C’est la lecture de « courir ou mourir » de Kilian Jornet qui nous a fait prendre conscience, à notre humble niveau, que même s’il a des capacités hors normes, il use de tactiques pour gagner : ne pas montrer ses faiblesses à ses adversaires, les observer, apprendre à les connaître, anticiper, accélérer au bon moment pour être certain de les laisser sur place, etc etc
Si tous les lecteurs de u-run ne courent pas pour la gagne, certains sont des athlètes de haut vol : Barbara Sanchez, Stéphane Puren, Fernand Pereira, Alexia Jacquot, Stéphanie Lefèvre, Jeremy Aubin et tout ceux qu’on ne peut pas citer, vous êtes trop nombreux !
Nous avons demandé à Mathieu Bertos quelles étaient selon lui les techniques pour gagner.
A lire pour s’en imprégner et à mettre en pratique, pourquoi pas.
« Il n’y a pas de formules magiques pour gagner. Il ne faut pas se leurrer, même pour battre un adversaire, gagner une course ou battre son record, il faut être entrainé ! »
Une citation illustre parfaitement le sujet du jour, elle nous vient d’Arthur Ashe (ex tennisman) :
« Une des clés du succès est la confiance en soi. Une des clés de la confiance en soi est la préparation. »
Et là, tout est dit, ou presque. Sans préparation, rien ne vient à soit. C’est à l’entrainement qu’on prépare les courses, qu’on obtient les moyens pour le réaliser.
Quand vous êtes entrainés, vous vous êtes donnés les moyens de le faire. Vous êtes donc confiant, il n’y à plus qu’à… en découdre!
Et le jour J, il ne faut pas en faire n’importe quoi!
Première chose : votre premier adversaire, c’est VOUS-MÊMES !
Le meilleur moyen d’optimiser une victoire, c’est de se concentrer sur vous. Si vous arrivez à gérer vos propres moyens, vous avez de grandes chances de les utiliser au bon moment pour battre quelqu’un.
Et bien souvent, il faut savoir être patient. Il est rare de partir en tête d’entrée, de faire la course devant et de gagner. Combien avez-vous vu de coureurs partir trop vite et craquer aussitôt, ou avoir une « explosion » en fin de course ? Cette tactique est plutôt réservée aux coureurs qui sont au dessus des autres, ce n’est pas le cas souvent, à moins qu’un champion se pointe sur une petite épreuve mais, à part pour faire un entrainement, aucun intérêt pour lui…
Il faut donc « étaler » toutes vos forces sur la durée de l’épreuve. On part raisonnablement vite, pour se placer vers la tête de course, mais il faut vite retrouver le rythme qui sera logiquement celui que vous adopterez tout le long, c’est à dire le « train ».
Une fois dans de bonnes dispositions, vous pouvez commencer à analyser vos adversaires
- Foulée
Il y’a des choses que l’on voit très vite. A la foulée, vous pouvez avoir une idée de la valeur du coureur. Il n’y a pas forcément de meilleures foulées: celui qui a une grande et belle foulée ne sera pas celui qui battra l’autre coureur à la foulée rasante. Mais, si vous remarquez une foulée « bruyante » au sol, qui tape par terre, c’est que la fatigue se fait sentir ou qu’il a perdu son dynamisme du début de course. En général, il ne tient pas sur la durée, ou il lâche dans les difficultés.
Souffle
Vous pouvez aussi écouter son souffle. Un souffle fort ou rapide n’est jamais bon signe, c’est que l’on est dans le rouge. Donc, toujours patience, si vous vous sentez bien, le temps va travailler pour vous.
- Visage
Au niveau du visage, à moins que ce ne soit évident, on ne voit pas toujours l’état de fraicheur. Certains ont des rictus, ou au contraire donnent une impression de facilité.
On ne se fie pas à ce critère en premier donc… Par contre, ce que l’on peut remarquer au niveau de la tête, ce sont des coups d’oeil donnés à droite ou à gauche. Là, vous pouvez vous dire qu’il n’est pas serein. Et si vous avez à rattraper quelqu’un devant vous qui se « retourne » régulièrement, ayez confiance, car lui il n’en a plus beaucoup !
En général cette attitude est signe que l’on se sent défaillir, ou qu’il ne nous reste plus beaucoup de gaz! Autre astuce : l’ombre du coureur. Eh oui, quelques fois en fonction du soleil, on peut remarquer l’ombre de notre poursuivant au sol. Cela vous donne un idée du petit écart qui se fait… Tout comme le bruit de ses pas, ou de son souffle.
Pas un regard pour le coureur que vous dépassez
L’erreur à ne pas faire : combler l’écart de suite. Car si vous l’avez rattrapé, vous vous êtes peut être grillé vous aussi. Si la décision peut se faire maintenant, une fois rattrapé, poursuivez votre effort, ne le regardez pas. En général, ça donne un coup au moral de l’adversaire. Si vous avez donné pour revenir, vous pouvez patienter et attendre le finish, si vous avez confiance en vous. Et si vous savez que vous êtes suffisamment solide pour le gagner !
Si vous vous retrouvez en tête, ne vous retournez pas! C’est ce que nous disions un peu plus haut : jeter des coups d’oeil en arrière, ça peut regonfler le moral du concurrent !
A la limite, vous pouvez le faire dans les derniers hectomètres pour contrôler l’écart que vous avez créé.
Si le sprint est inéluctable… ah, quel moment!! Deux choses : si ça se joue au tour de cuisse, bonne chance ! Il vous faut surtout un gros mental. Pensez à vos proches, à tous vos entrainements effectués, mettez tout ce que vous pouvez mentalement dans l’effort.
Bien que vous semblez être moins fort au sprint, tout n’est pas perdu. Un sprint, ce n’est pas forcément un 100m ou un 200m, ça peut être aussi un dernier kilomètre rapide, voire un dernier 800m ou un dernier 500m. Vous pouvez alors hausser sensiblement le rythme avant la fin, histoire de mettre assez tôt l’adversaire dans le rouge. Vous, vous pouvez tenir ça, peut être pas un effort violent de 20s, mais d’une minute ou plus, oui, alors tentez le coup !
Les tactiques de course en trail
En trail comme vous savez, on a tous des qualités différentes : un tel est fort dans les bosses, un autre dans les descentes, un autre dans les parties techniques ou roulantes…
Utilisez ces qualités en fonction du terrain ! Logiquement vous avez une idée du profil du parcours. Si la dernière bosse est assez tôt avant le final, accélérez le rythme maintenant pour créer un écart. De même dans une descente ! Si vous êtes fort sur le plat, serrez les dents, ce sera peut être votre tour dans le final pour vous exprimer, ayez confiance en vous!
Gagner une course, c’est possible. Chacun son niveau bien sûr ! Il faut être bien prêt, et se laisser la porte ouverte en se disant que ça pourrait être nous… Il faut donc miser dessus mentalement, utiliser ses propres armes aux bons moments, et cimenter tout cela d’une grosse motivation!
Bonne chance à tous, et surtout bon courage !