Le renforcement musculaire est souvent avancé parmi les facteurs de prévention des blessures chez les athlètes d’endurance au point que 63,1% d’entre eux le pratiquent dans cet objectif.
Pour vous donner un indice de comparaison, 53,8% le pratiquent pour l’amélioration des performances.
Les principales pratiques regardent le gainage (70,2%), le renforcement musculaire traditionnel (62,5%) et l’entraînement de type pliométrique (35,1%).
Malheureusement, la majorité des études arrivent à la conclusion que le renforcement musculaire ne semble pas conférer une protection contre les blessures (1).
A titre d’exemple, une étude a évalué le risque de blessures chez des coureurs novices (moins de 2 ans d’expérience) qui ont été divisés en 3 groupes distincts :
- renforcement musculaire classique,
- renforcement musculaire fonctionnel,
- et stretching.
L’intervention a duré 8 semaines, à raison de 3 à 5 séances par semaine, suivie d’une période d’entretien de 4 mois. Sur les 129 coureurs, 52 se sont blessés : 21 dans le groupe « renforcement musculaire fonctionnel », 16 dans le groupe « renforcement musculaire classique » et 15 dans le groupe « stretching » (2).
Une autre étude récente portant sur des néo-marathoniens préparant le New York City Marathon a comparé les effets de 12 semaines de renforcement musculaire par rapport à l’absence de renforcement musculaire.
L’entraînement consistait en 10 minutes d’exercices ciblant les quadriceps, les fessiers et les abdominaux à raison de 3 sessions par semaine. Sur les 720 coureurs de l’étude, 583 sont arrivés au terme de la préparation. Ceux qui n’ont pas réussi à conclure le programme à cause d’une blessure provenait autant du groupe « renforcement musculaire » que du groupe « contrôle ».
En résumé, l’intégration d’exercices de renforcement musculaire ne prévient pas les blessures dans la préparation d’un premier marathon (3).
Plus récemment encore, une enquête en ligne a été menée auprès de 616 participants. Parmi eux, 84,4% avaient déjà connu une blessure dont 44,6% dans l’année qui venait de s’écouler. Aucune différence n’a été observée entre ceux qui pratiquaient le renforcement musculaire et ceux qui n’en faisaient pas.
Fait notable chez les pratiquants, la majorité des blessés ne ciblaient que les membres inférieurs délaissant ainsi le haut du corps.
Par Jérôme Sordello
Références
1-Blagrove, Brown, Howatson, and Hayes. Strength and conditioning habits of competitive distance runners. J Strength Cond Res. 2020
2-Baltich, Emery, Whittaker, Nigg. Running injuries in novice runners enrolled in different training interventions: a pilot randomized controlled trial. Scand J Med Sci Sports. 2017
3-Toresdahl, McElheny, Metzl, Ammerman, Chang, Kinderknecht. A Randomized Study of a Strength Training Program to Prevent Injuries in Runners of the New York City Marathon. Sports Health. Jan/Feb 2020
4-Stenerson, Melton, Bland, Ryan. Running-Related Overuse Injuries and Their Relationship with Run and Resistance Training Characteristics in Adult Recreational Runners: A Cross-Sectional Study. J Funct Morphol Kinesiol. 2023
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