Quand on vient d’accomplir un objectif, on a besoin à la fois de repos physique, mais aussi mental, voir émotionnel.
Un grand objectif (marathon, ultra trail, mais aussi pourquoi pas un 10 km) combine plusieurs facteurs : logistique, financier, mental, et une quantité d’efforts dépensés qui nécessitent un temps pour savourer, se remettre, et tout simplement absorber tout ce qu’il vient de se passer.
C’est un peu pareil pour les membres d’une organisation et leurs bénévoles : le relâchement, après tant de pression pour offrir le meilleur aux coureurs, suit naturellement la tension qu’elle impliquait…
Pas le temps : il faut se projeter sur l’année suivante !
Deux jours après le Marathon de Valence, il fallait déjà se projeter sur 2024 : ce sera le 1er décembre l’an prochain. Les inscriptions sont ouvertes ! Certains coureurs, même pas remis de leur course, se sont déjà inscrits… Un an à l’avance. Moins de 2 mois après les Templiers, les inscriptions sont déjà ouvertes, et remplies pour la grande majorité !
Vite, vite, le coureur s’inscrit, sans même se projeter sur l’épreuve dans 10 mois, mais en étant sûr d’avoir « réservé » sa place. Au cas où, il faut avoir enregistré des alertes sur son téléphone. Plus d’état de tranquilité. Plus de repos. Et une autre alerte pour rappeler de lancer sa préparation…?
Que ferez-vous dans un an ?
Et demain matin ?…
Se dire que dans un an, on est sûr d’être au départ d’une course, relève de l’hypothèse. Il peut se passer tellement de choses en un an.
A commencer par des choses factuelles : blessure, santé, déménagement, changement de travail, stage professionnel, aide à un proche, réorganisation des vacances familiales, j’en passe, et des meilleures…
Et vos envies dans un an ? Est-ce que vous êtes sûr de vouloir faire ce trail de 35 km ? Sûr de savoir si votre blessure actuelle ne vous empêchera pas de courir un marathon ? Sûr de savoir si vos envies, pour quelle raison que ce soit, n’aient pas pris une tournure différente ?
La norme de devoir prévoir 6 moins ou un an à l’avance tient de la folie. L’être humain est toujours dans la projection, dans l’anticipation. Il doit savoir, il doit pouvoir faire. Faire, mais être ? Le moment présent est la nature même d’un état de joie et de connection à ce qui nous entoure.
Concernant le coureur, il peut jouir d’une fenêtre météo pour se lancer dans la campagne. Être dans l’instant, dans l’instinct surtout. Dans l’improvisation. Alors bien sûr, un marathon se prépare à l’avance, disons sans doute 3 mois.
Mais dans un an, vous savez si vous pouvez maîtriser vos envies futures, votre santé physique ?
On s’inscrit de plus en plus tôt
C’est un fait : on valide son dossard de plus en plus tôt. Autant sur de grands événements, d’un point de vue logistique et organisationnel, c’est compréhensible.
Mais sur des courses de moindre envergure, ça devient la même chose : pour un tral de 20 km qui fait 300 participants, vous pouvez avoir des inscriptions qui ouvrent en décembre, pour une course en juillet prochain.
Le problème, c’est que certaines organisations se sentent obligées de le faire, car la course voisine le fait déjà, et il ne faudrait pas manquer de coureurs à cause de ça.
Il y a un fait : au niveau des achats, des moyens matériels et humain, il faut prévoir d’avance. Mais quand on sait qu’à partir du moment où les inscriptions ouvrent, elles se remplissent en deux mois, deux journées, ou 2h, et qu’on arrête le nombre maximum d’inscrits, pourquoi ouvrir si tôt ?
Certaines courses ouvrent très tôt, mais se remplissent très tard. L’effet n’a donc que peu d’intérêt… D’autres ouvrent tôt, et instaurent des tarifs progressifs… Pour inciter à s’inscrire, mais aussi pour augmenter les tarifs et tenter de mieux couvrir les frais. Pas d’excuse si vous payez cher plus tard ! Il fallait le faire plus tôt…
Consciemment ou pas, on pousse le coureur à devenir consommateur (ce qu’il est en partie avec son matériel), et l’effet est quelque peu pervers.
Vive encore les courses qui ne pressent pas les coureurs, qu’elles soient de grande ou petite taille. Et pourquoi pas les dossards de dernière minute, avec le bulletin rempli sur la table 1h30 avant le départ !
Par M.BERTOS
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