Comme vous le savez, et c’est un peu pareil pour tout : ce sont les excès qui ne sont pas bons ! Trop d’entraînement, trop de fête, pas assez de sommeil…
Même principe pour les chaussures de running, qui, vous le savez bien, ont un impact direct sur la santé. Et bien entendu, sur votre performance.
Ces excès ne sont pas bons quand ils dépassent ce à quoi vous êtes habitués. Les contraintes d’adaptation deviennent trop grandes, et sans progression.
Comme pour le minimalisme, à une époque
Et ce n’était pas il y a si longtemps que ça. Évidemment que de respecter au mieux les capacités naturelles du corps (pied au sol = pied à plat) fait sens. Baisser le drop des chaussures était une bonne idée. Encore faut-il y aller avec progressivité !
Qui se souvient du rush sur les chaussures à 5 doigts ? Preuve que le marketing peut aussi faire passer des messages qui ne vont pas avec l’aspect pratique des choses. Alors, attention également avec les chaussures actuelles qui peuvent être perchées à plus de 3 ou 4 cm ! Faites bien votre choix !
Et si on peut demander quelque chose aux fabricants : laisser le choix, dans vos gammes de produits, de rester sur des paires plus naturelles ou plus classiques.
Le changement d’habitude
Quand on baisse à un drop de 4 mm avec pour habitude du 10 mm, ou quand on passe à un modèle très fin : les données changent pour le corps, et pour le cerveau. Les paramètres « enregistrés » sont à revoir, et les tissus supportent des contraintes différentes qui peuvent provoquer inflammations et blessures.
Avec ces augmentations d’épaisseur de semelles, c’est la même chose ! C’est un changement d’habitude qui perturbe le lien pied > cerveau. Alors qu’il a l’habitude de « bien sentir » le sol, le nouveau référentiel (la semelle plus haute) perturbe ce lien et ce signal qui en découle.
Le pied est toujours « posé » sur la chaussure, mais la texture de la semelle (amorti, gommes etc) s’éloignant de celle du sol, les informations changent, et les contraintes sur les tendons, muscles et tissus peuvent augmenter. Cela provoque non seulement l’inconfort et le déplaisir, mais en plus, on peut se blesser !
En terme pratique
En terme pratique, ne pas bien sentir le sol peut nous rendre moins réactif quand une bosse, un caillou ou un trou se présente. On peut taper au sol, sur les racines, perdre l’équilibre.
Même au niveau de la stabilité : plus on s’éloigne du sol, plus on doit élargir la base pour garder cet équilibre. Deux problèmes : une chaussure dont la base est très large nous rend imprécis (en trail, vous comprenez bien la problématique…) ; et on ne peut pas indéfiniment augmenter la hauteur ou la base !
Percher l’appui en hauteur se fait en rajoutant de la matière. Elle est la plupart du temps très aérée, voir même molle, car si elle était dure, cela augmenterait très nettement le poids de la chaussure. C’est contre productif.
Souvent, pour compenser, on rajouter une plaque rigide ou carbone. Mais on est toujours dans l’ajout de matière, de hauteur, ou de poids. Ce gain de poids ne pourra pas indéfiniment se gagner sur l’empeigne de la chaussure. Donc, on tourne en rond.
Le but de la chaussure : protéger suffisamment et faire performer le coureur. On préserve la santé tout en recherchant la performance. On voit bien qu’en ajoutant de la hauteur, d’un point de vue pratique, c’est s’inventer des technologies là où il y en a peu besoin. Altérer l’appui, la foulée, reviendrai à mettre des contraintes au coureur. C’est ce qu’il se passe, au final, en parallèle à des prix qui s’envolent !
Que faudrait-il ?
Un juste milieu, et laisser le choix au coureur. Le choix lui laissera pour lui sa santé, ses habitudes gestuelles, et la nécessité de progressivité dans tous changements.
On peut faire des modèles protecteurs à moins de 30 mm de hauteur. Il faut doser la densité de matière, un mix entre rigidité et souplesse, avec un brin d’élasticité, mais pas trop.
Un excès d’amorti et d’effet élastique n’est pas naturel et allonge le temps d’appui, ce qui est totalement contre-productif au niveau de la performance, et qui peut aussi provoquer des blessures.
Il faut aussi garder des avant-pieds suffisamment proches du sol pour « sentir », réagir, ne pas avoir un pied qui s’enfonce trop dans la semelle, et ne pas rendre ce pied et sa structure moins forts qu’il ne le sont. Que ce soit d’un point de vue de santé et d’efficacité.
Un retour en arrière s’impose chez les fabricants. Quant à vous, coureurs, restez progressifs !
M.BERTOS / Images : Chicago RoadTrailrunner et RoadTrailRun
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