Ils l’ont fait ! L’ascension d’un 3000m d’altitude dans les Alpes avec une lame Hopper. Ils ont su repousser leurs limites et nous donner une véritable leçon de vie !
Michel, Luca, Sarah, Boris, Christophe et Jérôme ne sont pas tous athlètes. Ils ont d’ailleurs des profils bien différents, mais ont tout de même un point commun : ils sont tous les 6 amputés.
Avec ce projet « Objectif 3000 », l’idée était de faire gravir un sommet à 3000m, avec la lame Hopper, à 5 amputés de 19 à 64 ans et chacun en binôme avec des valides.
Après plusieurs mois d’organisation et grâce à un beau travail d’équipe, en synergie avec les partenaires investis, ce beau projet a pu se concrétiser de la meilleure des façons et offrir à ses participants, une aventure incroyable !
Un défi de taille auquel ont notamment participé Boris, ambassadeur i-Run, et Sarah, salariée i-Run. Ils ont pris le temps de répondre à mes questions pour nous raconter.
Sarah, Boris, pour commencer, pouvez-vous nous parler de vous et vous présenter à nos lecteurs ?
Boris :
Bonjour, je suis Boris alias Pied de Robot sur Instagram, ambassadeur i-Run.fr, Salomon et Hopper.
Je suis coureur de trail avec la particularité d’être amputé du pied gauche, je ne prétends pas faire des performances mais j’essaye de contribuer à montrer que c’est possible. Mon but est de pouvoir montrer l’étendue des possibilités pour les amputés en pratiquant le trail.
Sarah :
Bonjour, moi c’est Sarah j’ai 26 ans et je viens de Toulouse. J’ai été amputée l’année dernière au début de l’été en juin 2020, à cause d’un accident de voiture. J’ai passé plusieurs mois en rééducation et c’est à cette occasion que j’ai rencontré Boris. Mon prothésiste m’avait montrée son compte instagram en me disant “contacte-le tu verras il fait pleins de choses en étant amputé” !
Avant l’accident je courais deux fois par semaine. Après l’amputation, c’était vraiment important pour moi de réapprendre à courir et de pouvoir refaire toutes les activités que je pratiquais avant : la danse, la randonnée, le snow etc.
Boris m’a vraiment boostée pour que je continue le sport en sortant de mon centre de rééducation. Il m’a même initiée au crossfit le temps de quelques séances haha !
Aujourd’hui je travaille comme chargée de mission RSE, Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, chez i-Run.
Vous venez de participer à un superbe projet sportif. Pouvez-vous nous en parler et nous expliquer quel a été votre rôle dans tout ça ?
Boris :
Le but de ce projet, “Objectif 3000”, a été de rassembler 5 binômes composés d’un amputé membre inférieur et d’une personne valide et de leur faire faire une ascension d’un sommet situé à 3000m d’altitude dans les Alpes française.
Mon rôle était de les accompagner et de leur apporter mon aide en partageant ma connaissance de la lame en montagne.
Sarah :
Comme l’a expliqué Boris, le but de ce projet était de faire l’ascension d’un sommet à 3 000 m d’altitude avec une lame en carbone Hopper. Je faisais partie des 5 binômes, je suis amputée au niveau du tibia de la jambe droite. C’est encore Boris qui m’a embarquée dans cette aventure !
J’avais déjà eu l’occasion de refaire de la randonnée avec ma famille grâce au pied challenger (un pied multisport), mais pas sur de longues distances, et sur des chemins peu escarpés. Mon grand-père habite dans les Pyrénées à Luz Saint Sauveur et on a l’habitude d’y aller régulièrement. J’ai donc pu m’entrainer un peu mais ce n’était pas la même envergure que le projet 3000 et surtout, pas avec une lame !
Là le challenge était double : monter et descendre avec une lame sur une longue distance en franchissant des passages techniques.
i-Run était également partenaire du projet, je suis fière que mon entreprise soutienne ce genre d’initiatives. C’est d’ailleurs un des volet de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise de s’engager au profit de cause citoyenne, comme ici l’accessibilité au sport, à la randonnée pour les personnes amputées.
Ce projet est en total cohérence avec les valeurs que portent i-Run, comme le dépassement de soi et la combativité.
Aviez-vous déjà participé à un tel projet sportif qui permet à des amputés de vivre autant d’émotions et de le partager de cette façon avec des valides ? Comment ressort-on d’une telle expérience ?
Boris :
Pour ma part, je participe à des courses de trail et il y a que des valides! Participer à un projet où l’on est plusieurs amputés était donc très intéressant, pour la partage d’expérience, le soutien que les uns et les autres ont pu s’apporter.
Ensuite l’émotion était partagée entre tous, il y avait plus d’amputés ou de valides, il y avait une aventure humaine très forte.
Je suis ravi d’avoir co-organisé et participé à cet événement pour voir se créer de véritable “déclic”, des yeux qui brillent chez les participants. Voir en eux le champ du possible s’agrandir d’un seul coup!
Sarah :
Avant l’accident, j’avais eu l’occasion de monter un sommet à 4000 mètres d’altitude au Maroc, le Toubkhal. Ça avait été un gros effort pour moi mais une très belle expérience, j’étais fière de moi d’être arrivée au bout et de m’être dépassée. C’est une sensation précieuse le fait de se sentir capable.
Après l’amputation que j’ai subie, je recherchais à atteindre cette même sensation : me sentir capable d’aller au bout, de dépasser les limites que je m’étais mise dans la tête après l’accident. Comme dit Boris, ce projet a permis de relever le curseur d’un cran et d’ouvrir les possibles.
J’ai apprécié qu’on soit entre handi et valide. Finalement dans l’effort, on était tous unis. J’ai reçu beaucoup de conseils de la part de mon binôme qui m’ont vraiment aidée à prendre confiance et me sentir à l’aise. C’était super enrichissant de se retrouver avec d’autres amputés pour échanger sur nos expériences, nos ressentis… C’était un vrai moment de partage.
Et puis cette ascension était très symbolique pour moi. Cela faisait un an que je m’étais remise debout sur mes deux jambes, un an que j’avais chaussé la prothèse pour la première fois. Comme un air de revanche ! J’en suis ressortie plus confiante et j’aimerais transmettre cette confiance à tous les autres amputés qui se questionnent sur leurs capacités.
Aviez vous des doutes/ des craintes sur votre capacité (physique ou mentale) à atteindre l’objectif fixé ?
Boris :
J’avais fait la reconnaissance du parcours en tant qu’organisateur et responsable technique pour les amputés. Ce n’était pas si évident de définir la difficulté car nous avions des participants finalement assez différents de 19 ans à 64 ans. C’était le but d’avoir cette différence, comme avoir Sarah la seule fille, c’était aussi très important.
Sarah :
Je savais que j’arriverai au bout, je suis quelqu’un qui abandonne rarement. Par contre, j’avais peur de me blesser au moignon, de tomber à la descente, ou de ne pas réussir à marcher correctement avec la lame.
Mentalement je n’aurai jamais lâché, mais physiquement on ne sait jamais ce qui peut se passer. C’est là que le binôme a joué tout son rôle, la présence de mon prothésiste aussi, toutes ces choses m’ont permis d’être plus sereine.
Et puis bien-sûr Boris a été là pour nous montrer comment s’y prendre pour marcher avec une lame sur les pierres et dans les passages plus techniques !
Il y avait une vraie énergie dans le groupe, on voulait tous arriver en haut.
Comment avez-vous vécu l’ascension et comment avez-vous vécu l’arrivée au sommet ?
Boris :
Les 5 amputés ont été très impressionnants, ils se sont tout suite appropriés la lame alors que certains ne l’avaient jamais essayée. Et puis ils se sont lancés avec beaucoup de courage.
L’arrivée au sommet a été une belle émotion vécue tous ensemble. C’était la victoire d’un groupe et de belles valeurs portées tout là haut.
Sarah :
Finalement, j’ai réussi à m’approprier la lame et ses appuis. Elle est légère, restitue beaucoup d’énergie et la semelle s’agrippe bien. C’est vraiment pratique pour la montée. Je me suis sentie “agile” avec !
À la fin de l’ascension je ne parlais plus haha ! J’étais concentrée sur mes mouvements. En arrivant au sommet j’étais très émue. Je ne pensais pas l’être autant. Quel bonheur de se retrouver tous en haut, et de se regarder en se disant “on l’a fait” !! On s’est serré dans les bras. C’était un moment hors du temps.
Assise au sommet, j’ai beaucoup pensé à ma famille aussi, à mes parents, à mon frère, à mon papi qui habite dans les Pyrénées,qui seraient très fiers de me voir là.
Prêt à recommencer ? 😉
Boris :
Bien sûr que l’on va refaire ce style de projet ! D’ailleurs nous avons donné une suite avec Chloé (la kiné du groupe) pour apporter aux participants qui l’ont souhaité de pouvoir les suivre et continuer de les coacher pour aller plus loin dans leur parcours.
Sarah :
Carrément, et plus haut !
Bravo à toute l’équipe et merci à vous deux pour vos témoignages !
Par Sylvaine Cussot / Photos : Loic Bailliard – @loicppk