Les années 1980 ont vu l’Italie se placer tout en haut de l’échelle de l’athlétisme mondial et plus précisément du marathon.
D’Orlando Pizzolato à Stefano Baldini en passant par Gianni Poli et Gelindo Bordin pour ne citer qu’eux, l’école italienne du marathon a marqué de son empreinte l’histoire de cette épreuve et celle de la méthodologie de l’entraînement.
Aujourd’hui encore, elle fait partie de ce qui se fait de mieux à haut niveau dans la préparation au marathon !
Un peu d’histoire
L’école italienne du marathon a commencé à se dessiner dans les années 1970 avec l’intérêt toujours plus important porté aux courses sur route. La Fidal (Fédération Italienne d’Athlétisme) mise sur le marathon incitant ainsi les techniciens à étudier les méthodes d’entraînement spécifiques pour cette distance.
Parallèlement, des chercheurs et médecins tels que Enrico Arcelli et Francesco Conconi apportent les fondements scientifiques de la physiologie de la performance en endurance. Du croisement des données médicales et de l’expérience faîte sur le terrain naît l’école italienne du marathon.
L’année 1984 marque l’avènement des marathoniens italiens avec la deuxième place de Massimo Magnani au Marathon de Houston mais surtout la victoire d’Orlando Pizzolato lors du marathon de New-York. Ce dernier répétera son exploit l’année suivante avant de voir un autre italien, Gianni Poli, remporter l’édition 1986.
Cette même année, c’est Gelindo Bordin qui fait état de son talent en terminant 3ème à Boston avant de devenir champion d’Europe de la distance puis champion olympique à Seoul en 1988. Tous ces résultats ne sont pas dus seulement à une génération d’athlètes plus doués que les autres ; mais aussi et surtout à une génération de médecins et d’entraîneurs à l’origine d’une préparation plus scientifique et méthodologique du marathon.
D’autres triomphes tout aussi glorieux viendront confirmer l’excellence de l’école italienne du marathon, au masculin comme au féminin, avec par exemple l’historique triplé aux championnats d’Europe 1998, le sacre de Stefano Baldini aux JO d’Athènes 2004 ou encore la victoire de Daniele Meucci aux Championnats d’Europe 2014.
A l’école du « Professore » Luciano Gigliotti
S’il ne fallait citer qu’un entraîneur pour parler de l’école italienne du marathon, nul doute que ce serait Luciano Gigliotti. Ce dernier a réussi à mener deux athlètes différents, Gelindo Bordin et Stefano Baldini, sur le toit de l’Europe (1986, 1990, 1998, 2006) et de l’Olympe (Séoul 1988 et Athènes 2004).
Pour arriver à ces résultats-là, Luciano Gigliotti s’est appuyé sur une méthodologie de l’entraînement fruit de la recherche en physiologie et de l’expérience faîte sur le terrain qu’il a partagé dans son ouvrage « Mi chiamavano Professor Fatica » publié aux Editions Ediciclo Editore.
Il y détermine notamment 5 points fondamentaux de la préparation au marathon :
- le marathon est une discipline de type « extensive ». Autrement dit, la préparation doit comporter un important volume d’entraînement avec un minimum de 200-220 km par semaine pour un athlète de haut-niveau.
- le travail spécifique du marathon doit s’effectuer à une allure comprise entre –3% et +3% de l’allure objectif pour un volume global compris entre la moitié et les 2/3 de la distance du marathon.
- tout l’entraînement qui se fait à une allure au-delà de l’allure 3% plus rapide que l’allure spécifique marathon est considéré comme de l’entraînement complémentaire à l’entraînement spécifique. Il vise à soutenir la performance dans son caractère « intensif ».
- tout l’entraînement qui se fait à une allure au-delà de l’allure 3% plus lente que l’allure spécifique marathon est complémentaire et fondamental pour le caractère « extensif » de la performance ; et très important des points de vue mental, musculaire et mécanique.
- la capacité de produire, de tolérer et de recycler les lactates sanguins.
Dans un prochain article, nous parlerons la périodisation de l’entraînement vu par l’école italienne du marathon.
Par Jérôme Sordello / Photo : RUN 4 FFWPU
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