Jacky qui tente de vous convaincre de faire du bénévolat vous livre maintenant le témoignage d’un président de club.
Ce président connaît bien les bénévoles et nous les présente tous. Il y a le forcé, le converti, le social, le « par habitude » et le bénévole heureux… lequel serez-vous ?
Le bénévolat au sein des clubs et des associations sportives
Le témoignage qui suit c’est monsieur Joël BOURGEAIS joggeur confirmé, mais surtout président du club de volley « volley ball de Torcy Marnes la Vallée » qui accepte de nous le donner il accentuera votre embarras du choix d’être bénévole croyez-moi.
Au cours de mes quelques années de bénévolat j’ai pu en tirer une typologie. Elle vaut ce qu’elle vaut et s’appuie essentiellement sur ceux que l’on rencontre dans le sport. Et là je parle de sport, pas de business ou de spectacle (PSG ?) mais bien des « petits » clubs qui ne font pas de coupe d’Europe mais qui, eux, font le boulot de base : brassage, détection, éducation.
Je ne sais pas trop ce qu’est un bénévole mais ce dont je suis certain c’est qu’il n’est pas une mouche ! Si l’on s’en tient au dicton, « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre », on peut extrapoler qu’en fait, si l’on veut être honnête, on ne peut promettre à la future victime qu’un mélange un peu aigre, sûr et piquant, du vinaigre quoi ! Ce n’est pas blood, sweat and tears mais des fois cela pique un peu les yeux !
Mais revenons-en à la typologie :
Au départ était le verbe, peut être, mais une chose de sûr, c’est qu’il y a deux types de bénévoles à l’origine, quoique le bénévole et le club, c’est comme la poule et l’œuf, quel est le premier ? J’en rajouterai un troisième, celui que j’attends avec impatience : le bénévole social.
- Le bénévole « forcé »
On l’a un petit peu tiré à nous parce que son gosse fait du sport dans notre club. Puisqu’il était là on en a profité et on lui a donné un peu de boulot.
Même s’il nous aide bien, ce n’est pas celui que je préfère, trop lié à son enfant et pas assez au sport, quand le petit zappe sur une autre discipline, il disparait avec.
- Le bénévole « converti »
Lui, il fait du sport, le même tant qu’à faire, avec nous. Peu à peu, avec les années, il se rend compte de tout ce qu’il faut accomplir pour faire vivre le club et souvent il nous rejoint. Il est plutôt jeune mais il est déjà pas mal pris par ses entrainements et la compétition. L’idéal c’est de le garder jusqu’à ce qu’il est des enfants qu’il mettra au club, qui deviendront des bénévoles, qui auront des enfants, qui …
- Le bénévole « social »
Il est à la retraite, il a fait ou pas le même sport que celui de votre club, et il ne veut pas se couper de toute activité. Il vient donc vous voir avec une certaine sérénité due à l’âge, parfois une grosse expérience administrative mais surtout avec des horaires compatibles avec les administrations et autres interlocuteurs des clubs. De plus, lui, il veut des réunions pour voir du monde ! Son seul problème ce sont ses vacances décalées et la garde régulière de ses petits-enfants. Avec le vieillissement de la population nous devrions en voir de plus en plus.
C’est une nouveauté puisque la génération précédente, en général, pensait que tout travail méritait salaire.
Puis au fil des années le bénévole, s’il est encore là, évolue. Nous rencontrons alors d’autres types :
- Le bénévole « d’habitude »
Il est là depuis longtemps, il participe aux réunions, mais plus à la vie du club, il a toujours quelque chose à dire et de temps en temps il s’investit d’une mission. Le côté agaçant c’est qu’avec lui les réunions s’éternisent car il nous demande si untel est encore au club, si truc joue toujours à ce poste, si machine a fait son deuxième. Il faut savoir l’utiliser, un peu, à sa juste valeur.
Le bénévole « fatigué et/ou aigri »
Celui là, tout le monde en connait au moins un ! Il en a marre de se débattre tout seul, ou presque, avec les tonnes de papier que nous imposent nos fédés en début de saison, avec les 26 pages de projets et bilans qu’il faut envoyer à la DDCS pour la semaine suivante pour quémander 500 euros, à gérer la réponse de celle-ci qui par un courrier en une ligne nous en attribue 200, mais nous demande 15 pages pour en justifier l’utilisation.
Il se demande s’il ne doit pas supprimer la section loisir de son club car malgré ce qu’on pourrait croire ce sont les pires, des consommateurs à l’état pur, irrespectueux de l’équipement, inconscient d’appartenir à une collectivité et bien sûr d’une exigence totale.
Il se fatigue d’envoyer 150 convocations à l’ Assemblée Générale et d’y réunir 15 personnes, de voir que le club de sa ville fait l’objet de toute l’attention de ses élus, que parfois tout fout le camp et que souvent ses pairs en profite pour appuyer encore un peu plus sur la tête, que ses week-ends sont à longueur d’année consacrés au stade que les parents des jeunes ont disparu et donc que vous vous sentez obligé d’éduquer leur rejeton, que …
Une fois, au bord de la démission, lors de mon rapport moral, j’ai rappelé aux gens que je n’étais pas président d’un club pour organiser leurs week-ends et loisirs. Réflexion mal venue puisque ceux qui étaient là se sentaient au moins un minimum concerné.
C’est paradoxalement le bénévole le plus nombreux mais en cours de disparition. Après 15 ans de présidence, je suis le plus vieux président en exercice dans ma ville de 23000 habitants comprenant une trentaine de clubs sportifs !
- Le bénévole « heureux »
Y a-t-il donc un bénévole heureux ?
Je le suis (devenu) la plupart du temps.
Pour deux raisons bien spécifiques. J’ai une famille qui partage la même passion et les mêmes points du vue. Et ça c’est très important
quand on ne se voit pas déjà beaucoup la semaine (merci la région parisienne) et que le week-end et le soir on doit repartir s’occuper du club.
Et puis au club je m’occupe des petits. Et eux ils ont les yeux qui brillent, rient quand ils gagnent et pleurent quand ils perdent, ou l’inverse. Et à mon avis ils sont la raison de notre engagement : « je ne suis pas président d’un club pour organiser les week-ends et loisirs des adhérents ». Ils sont l’attention et la finalité de tous les projets du club. Même les décisions tournées vers l’élite sont pour leur permettre d’accéder plus tard à un niveau intéressant et pas pour la gloriole du président.
Voila quelques réflexions sur le sujet.La difficulté avec eux c’est qu’ils disparaissent peu à peu et qu’on arrive à peine à combler les trous. Et même dans ce cas là, c’est extrêmement usant de gérer le turn-over et de réexpliquer tous les ans notre fonctionnement, nos contraintes, …
Et bien sûr du côté de nos multiples autorités de tutelle, le maître mot c’est professionnalisation !
Pour finir que peut-on faire pour eux ?
Nous peu de choses, les budgets sont de plus en plus serrés, à part ne pas les oublier quant on parle du club !
L’Etat a fait un petit pas en prenant en charge une partie de leurs frais sur les déclarations d’impôt.
L’UNSS essaie de valoriser les jeunes dirigeants.
Mais SANS EUX RIEN N’EST POSSIBLE !