Ceux qui alimentent les polémiques sont souvent des coureurs sur route qui n’ont pas essayé le trail, ou des traileurs qui ne souhaitent pas mettre un pied sur la route.
Par principes préconçus, ou projection de leurs craintes ou de leur imagination.
D’ailleurs, on peut très bien avoir fait quelques essais dans « l’autre monde », puis finalement donner son avis personnel : « non, vraiment, ça ne me convient pas »…
Mais par ouverture, essayer, puis respecter ceux qui aiment, non ?
Ce qui pose globalement problème, c’est que les coureurs sur route se plaignent que le trail dilue le niveau des coureurs et fait baisser les performances. Du côté des traileurs, la route, c’est l’ennui ou l’obession de la performance.
On peut d’ores et déjà dire que personne n’a forcé personne à courir sur route ou sur les sentiers, et que c’est aussi une tendance actuelle de notre sport, et plus globalement de la société de se tourner vers la nature.
Comme à l’époque où on est sorti des stades pour courir dans les rues, et où on prenait les coureurs pour des gens farfelus et décalés.
Des disciplines qui se rejoignent et s’entrecroisent
On peut déjà indiquer que le trail n’en est plus à ses touts débuts, avec disons 25 ans d’âge, dont une bonne dizaine de croissance exponentielle.
Ainsi, comme le reste, il s’est modernisé : réseaux sociaux, teams, records à battre. Strava, entre autre, propose des repères à la concurrence, qui, voulant être le « boss » de son secteur, qui, voulant établir des records de vitesse.
Ainsi, il rejoint la route et la chasse aux minutes et aux secondes, à ce rapport au temps de référence. Est-ce forcément mauvais ? Non, si la performance est un défi pour soi, une quête personnel de se développer à travers sa pratique.
Oui, si le rapport aux autres est un problème d’égo cherchant à combler des failles intimes, se traduisant par des ressorts négatifs ou des dérives de triche ou de rapport matériel.
Ce qui fait « kiffer » la plupart d’entre nous, dans chacun des sports, c’est le mode d’expression de nous-mêmes qu’il nous permet, et les sensations qu’il procure. Dans le premier cas, ça ne se discute pas. Est-ce que le volley est une meilleure façon de s’exprimer que le triathlon ?
A chacun de s’orienter vers sa préférence. Dans le second cas, c’est un peu la même chose.
Des sensations positives similaires
Il faut juste admettre, avec ouverture, que la course sur route peut procurer des sensations aussi géniales qu’en trail, et vice versa.
Des exemples ? Le placement d’une foulée sur la route, ce côté aérien, la maîtrise de la cadence, la fluidité, la coordination avec le souffle…
Retrouve-t-on les mêmes critères en trail ? Absolument ! Le placement du corps du traileur dans une descente, cette impression de voler au dessus des cailloux, cette cadence nécessaire pour être réactif sur les passages techniques, coordonner ses gestes et son souffle…
D’une manière différente de faire, on retrouve tous ces petits attraits dans chacune des disciplines.
En plus, les spécialistes du trail, bien qu’ils n’aiment pas particulièrement courir sur du plat, savent qu’aujourd’hui à haut niveau, il faut savoir courir vite. Bien qu’il y ait de la marche, des ravitaillements, on en revient au fait que la Vo2max, les relances sur le plat, la tonicité que ça apporte.tout est nécessaire vers la recherche d’amélioration.
Qui, d’ailleurs, ne se présent pas sur un 10 km sur route ou un marathon pour améliorer ses conditions ou voir ce que ça donne ? A l’inverse, quel routier ne fait pas de séances de côtes, n’a pas participé à un trail chez lui, ne fait pas de l’endurance en nature, ou ne prend pas plaisir à courir en altitude et changer de surfaces ?
Conclusion
On ne peut pas nier que pour être performant, chaque discipline est spécifique, et se spécialiser est un pas nécessaire vers la performance.
Par contre, la variété empêche la lassitude et les nouveaux efforts créent de nouvelles adaptations. Globalement, on trouvera toujours des gens qui voudront performer, et d’autres qui se contenteront de « profiter », même avec un dossard, de courir en groupe, de prendre part à un événement.
Trail, ou route. L’un n’empêche pas l’autre, ne retire rien à l’autre.
Le rapport à son environnement ?
Est-ce que courir sur la route empêche d’avoir une conscience écologique ou de la vie sur terre ? Non, soyons sérieux. L’un comme l’autre, il est globalement possible de courir autour de chez soi. Il y a des sensibilités qui se développent en liaison avec de multiples facteurs.
La pratique de l’une ou de l’autre, aussi. Disons que le lieu géographique peut faciliter ou empêcher. Quand on a les moyens, plus tard, on choisit ce qui nous va le mieux.
Et rien n’est figé. Tout évolue ! Pour cela, restons ouvert…
M.BERTOS / Photo : Facebook Kilian Jornet
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