Jérôme Sordello a plusieurs cordes à son arc. Il entraîne, mais il s’entraîne aussi ! Athlète mais aussi triathlète, il a d’ailleurs déjà participé à des IronMan et prépare celui de Nice en juin prochain.
Le triathlon est une discipline difficile, exigeante, qui nécessite d’être performant dans 3 disciplines. et il en sait quelque chose !
Jérôme nous parle ici de ce magnifique sport et plus précisément de la problématique des « transitions ».
Le triathlon est un sport d’endurance qui consiste à enchaîner sans arrêt du chronomètre une épreuve de natation, de cyclisme et de course à pied le plus rapidement possible.
Un triathlon courte distance correspond à une durée d’effort de 2h15 pour un triathlète régional et 1h50 pour un sélectionné olympique. Par rapport à la durée totale de l’épreuve, la durée de la natation représente en moyenne 15%, la durée du vélo 55% et la durée de la course à pied 30%. Ces chiffres ne sont pas tout à fait exacts car une partie du temps total (environ 2%) est passée dans les aires de transitions. Constituant la spécificité du triathlon, les enchaînements consistent à passer de la natation au cyclisme et du cyclisme à la course à pied le plus rapidement possible.
Quelque soit la durée et la distance d’un triathlon, aucune de ses trois composantes ne peut être considérée indépendamment des deux autres. Plus le niveau de compétition augmente, c’est à dire plus le triathlon est rapide, plus les transitions jouent un rôle important dans la performance totale. Ceci est d’autant plus vrai actuellement sur les courses internationales telles que le Grand Prix Arena, le France Iron Tour, les Coupes et les Championnats d’Europe et du Monde ainsi que les Jeux Olympiques où le « drafting » est autorisé, c’est à dire où les triathlètes peuvent rouler en peloton. De part les déséquilibres physiologiques, biomécaniques et psychologiques qu’induit l’enchaînement de la natation, du cyclisme et de la course à pied, le triathlon ne peut être considéré comme la simple juxtaposition de ces trois disciplines. Afin d’être performant le triathlète doit s’adapter à ces déséquilibres le plus rapidement possible.
La spécificité de l’enchaînement
Par le double enchaînement qu’il propose et impose le triathlon génère une succession de déséquilibres physiologiques et mécaniques. Au cours de son effort, le triathlète va devoir lutter contre des paramètres physiologiques qui vont limiter sa performance physique :
- La dérive thermique : augmentation de la température centrale due à la déshydratation.
- La dérive cardiaque : augmentation de la fréquence cardiaque (FC) et diminution du volume d’éjection systolique (VES) en réponse entre autre à l’élévation de la température centrale.
- La dérive ventilatoire : augmentation de la fréquence ventilatoire due à une augmentation des dépenses énergétiques (VO2) et à la conservation de l’équilibre acido-basique (pH musculaire).
Des paramètres biomécaniques peuvent aussi limiter la performance. Il s’agit de :
- La dérive mécanique caractérisée par un rapport amplitude-fréquence qui n’est plus optimal.
- La dérive énergétique qui traduit une augmentation du coût énergétique en conséquence des dérives physiologiques et biomécanique précédentes.
Chacun des deux enchaînements répond à des lois physiques différentes et demande donc une adaptation spécifique.
La spécificité de l’enchaînement natation-cyclisme
Après avoir nagé 1500m, le triathlète doit sortir de l’eau et rejoindre son vélo au plus vite. Au cours de ce trajet dont la longueur varie de 200 à 800m, il doit passer de la tenue de nageur à la tenue de cycliste c’est à dire enlever ses lunettes, son bonnet, sa combinaison, mettre ses chaussures de vélo et son casque. Physiologiquement, cet enchaînement à plusieurs conséquences :
- Tout d’abord, l’équilibre du corps : le passage brutal de la position horizontale à la position verticale bipédique engendre une perturbation des centres équilibrateurs de l’organisme (oreille interne).
- Ensuite les adaptations respiratoires : quelque soit l’option respiratoire choisie dans la natation (respiration 2 ou 3 temps) le triathlète sera dans un état hypoventilatoire.
- Enfin les adaptations circulatoires : le retour à une position bipédique engendre une redistribution des débits sanguins vers les membres inférieurs. Sans entraînement, cela peut entraîner une perte de lucidité voir de conscience due à une mauvaise irrigation du cerveau.
L’enchaînement cyclisme-course à pied
A environ 1km de la fin du parcours cycliste, le triathlète entame sa deuxième transition. En effet, à ce moment il va enlever ses chaussures de vélo tout en continuant de rouler. Ensuite, en courant il va rejoindre son emplacement dans la parc à vélo où il aura préalablement positionné ses chaussures de course à pied. Il lui reste à enlever son casque et courir 10km. Techniquement on peut considérer que la deuxième transition s’arrête là. En revanche, selon une étude de Hue et al., (1998), d’un point de vue physiologique la deuxième transition s’arrête à la 7ème minute de course à pied. En effet, durant ce laps de temps ces auteurs ont relevé des différences physiologiques significatives par rapport aux premières minutes d’un 10km d’une épreuve de course à pied couru à même allure. Du fait qu’elle est précédée d’une épreuve de natation et de cyclisme, la course à pied du triathlon débute dans un état de fatigue préalable qui lui est spécifique tendant à diminuer la performance. En fait les épreuves précédentes entraînent une série de changements pouvant bouleverser la course à pied.
- Au niveau de l’équilibre dynamique du corps, le triathlète passe d’une position portée recroquevillée sur lui même à la station debout dite « en pesanteur réelle » dans le jargon triathlètique. Ses pieds reprenant contact avec le sol, il sera important qu’il retrouve rapidement des sensations kinesthésiques au niveau plantaire pour avoir un bon placement et une foulée efficace.
- Au niveau ventilatoire, la course à pied enchaînée après le cyclisme se caractérise par une augmentation significative de la ventilation , notamment pendant les premières minutes de l’enchaînement lorsqu’on la compare à la course à pied seule (Hue et al., 1998).
- De plus, le coût énergétique de la course à pied est augmenté lors d’un triathlon. Ce phénomène peut être attribué à des modifications biomécaniques entraînant une détérioration de la technique de course à pied (Williams et Cavanagh, 1987). L’étude de Millet et al., (1997) met également en évidence l’influence du niveau de pratique sur les modifications de foulée. C’est à dire que selon cet auteur, l’entraînement spécifique pourrait diminuer le coût énergétique de la course à pied d’un triathlon.
Cette dernière remarque met l’accent sur le fait que toutes les perturbations que nous venons de voir peuvent être apprivoisées par un travail spécifique des enchaînements lors de l’entraînement !
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Jérôme Sordello