre 89 et 111 secondes.
Lors de la deuxième tentative organisée le 12 octobre 2019 avec l’INEOS 1:59 Challenge, une formation de 7 meneurs d’allure disposés en forme de flèche inversée lui permet de passer sous la barrière des deux heures, avec un temps de 1 h59 min 40 sec.
Selon les calculs de l’ingénieur en génie mécanique Massimo Marro de l’École Centrale de Lyon qui a publié ses résultats dans le magazine spécialisé «Proceedings of the Royal Society A», le drafting mis en place à Vienne a divisé la résistance à l’air d’Eliud Kipchoge quasiment par deux pour un gain de temps estimé de trois minutes et 33 secondes par rapport à une course en solo.
Pour revenir à Kelvin Kiptum et son record du monde en 2 h 00 min 35 sec, le pacing et le drafting ont été loin d’être optimaux. Si cela avait été le cas, une étude (3) a estimé qu’il aurait pu réaliser 1 h 57 h 34 sec, soit 3 min de moins que le chrono réalisé et 215 sec de moins que l’ancien de record de Kipchoge.
Pour les auteurs de l’étude, il n’y a pas de doute. Un drafting optimal permettra à des athlètes élite de briser à nouveau la barrière des 2 h sur marathon.
Par Jérôme Sordello
Photo : (Wikipédia) 2023 TCS London Marathon – Elite men race – Kelvin Kiptum (3). Winner of the men race.
Références :
1- Pugh. The influence of wind resistance in running and walking and the mechanical efficiency of work against horizontal or vertical forces. Journal of Physiology. 1971
2-Davies. Effects of wind assistance and resistance on the forward motion of a runner. Journal of Applied Physiology. 1980
3-Fernandes, Maldonado. The sub 2-h marathon is at hand: how Kelvin Kiptum can use drafting to improve his impressive world record. Eur J Appl Physiol. 2024
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