Quand on approche la quarantaine ou qu’on l’a dépassé, on sait et on sent que le corps envoie de plus en plus de signaux comme quoi le summum du potentiel physique commence à décliner.
Depuis un certain temps, la littérature scientifique l’a précisé, avec une baisse de la Vo2Max d’un côté et la sarcopénie (baisse de la masse et de la force musculaire) de l’autre.
Le maximum d’un athlète qui poursuit une carrière continue s’exprime autour de 26-30 ans. Le potentiel physique est exploité en concordance d’une expérience importante de son corps, des stratégies de réussite, et de la motivation.
Bien sûr, selon l’investissement, on continue à performer après, mais c’est aussi tempéré par la vie que mène le coureur (travail, famille…) et on ne mesure pas l’impact de la charge mentale sur la forme ou directement sur la santé.
Ne peut-on pas progresser après 40 ans ?
On peut continuer à performer ou même à progresser après 40 ans. Mais tout dépend du point d’où démarre le coureur. Si on passe d’une activité physique occasionnelle ou faible, à un entraînement progressif et constant, les résultats vont être forcément améliorés, même si les aptitudes physiques déclinent.
On peut donc progresser si le potentiel physique n’a pas été exploité au maximum, et si une usure (physique, mentale) due aux années de course n’est pas trop prononcée.
Aujourd’hui, les connaissances sont nombreuses sur les biais d’amélioration de la condition physique. L’entretien du corps, la musculature, la condition générale, se sont démocratisées avec les salles de sport et les divers outils de bien-être et de récupération que l’on connaît. On sait faire des bilans, cibler, corriger les faiblesses. Les outils techniques tels que les montres GPS / cardio permettent d’être précis, d’avoir une relecture des données.
Les chaussures modernes semblent avoir comme qualité de protéger des dégâts physiques liés aux chocs sur la durée, ce qui permettrait non pas d’aller forcément plus vite (plaques carbone) mais de maintenir un effort plus longtemps. Ayant moins de dommages musculaires, on repartirait à l’entraînement suivant moins traumatisé, et on pourrait cumuler plus de kilomètres.
Ceux qui ont des grandes performances tardivement sont souvent : soit des anciens athlètes élites qui poursuivent / maintiennent un niveau élevé, soit des coureurs au potentiel physique resté en « sommeil » pendant des années, et qui s’exprime donc plus tardivement, mais sans l’usure du nombre des années de pratique.
Pourquoi continue-t-on de repousser les limites après 40 ans…?
Le coureur à pied sent qu’il a plus de mal à maintenir son niveau, qu’il se blesse un peu plus souvent, et que de toute façon, il ne pourra sans doute plus atteindre les performances d’il y a quelques années. Mais pourquoi continue-t-il d’insister ?
Les catégories master, qui sont passées de tous les 10 ans à tous les 5 ans, permettent de relancer régulièrement la motivation de celui qui est compétiteur dans l’âme. On essaie de faire partie des meilleurs de cette tranche de 5 années, de continuer de faire des podiums.
Il y a aussi une motivation à tenir les plus jeunes, à continuer de se mêler à la bataille. Les autres, et notamment les plus jeunes, sont un levier à enclencher pour se dépasser.
Et puis, il faut le dire, faire de la compétition rend quelque part accroc au dépassement de soi. L’adrénaline de la compétition et des émotions qui sont liées ont comme un goût de reviens-y. C’est un fonctionnement qui est ancré depuis des années, avec lequel ces athlètes ont grandi.
40 ans, c’est aussi pour la plupart des humains le cap de la moitié de la vie. C’est une course philosophique, éternelle contre la mort. On nie l’échéance, on veut vivre jusqu’au bout. Exprimer son potentiel physique est grisant. Et même s’il est en baisse, atteindre la limite passionne toujours, et permet aussi de compenser tous les moments où il ne se sent pas bien, où la santé lui joue des tours.
On repousse les limites après 40 ans pour se sentir vivant !
Par M.Bertos
Laisser un commentaire