La plateforme Strava connaît un succès immense, car elle fait à la fois office de réseau social de la course à pied (pour ce qui nous concerne), et de plateforme pour charger et voir (faire voir) ses séances à tout le monde.
Segments et records à battre, classements, félicitations via Kudos et commentaires, l’ergonomie et l’utilisation reste en partie gratuite et simple, et, surtout, permet à n’importe quelle marque de montre GPS et son appli de pouvoir charger ses séances à un même endroit.
Le succès étant tellement important, tous ces temps et ces données sont observées, mais surtout perçues comme « valides » et validées.
On aime à plaisanter : « si ce n’est pas sur Strava, ça n’existe pas« . Ce qui n’est tout simplement pas vrai, bien qu’on s’en amuse, puisque beaucoup de monde n’est pas sur Strava, ou ne souhaite pas rendre public ses entraînements, et parce qu’il faut avoir une lecture avec vraiment beaucoup de recul sur ce qui s’affiche…
Des entraînements à regarder avec prudence
D’une part, tout le monde n’est pas sur Strava, et d’autre part, tout le monde ne met pas TOUT sur les plateformes. Par oubli, parce qu’on ne mesure pas tout, ou par choix. Lire donc ponctuellement une séance et en tirer des conclusions sans qu’on puisse se pencher sur le reste, n’est donc qu’une partie de la vérité.
De cette idée d’ensemble, penchons nous sur le détail d’une sortie. Une sortie route de 12 km à 4’30 de moyenne, ou une sortie trail de 20 km avec 1250 m de dénivelé : ce sont des exemples de chiffres que l’on voit apparaître sur le fil d’actualité. Ils peuvent impressionner, mais n’expliquent ni le contenu de la sortie, ni les conditions, le terrain, la forme du coureur, etc. On ne sait pour l’instant pas grand chose.
En cliquant sur la sortie, l’idéal est d’espérer un détail de la séance expliquée, en plus, par le coureur. Là, déjà, on en saurait un peu plus. Car Strava détaille le tempo de chaque kilomètre, mais n’indique pas si à l’intérieur il y a eu accélération, à quelle vitesse et combien de temps (idem pour la récupération). Cette section d’un kilomètre indique un dénivelé : il n’indique pas s’il y a eu plusieurs montées, des descentes, ou si c’est fait d’un bloc…
bref, comment c’est réparti. On sait très bien que sur le terrain ça change tout. De même, on ne sait pas si le coureur a fait l’effort d’un trait, avec des pauses (pipi, photos, comme on en fait tous). Ces pauses qui permettent de récupérer, de baisser le cardio, d’endurer l’effort.
Bref, ce qui y est indiqué est vraiment très vague ! A donc regarder avec recul.
Des mesures et des « records » pas forcément fiables
Par le biais de la précision du GPS, de la technologie incluse et des mesures du dénivelé ou de la distance, il y a déjà un biais. Ces premières mesures sont donc projetées sur Strava, qui a sa propre plateforme pour traiter et retranscrire l’info. Il y a donc deux biais.
Comment peut-on être certains des mesures ? Le D+ prend-il bien chaque butte ? La distance d’un 10 km est-elle juste au mètre près ?
On est tous à vérifier les chiffres par rapport à ceux qui nous sont indiqués. Qui n’a pas déjà remarqué les 40 m ou 120 m de plus qui s’affichent à l’arrivée d’un 10 km ? Qui a raison ? Connaissez-vous les règles de mesure officielle…?
Sur les segments, qui peut être sûr que la précision est juste, ou que la personne n’a pas enregistré son temps avec le mauvais mode sportif ?
Exemple : des traces qui ne partent pas dans le bon chemin, sur le graphique. La mesure est-elle fiable ? Autre exemple : des segments records alors que vous avez tourné avant le bout du segment, et donc pris un autre chemin. Ce sont bien les preuves que des segments records peuvent être faux.
A vous d’être vrai avec vous-mêmes, et les autres…
On ne pourra pas empêcher à des coureurs de « truquer » leur explication, ou leur résultat. On ne peut pas empêcher quelqu’un de venir sprinter à fond sur un segment dans le seul but d’apparaître en haut de la liste, et s’attribuer une « mini-gloire » locale. On ne pourra pas empêcher que l’essentiel de la pratique soit perverti par quelqu’un ou par une technologie qui ne peut pas tout.
Tout ce fonctionnement et ces chiffres doivent être pris avec recul et prudence, mais aussi avec bienveillance, pour ne pas enfiler le costume du juge, de celui qui a raison. La seule vérité, c’est la vôtre, et la compétition : le premier a gagné, c’est le meilleur du jour et dans ce contexte là, le chrono et la distance sont les mêmes pour tous.
M.BERTOS
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