« Oversize » veut dire « surdimensionné ». Les chaussures avec des dimensions imposantes ne sont pas nouvelles. Cela existe dans la mode par exemple, et dans le running, la marque Hoka s’en est fait la spécialiste.
Les semelles sont « surgonflées » pour avoir l’impression de courir sur un nuage. L’oversize, c’est donc l’apologie du confort, de la protection…
En tant que pratiquant depuis plus de 30 ans et de passionné de chaussures running, ça me pose question…
Nouvelle vague de l’oversize : l’exemple des plaques carbone
L’arrivée de la technologie des plaques carbone depuis maintenant 3/4 ans, et leur démocratisation depuis 2 ans, a posé un problème éthique : faut-il accueillir la technologie bras ouvert, au risque de dénaturer le côté originel et universel de la course ?
Ce débat fait encore rage, mais finalement accepté par les compétiteurs qui se doivent de combattre à armes égales, moyennant un prix qui va souvent du simple, au double.
Pour que cela soit efficace, les chaussures ont dû se percher sur des semelles de plus de 30/40 mm d’épaisseur, là où une « normale » est situé plutôt entre 15 et 25 mm. Le modèles plaques carbone détonnent par leur look surgonflé, mais aussi difforme, si on en juge par exemples les Nike Zoom AlphaFly Next%.
Mais il faut bien ça pour cacher dans la semelle une plaque en carbone, et l’entourer de mousse pour compenser la rigidité et adoucir les chocs. La combinaison est, cela dit, très efficace : on peut dire que l’on gagne 40s à 1 min sur 10 km, 1′ à 2 min sur semi-marathon, et plus ou moins 2 à 4 min sur marathon, selon son niveau et sa foulée.
Un bond en avant lunaire ! Il a d’ailleurs fallu réglementer tout ça, et le World Athletics (président Sebastian Coe en tête) a décrété que 40 mm serait la norme max en compétition. Parfait pour les marques, c’est juste ce qu’il faut pour ajouter cette technologie.
Une grande partie des modèles modifiés
Cette vague carbone a (malheureusement ?) modifié une bonne partie des modèles du marché, puisque si vous regardez la plupart des modèles, les semelles sont devenues après coup bien plus imposantes.
Là où 28 mm était déjà une bonne hauteur, on va allègrement sur 34, 38 mm, et ce même sans la technologie carbone et sur certains modèles bas ou milieu de gamme. Pourquoi ? Pour le bien du coureur, pour la performance…?
Si les plaques carbones sont efficaces, surdimensionner une semelle, même avec ces nouvelles mousses soufflées, est-elle utile ? Pour vendre des concepts, et faire monter les prix ? Si on se rappelle bien, Nike avait décidé, dans les années 70, qu’il fallait de l’amorti sous le talon… Cela ressemblerait à un retour en arrière.
Surtout si on se rappelle, à l’inverse, et c’est plutôt récent, la vague du minimalisme qui elle avait influencé dans le bon sens la réflexion des concepteurs : « on va alléger les chaussures, baisser le drop et leur faire gagner en mobilité ». Ça allait dans le sens de la performance ET de la santé du coureur.
A quoi s’attendre…?
Alors, est ce que on est sur une simple « mode », ou un changement radical ? Il reste encore des modèles classiques, mais beaucoup moins, et ce virage pris actuellement n’est pas très rassurant.
Patience…
Par Mathieu BERTOS / Photo : Facebook page Kipchoge