J’ai toujours apprécié les athlètes qui durent dans le temps. Et c’est pour ça aussi que les lectures sur les carrières des coureurs, l’histoire du sport, est intéressante.
La performance ne se résume pas qu’à un exploit d’un jour ou de 4/5 ans. C’est aussi maintenir un niveau élevé sur de nombreuses années.
Avec l’addiction (la bigorexie ?) qui s’empare des coureurs dès qu’on dépasse ce seuil de douleurs au commencement de la pratique, on s’emballe par la suite et on est entraîné par des projets toujours plus fous.
Un cycle court de quelques années où les plus doués / les plus impliqués peuvent réaliser des exploits, et ensuite… ?
L’exemple de Nick Willis
Il y a des athlètes qui durent sur une, deux décennies à haut niveau. C’est le cas de Nick Willis, vous vous souvenez ? On vous en parlait il y a un an. Il vient de faire moins de 4 minutes au mile (1609 m). C’est à peu près un passage au 1000 m en 2’30.
Ce coureur est passé chaque année, de ses 18 à ses 38 ans, sous les 4 min au mile. Il a aussi à son palmarès sur 1500 m 2 médailles olympiques (5 participations) et une mondiale, sans compter ses nombreuses participations et finales.
Bien qu’avec un record sous les 3’30 au 1500m, ce qui est exceptionnel, cela ne fait pas partie des performances de pointe. Pourtant, courir moins de 4 min sur un Mile, chaque année pendant 20 ans, ça ne s’est jamais fait. C’est ce qu’il a réussi.
Des exemples, il y en a d’autres. On pourrait parler de Gebrselassie, de Kipchoge, Allyson Felix, et pourquoi pas plus près de chez nous Christelle Daunay…
Des coureurs masters, qui courent, à tous les niveaux, à plus de 70 ans, après avoir commencé à leurs 20 ans… Il y a moins d’exemple, dans les jeunes générations, de coureurs qui, débutant à leurs jeunes années, sont toujours motivés et attirés par la compétition et le maintien de leurs capacités passés leur 30, 40 ans.
Ce qui implique de durer
Vous allez me dire : la santé ? Bien sûr. Il faut avoir une part de chance, de génétique peut-être. Mais avoir un corps permettant de durer, et/ou de performer, ça se construit, ça s’entretient. Ça se répare malgré les blessures. Ça s’écoute aussi.
Pour durer, il ne faut jamais s’arrêter. Ça ne veut pas dire ne pas se reposer. Ça veut dire, années après années, maintenir ce cap, ce niveau de santé physique, cette forme. Accepter que ça fasse mal, mais maîtriser ça. Ne pas subir la douleur, savoir ce qu’elle coûte, ce qu’elle rapporte.
Avoir envie de s’entraîner. AIMER s’entraîner. Aimer courir, aimer cet effort, ces gestes, cette sensation. Il faut en réalité être passionné, profondément, par ce qu’on fait. Pas juste pour obtenir un résultat. Mais continuer malgré les blessures, la lassitude qui peut apparaître par moments, le temps qui passe…
Ça trouve sa source dans la passion de la course à pied, au-delà du chrono.
Alors, chapeau à tous ces athlètes, à tous ces passionnés. La performance, c’est AUSSI de durer.
Par Mathieu BERTOS / Photo : Photosport
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