85% des athlètes d’endurance déclarent consommer du café tous les jours et près de la moitié (41,2%) le font plusieurs fois par jour.
Parmi ces derniers, 87,7% et 71,4% en prennent respectivement un dans l’heure précédent un entrainement ou une course.
Cela n’a rien d’étonnant quand on sait qu’en 2011, l’EFSA (European Food Safety Authority) a reconnu que la caféine pouvait constituer une aide ergogénique, autrement dit améliorer la capacité de performance, notamment pour les efforts d’endurance.
Comment la caféine augmente les performances ?
Il a été prouvé depuis longtemps que la caféine provoque une activation du système nerveux central, une meilleure utilisation des acides gras libres et/ou des triglycérides intramusculaires et éventuellement une amélioration de la fonction neuromusculaire et donc de la contraction musculaire.
Tout cela a pour conséquence d’améliorer les performances.
En effet, la grande majorité des recherches qui ont étudiées l’influence de la caféine sont arrivées à la conclusion que son ingestion avant ou pendant un effort permettait d’améliorer la performance en endurance de 1,1 à 1,9%; qu’il s’agisse du temps de course à une intensité donnée ou bien sur une distance donnée.
Et l’effet placebo dans tout ça ?
Ceci-dit, il semblerait que l’effet de la caféine soit lié non seulement à sa composition mais aussi à un certain effet placebo.
Par exemple, une expérimentation réalisée au travers d’un test d’effort à allure progressive a pu observer une amélioration du temps de course de 5% suite à l’ingestion de 4,5 mg/kg de caféine dans l’heure précédent le test (1).
Selon cette expérimentation, les augmentations du VO2Max, de la ventilation, de la fréquence cardiaque et des lactates sanguins expliqueraient pour 63% le gain obtenu. Les 37% restants seraient dus à l’effet placébo.
Autre exemple, une étude a mesuré les temps de course sur 1000m selon 4 modalités : information selon laquelle le sujet ingérait de la caféine/ingestion de caféine, information selon laquelle le sujet ingérait de la caféine/ingestion de placebo, information selon laquelle le sujet ingérait un placebo/ingestion de caféine, et information selon laquelle le sujet ingérait un placebo/ingestion de placebo.
Les résultats ont montré que les temps les plus rapides étaient obtenus durant les deux modalités selon lesquelles les participants pensaient qu’ils ingéraient de la caféine, que ce fut le cas ou non (2).
Plus récemment encore, une étude a comparé le temps de course sur une épreuve de 4 km entre un groupe de coureurs ayant ingéré de la caféine, entre un groupe de coureurs ayant ingéré un placebo une heure avant le test et un groupe contrôle.
Au résultat, le temps de course a été le même dans le groupe « caféine » et le groupe « placebo » (17.4 ± 1.4 ou 1.5 min) et moins important que le groupe « contrôle » (18.6 ± 2.8 min).
En résumé, les bénéfices de la caféine sur les performances en endurance sont en partie dus à son effet placebo.
Par Jérôme Sordello
Références :
1-Stadheim, Stensrud, Brage, Jensen. Caffeine Increases Exercise Performance, Maximal Oxygen Uptake, and Oxygen Deficit in Elite Male Endurance Athletes. Med Sci Sports Exerc. 2021
2-Hurst, Schipof-Godart, Hettinga, Roelands, Beedie. Improved 1000-m Running Performance and Pacing Strategy With Caffeine and Placebo : A Balanced Placebo Design Study. Int J Sports Physiol Perform. 2019
3-Rohloff, Souza, Ruiz-Moreno, Del Coso, Polito. Stimulus Expectancy and Stimulus Response of Caffeine on 4-km Running Performance: A Randomized, Double-blind, Placebo-controlled and Crossover Study. Int J Exerc Sci. 2022