Pourquoi est-on devenus, globalement, allergique à la piste ?
Parce que ce n’est pas « fun » ? Parce que ça nous met face à nous-mêmes ?
La fiabilité du terrain
Le premier avantage que présente la piste, c’est d’offrir un terrain parfaitement plat et une mesure qui ne fait aucun doute.
Tous les chiffres et les segments dont vous pourrez douter sur Strava, ne pourront pas être remis en cause ici. Ce qui permet également de pouvoir faire un travail de grande qualité : pas de perte au niveau du sol, pas de pente, et le vent qui peut être tout autant dans le dos que de face sur un tour.
L’apprentissage des allures
A force d’habitude, vous saurez partir sur une fraction sans regarder votre montre tout du long. La répétition sur cette configuration mesurée par sections (tous les 100 m) permet d’ancrer aussi bien le temps qu’il vous faut pour tenir l’allure prévue, que la sensation physique à laquelle correspond ce temps.
Par exemple, même sur un trail, vous saurez quel est votre rythme sur un passage roulant. Imaginez une fin de course roulante, avec un concurrent à chercher devant vous. Si vous êtes à 15 km/h, vous saurez identifier ce 15 km/h en terme de sensation physique (comme un GPS interne) et vous saurez quelles chances vous avez de le rattraper en changeant de rythme.
L’habitude vous fera aussi connaître qu’à 6 min vous êtes à 10 km/h, qu’à 3’45 vous serez à 16 km/h etc… Connaître l’allure et la valeur précise de son effort est utile et important !
Le travail technique
Bien sûr, les gammes (montées de genoux, rebonds, talons-fesses etc…) participent à rendre le pied et la foulée efficaces.
Sur 10 km, la qualité de la foulée sera déterminante pour aller chercher les secondes. Sur marathon, vous pourrez sentir à quel moment votre foulée se dégrade, et vous coûte du temps. En trail, de la même façon, vous saurez que vous êtes serez moins efficace quand il vous manquera du pied, du tonus, car les sensations de proprioceptions seront différentes.
Et en ayant bossé sur la piste, vous pourrez vous rappeler que les notions de cadence et de placement pourront vous faire regagner en efficacité si vous vous remobilisez.
Les répétitions sur terrain régulier contribuent à ancrer à la fois les connaissances d’allure, la sensation qui correspond, et à vous rendre compte de l’intérêt d’une foulée plus efficace.
L’intérêt physiologique
En terme d’efficacité chimique et scientifique pure, la piste est comme un laboratoire. La puissance, la vitesse la consommation d’oxygène, tous ces paramètres se développent grâce à l’intensité des efforts que l’on peut y produire, sans l’interférence du terrain.
On peut à la fois faire un travail musculaire intense et efficace, et travailler les zones physiologiques précisément, qu’on appelle communément le seuil par exemple. La VMA, même en trail, va être un axe de progrès : si vous savez être rapide, c’est que vous avez une tonicité musculaire et un cardio capable de supporter des efforts importants. Il vous faudra en travailler d’autres, mais c’est bien un des axes de progrès.
La piste peut être fun, une fois par semaine, si on sait varier, s’amuser des allures et des récupérations, ressentir le bienfait d’un travail de placement ou d’allure. Les possibilités sont vraiment très grandes, et son efficacité donnera du peps à vos sorties sur route ou sentiers.
Comme toute envie de progrès, d’être au meilleur de soi, cela se fera en repoussant votre seuil de douleur. On n’a rien sans rien ! Mais on peut le faire avec intelligence, variété, amusement !
Par M.BERTOS